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Politique / Qu’est-ce qu’une élection réussie ? (Analyse)

Au lendemain de la tenue des élections législatives au Gabon, et à la suite d’une série d’élections d’une importance majeure en Afrique, la question d’une rare complexité et remplie d’enjeux mérite malgré tout d’être posée.

De prime abord, rien ne pourra nous ôter de l’esprit que la question et la réponse dépendent de l’hémisphère où est située l’élection. Souvenez-vous du Miami Dade County et de la fameuse bataille des coupons d’élection validés ou non qui ont été décisifs lors de l’élection présidentielle de 2000 aux Etats-Unis (sans compter des répercussions ultérieures sur le monde). Des documentaires tous argumentés ont mis en lumière le caractère manifestement frauduleux de l’élection, du vote truqué aux moyens archaïques utilisés pour voter.

Et pourtant, le faible taux de participation enregistré à chaque élection pour élire le Président des Etats-Unis (jamais plus de 40% du corps électoral), la surpuissance des moyens matériels mis en jeu et les traditionnels coups bas ne feront pas comparer le berceau de la démocratie à une vulgaire république bananière.

Ce n’est bien entendu pas la seule démocratie qui mériterait de regarder la poutre dans son œil. En France, hormis l’élection présidentielle, toutes les élections donnent lieu à un taux de participation d’une extrême faiblesse, des législatives aux cantonales. Il n’y qu’à regarder les soirées électorales qui se réduisent à l’essentiel sur les plateaux de télévision pour souligner le faible engouement et la lassitude des électeurs à l’endroit de la chose politique et des élus.

Quels sont donc les critères exacts pour dire de manière irréfutable si une élection est incontestée ? C’est un terrain marécageux dans lequel des tomes de thèses en sciences politiques se sont embourbées et contredites. Le taux de participation ? S’il peut cautionner le degré de légitimité, il n’enlève pas la légalité. Les techniques utilisées ? Aux Etats-Unis, modèle de démocratie, les moyens d’exprimer son vote varient d’un Etat à l’autre, du vote électronique au bulletin de vote.

Le modèle ivoirien dans lequel des moyens colossaux ont été mis en œuvre pour enregistrer les électeurs prouve l’inanité de ce type de mesures sophistiquées.

L’approbation de la communauté internationale? C’est une donnée subjective car fondée sur un rapport de force et un a priori sans réciprocité : Quels observateurs ou quel pays a osé déclarer qu’il ne reconnait pas Georges W. BUSH comme Président des Etats-Unis après que la Cour Suprême remplie de juges nommés par son père l’ait finalement fait, alors que des preuves de fraude ne manquaient pas?

La corruption du système ? Aucune élection dans aucun pays ne se tiendrait car ce type d’affirmation, impossible à évaluer est une caractéristique, dans des proportions différentes bien sûr, à chaque élection, du nord au sud, de l’est à l’ouest. On se souvient dans quelles conditions John Fitzgerald KENNEDY a été élu en 1960, avec le soutien de la mafia, et, dans une actualité récente, tout le monde a en mémoire l’élection de la très moralisante Premier Secrétaire du Parti Socialiste français.

Les majorités importantes ou étroites d’un parti ou d’une coalition ? En 1993, la France a connu un raz de marée de la droite lors des élections législatives et il a fallu 53 ans pour que le Sénat français change de majorité !

Nous tournerons l’électeur en rond pendant des pages entières. Il n’existe aucune élection réussie. Risquons un début de réponse.

Tout dépend de la culture de la victoire et de la défaite propre à chaque pays. Al GORE, convaincu de l’iniquité de la victoire de son adversaire, mais soucieux du respect des institutions américaines, a reconnu G.W. BUSH comme le Président des Etats-Unis d’Amérique, et le monde avec lui. Aucune technique, même pas l’introduction de la biométrie ne sera un remède définitif contre la suspicion qui prévaut dans notre pays après chaque élection.

Savoir perdre, savoir gagner, reconnaître les grandeurs et les limites de la démocratie, ne pas oublier que les électeurs, même en nombre réduit, sont les seuls garants de la légitimité à chaque élection. Et, bien sûr, avoir gravé dans sa conscience que l’intérêt supérieur de notre beau pays et le souci de préserver les générations futures doivent être les seules préoccupations des acteurs politiques.

Michel-Edouard VINGA

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