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Moncef Marzouki s’engage à être le président de tous les Tunisiens

Au lendemain de son élection par une forte majorité de l’assemblée nationale constituante (ANC) à la magistrature suprême, le nouveau président tunisien Moncef Marzouki s’est engagé mardi à être « le président de tous les Tunisiens », après avoir prêté serment la main sur le coran.

« Nous vivons un tournant dans l’histoire de la Tunisie », a-t-il lancé, en insistant sur l’impératif de rompre avec le système « dictatorial » précédent dont il a longuement énuméré les dépassements. Il en a dénoncé la politique oppressive, la torture, les procès politiques, l’emprisonnement de dizaines de milliers d’opposants et d’islamistes, la corruption, l’atteinte à l’identité arabo-musulmane du pays.

Dans sa première adresse à la nation retransmise en direct par la télévision nationale prononcée lors d’une séance extraordinaire de l’assemblée, l’ancien opposant notoire de Ben Ali s’est voulu rassurant à l’endroit de l’opposition qui a voté blanc. Celle-ci nourrissait des appréhensions face à ce qu’elle considère comme une concentration des pouvoirs aux mains du futur chef du gouvernement qui devrait être l’islamiste Hamadi Jebali, au détriment du chef de l’Etat. Elle protestait aussi contre la non délimitation de la durée du mandat de la Constituante initialement prévu pour un an.

L’ANC a pour mission essentielle d’élaborer une nouvelle Constitution qui doit conduire à terme à des élections générales.

Moncef Marzouki a assuré qu’il mènera des concertations aussi bien avec le gouvernement qu’avec l’opposition qu’il a invitée à « faire preuve de fair play et de proposer des solutions » aux problèmes qui se posent.

En militant ardent des droits de l’Homme, Moncef Marzouki s’est fixé pour objectif « d’asseoir les fondements d’une République civile et démocratique » qui garantit aux Tunisiens le droit à l’emploi, à l’enseignement, à la santé et « tous les droits de la femme, notamment à l’égalité » avec les hommes.

A l’instar du président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, il a tenu à rendre un hommage appuyé à son prédécesseur Fouad Mébazzaâ et au Premier ministre sortant Béji Caïd Essebsi pour avoir conduit le pays aux « premières élections démocratiques » en Tunisie, ainsi qu’à l’armée et au corps de la sécurité pour leur « loyauté ».

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des défis énormes » qui nécessitent « des décisions audacieuses », a-t-il déclaré sur un ton résolu. Il a cité les « réformes urgentes » que nécessite une situation socio-économique préoccupante dont, en premier lieu, la création du plus grand nombre d’emploi possible pour atténuer l’acuité du problème du chômage qui affecte plus de 700.000 jeunes dont quelque 200.000 diplômés du supérieur.

Son programme prévoit également d’encourager les investissements « loin de toute exploitation », de rétablir l’équilibre entre les régions développées et celles démunies et de conforter l’identité arabo-musulmane, s’agissant notamment de « protéger les femmes voilées ».

Pour « réaliser les objectifs de la révolution », il a invité les Tunisiens à « faire preuve de patience » et ne pas exiger des solutions immédiates.

« Les Tunisiens ont prouvé au monde qu’ils étaient un peuple civilisé et qu’ils ont les compétences et les ressources de relever tous les défis », a-t-il insisté.

Selon lui, « le monde arabe observe l’expérience tunisienne dont le succès servira de modèle et l’échec aura des répercussions négatives ».

Il a terminé en s’inclinant, les larmes aux yeux, à la mémoire « des jeunes tunisiens qui sont tombés sous les balles pendant la révolution pacifique » qui a fait chuter le régime répressif de Ben Ali. « Sans le sacrifice des martyrs de la révolution, je ne serais pas là », a-t-il lâché, la gorge serrée par l’émotion.

Le nouveau président devait ensuite se rendre au palais de Carthage, dans la banlieue nord de Tunis, pour y prendre ses quartiers lors d’une cérémonie de passation des pouvoirs avec le président intérimaire sortant Fouad Mébazzaâ.

Il devait avoir dans l’après-midi des concertations avec les chefs des partis et autres personnalités politiques, en prélude à la désignation prévue mercredi du chef du gouvernement pressenti qui aura à former son cabinet avant la fin de la semaine. AP

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