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COP 17 / Allocution du Président gabonais Ali Bongo Ondimba

A l’ occasion de la 17ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique de Durban (Afrique du sud), le Président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba a prononcé une allocution que GABONEWS vous offre en intégralité :

Excellence Monsieur le Président de la République d’Afrique du Sud,

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,

Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Excellence Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,

Distingués délégués,

Le Gabon est heureux de prendre part à cette 17e conférence des parties et je voudrais féliciter le Président Jacob ZUMA d’avoir bien voulu accueillir cette importante rencontre.

Se pencher sur l’avenir de notre planète doit être un moment de profonde introspection sur notre responsabilité, notre ambition et notre action collective pour prévenir le changement climatique.

Ca fait presque 20 ans qu’on s’est retrouvé lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, et le Protocole de Kyoto a été mis en route depuis 15 ans. Les difficultés rencontrées à ce jour montrent que notre système de négociation a besoin d’être réformé pour l’adapter à l’ampleur des problèmes que pose le changement climatique.

Mesdames et Messieurs,

Le changement climatique est devenu un enjeu politique, géostratégique, de paix et de sécurité pour notre planète, en même temps qu’il présente des défis économiques et sociaux majeurs.

L’évolution du climat de la planète nous impose de réorienter nos choix économiques, nos choix technologiques et de modifier nos comportements de consommation. Il nous faut aussi redessiner les valeurs de solidarité, entre les Etats, entre les peuples et entre les générations.

L’inaction actuelle transforme déjà les conséquences du changement climatique en désastre humain. Au Gabon, nous en subissons quotidiennement les conséquences néfastes. L’érosion sur nos 800 kilomètres de côte provoque la destruction d’infrastructures et d’habitats. Cette situation qui s’aggrave jour après jour est devenue une profonde source de préoccupation de mes concitoyens.

En effet, c’est plus de la moitié de la population et près de trois quarts de l’activité économique du pays qui sont menacés.

Notre capitale économique est régulièrement sous les eaux du fait de la montée du niveau de la mer. C’est pourquoi, une étude d’envergure en cours de finalisation, doit permettre d’élaborer un plan d’adaptation à la hauteur des enjeux.

Excellence, Mesdames, Messieurs,

La lutte contre les changements n’est plus un choix. Elle impose un engagement de la part de chacun d’entre nous. C’est la raison pour laquelle, je voudrais ici témoigner de ce que mon pays fait pour lutter contre le changement climatique.

L’Afrique qui a vu naître l’Humanité, ne doit pas être, ici à Durban, le cimetière des espoirs des populations du monde qui espèrent, conférence après conférence, qu’on leur apporte des solutions pour un monde meilleur.

Pour cela, il nous faut des actions concrètes, justes, généreuses et efficaces. Celles-ci doivent nécessairement s’ancrer dans une nouvelle période d’engagement, où chacun d’entre nous devra prendre ses responsabilités au regard de ses circonstances nationales.

Ces actions interpellent ceux qui ont la responsabilité historique dans ce problème planétaire et qui en ont tiré des avantages pour leur développement.

Elles sont aussi l’affaire de ceux que la Nature a dotés de ressources naturelles qui peuvent avoir un impact positif ou négatif sur le climat.

Parce que d’autres subissent, impuissants, les conséquences néfastes de ce changement climatique, Ils ont besoin que des efforts soient faits ; et je pense particulièrement aux pays du Sahel et aux Etats insulaires.

Excellence, Mesdames, Messieurs,

En 2009, j’ai été élu Président en proposant à mes concitoyens une vision, celle d’un Gabon émergent.

Cette vision s’appuie sur une stratégie qui permettra d’accroître le PIB du Gabon de 11 milliards de dollars US à plus de 20 milliards de dollars US d’ici à 2025. Pour le faire dans une logique rationnelle et durable, il nous faut désormais transformer localement nos matières premières, afin d’augmenter nos revenus tout en optimisant l’utilisation des ressources naturelles.

Notre ambition est aussi et d’abord d’élever l’indice de développement humain du Gabon en adéquation avec nos richesses et les attentes légitimes de mes compatriotes.

Ma participation à la conférence de Copenhague m’a amené à adapter ce programme de développement aux enjeux du changement climatique.

Aussi, avais-je promis au cours de cette conférence, que le Gabon formulerait son plan national de lutte contre les changements climatiques.

Pour ce faire, j’ai Conseil National Climat, que j’ai placé sous mon autorité directe.

Ce plan national nous permettra non seulement de maîtriser nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de réduire et de prévenir les risques liés à la vulnérabilité de notre territoire.

Ce plan me permettra au nom du peuple gabonais de prendre des engagements concrets et durables au nom du peuple gabonais pour luter contre les changements climatiques.

Recouvert par 88% de son territoire, le Gabon totalise 23,7 millions d’hectares de forêts qui sont gérés d’une manière durable et responsable. Notre politique forestière initiée dès 2001 a permis de réduire de plus de 60% notre taux de déforestation, le situant aujourd’hui autour de 0,010% par an.

Différentes études réalisées au Gabon montrent que ce sont près de 450 millions de tonnes d’émissions de CO2 qui ont été évitées depuis 2000, grâce à la réduction de la déforestation et la dégradation des forêts dans les concessions certifiées, ainsi que par la création d’aires protégées.

Ces chiffres montrent à eux seuls que la Communauté internationale peut faire confiance aux pays forestiers pour la gestion de leurs forêts, considérées de plus en plus comme des biens de l’Humanité, notion que nous agréons, car il s’agit avant tout de nos vies, de notre développement, et surtout de l’avenir de nos enfants.

Dans cet esprit, pour exprimer notre solidarité envers les pays du Sahel, nous avons décidé de lancer une étude d’envergure sur la transformation des déchets forestiers pour la fabrication de bois de chauffe avec pour objectif la régénération des forêts soudano – sahélienne.
Il est de notre responsabilité commune de préserver nos forêts. J’ai été élu par le peuple gabonais sur la base de mon engagement à élaborer un nouveau modèle économique qui intègre dans le concept « Gabon Vert » le moyen de luter contre le changement climatique.

Cette politique, nous allons la poursuivre et l’améliorer par la mise en œuvre d’un plan d’affectation des terres, mécanisme qui à nos yeux, nous permettra de nous engager à long terme pour maîtriser la déforestation. En effet, notre territoire principalement recouvert de forêts, nous oblige à rationaliser et à optimiser l’utilisation de ces terres.
Ce plan sera disponible à la fin de l’année 2012. Il devra prendre en compte tous les besoins en terres liés au développement de l’agriculture, de l’exploitation minière, des infrastructures et de l’habitat. Les terres attribuées aux différents secteurs d’activités seront alors protégées par des textes de loi, de la même manière que nous l’avons fait pour nos parcs nationaux.

En outre, ce plan est l’occasion pour nous de créer un fonds foncier pour les générations futures.

Pour suivre la mise en œuvre de toutes ces actions, le Gabon s’est doté, avec l’appui des partenaires que sont la Brésil et le France, d’une station d’acquisition d’images satellites pour la surveillance forestière et environnementale. Plus d’une vingtaine de pays d’Afrique pourront ainsi bénéficier d’un accès libre aux images de leur territoire.

Pays forestier, le Gabon est aussi producteur de pétrole. Le torchage des gaz est la deuxième source après la forêt, d’émission de gaz à effet de serre au Gabon.

Le Plan national de réduction des gaz torchés vient d’être adopté en totale collaboration avec les opérateurs de ce secteur. Ils se sont engagés à réduire d’ici à 2015, 60% du volume de gaz brûlés, soit plus de 2 millions de tonnes de CO2 évités par an. Ces gaz seront désormais valorisés en électricité et en engrais.

A l’horizon 2020, 80% de l’énergie produite au Gabon sera de l’énergie propre, basée sur l’hydroélectricité. Deux nouveaux barrages sont déjà en construction.

Pour assurer la pérennité de notre démarche nous allons promouvoir le civisme écologique et renforcer le dispositif institutionnel et réglementaire.

Dès l’année prochaine, je ferais en sorte que l’administration gabonaise traduise ces options stratégiques sur le terrain en créant des structures adaptées à cet effet.

Ainsi, chaque administration publique, chaque entreprise privée, publiera tous les ans son bilan carbone. De même l’impact sur le Climat de tous les projets de développement devra être évalué. A l’échelle internationale, le Gabon publiera tous les deux ans sa communication nationale.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

S’engager dans une politique de développement sobre en carbone est pour nous un acte de responsabilité partagée, un acte de solidarité collective. Nous avons pris cet engagement de manière rationnelle. Il est fondé sur des études qui nous ont permis d’élaborer le plan d’action climat.

La lutte contre les changements climatiques requiert une détermination sans faille. Je suis venu ici vous dire ce que mon pays est en train de faire au moment que l’avenir de la planète est en jeu. Sans engagements forts de notre part à tous, ce siècle sera engagé dans un spirale de pauvreté et de souffrance.

Ce n’est pas un futur acceptable pour nos enfants. Le temps est venu maintenant d’avoir une action collective et de saisir l’opportunité de gérer sagement l’avenir.

Nous ne pouvons compromettre le futur de l’humanité : il n’y a pas de « Plan B ».

Je vous remercie.

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