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Dr. Daniel Mengara : « Une fois les passions électoralistes terminées, j’appelle instamment mes compatriotes gabonais de l’opposition à décréter l’insurrection »


Suite à l’élection législative du 17 décembre,  il est indéniable que, conformément aux vœux de l’opposition unie sous la bannière du mouvement « Ça suffit comme ça », l’« éclatante  victoire » du Parti Démocratique Gabonais (PDG), parti-Etat, sitôt acquise, se sera rapidement transformée en « défaite », voire même en débâcle. Il n’y a que dans un pays de fous qu’un parti au pouvoir se satisfera d’une victoire où le peuple se sera défilé à 90% pour laisser le dictat des despotes s’affirmer dans toute sa laideur. Se réjouir d’avoir gagné une élection où on a été seul à se présenter est symptomatique d’une maladie mentale qui ne laisse plus aucun doute sur l’état d’animalité des Bongo au Gabon.

Sous d’autres cieux où la moralité fait office de code d’honneur, Ali Bongo et toute sa clique de malfrats auraient déjà annoncé non seulement l’annulation en bonne et due forme de cette mascarade, mais également leur démission collective. La gifle du peuple est trop forte pour être ignorée.

Il est donc important, au préalable, d’établir une chose et l’admettre : On ne peut rester sans joie, sans encouragement et sans se sentir interpellé quand on voit que le peuple gabonais a, encore une fois, répondu à l’appel quand, cette fois-ci, on lui a demandé, encore une fois, peut-être une fois de trop, de rester à la maison. En effet, si l’abstention record de 90% constatée à cette élection législative se confirme, la victoire morale du peuple sur le régime sera indéniable et le régime des Bongo sera définitivement humilié, définitivement discrédité et définitivement délégitimé. Et sur ce point, il est important non seulement de féliciter tous les partisans du changement qui, au sein du mouvement « Ça suffit comme ça » comme en dehors, et à l’intérieur du pays comme en dehors, auront milité pour ce boycott des élections par le peuple gabonais.

Mais c’est à ce niveau que s’arrêteront, à mon niveau, les congratulations car il y a urgence.  Pour éviter tout risque de tomber dans l’illusion des slogans vides comme ceux auxquels nous a habitués le parti au pouvoir, il faut tout de suite au peuple gabonais et à l’opposition chasser l’euphorie des illusions de « victoire du peuple » et se remettre au travail pour battre le fer quand il est encore chaud.

Autrement dit, une fois les passions électoralistes terminées, j’appelle instamment mes compatriotes gabonais de l’opposition à décréter l’insurrection, une insurrection désormais justifiée, voir rendue obligatoire par les réalités suivantes :

1) 90% d’abstention veut dire qu’il y a au Gabon un peuple qui se refuse à cautionner le despotisme des Bongo.

2) Un peuple qui répond à un appel de boycott de son opposition est également un peuple prêt à répondre à un appel insurrectionnel.

Il faut donc tout de suite, pendant que la déroute du PDG est encore fraîche, et le peuple encore à l’écoute, engager ce peuple vers l’affirmation immédiate de sa souveraineté en demandant, que dis-je, en exigeant le départ immédiat d’Ali Bongo du pouvoir, selon les modalités que je présente ci-dessous.

En d’autres termes, il faut tout de suite causer une crise politique sans précédent au Gabon. Pour mener à une telle crise, je me permets tout simplement ici de réaffirmer le plan insurrectionnel que le mouvement « Bongo Doit Partir » (BDP) a proposé à l’opposition le 14 décembre courant quand il s’agissait encore d’organiser le blocage de l’élection avant sa tenue (Voir détails du plan ici : https://www.bdpgabon.org/articles/2011/12/14/appel-du-«-bdp»-a-l’opposition-face-a-l’arrogance-des-bongo-l’insurrection). Ce plan, que je remets à jour ci-dessous, est toujours applicable en l’état, avec des aménagements minimalistes qui se peuvent résumer de la manière suivante :

1) Réunir tout de suite en un meeting de leadership tous les leaders de l’opposition qui se veulent de l’opposition radicale.

2) Lors du meeting, purger les convivialistes en leur demandant de quitter la coalition s’ils ne veulent pas en découdre avec le régime et faire adopter au reste une « Charte du Peuple Gabonais Insurgé » dont le texte restera exactement le même que celui proposé ici : https://www.bdpgabon.org/articles/2011/12/14/appel-du-«-bdp»-a-l’opposition-face-a-l’arrogance-des-bongo-l’insurrection.

3) Pendant le meeting, choisir rapidement un lieu de résidence qui va devenir le quartier général de la résistance. Ce lieu doit avoir assez d’espace alentour pour contenir 2000 à 3000 personnes au moins. Ce lieu sera le siège de l’insurrection, d’où partiront tous les mots d’ordre. Les 2000 à 3000 personnes, constituées principalement de jeunes décidés à défendre leurs leaders, serviront de bouclier humain et s’organiseront pour contrer tout assaut des forces de l’ordre. Ce nombre doit être atteint en moins de 48 heures, mais prévoir de faire grossir ce nombre à 10.000 dans les 5 jours suivants. Aucune violence ne sera initiée par ces jeunes, mais ils seront toujours prêts à répondre à tout acte d’agression par le régime des Bongo. Tous les détails stratégiques et logistiques de cette troisième étape préparatoire se trouvent ici : https://www.bdpgabon.org/articles/2011/12/14/appel-du-«-bdp»-a-l’opposition-face-a-l’arrogance-des-bongo-l’insurrection. Il est impératif d’arriver à ce résultat en moins de 48 heures, et il est essentiel que tout cela soit fait au vu et au su de tout le monde, d’abord parce que rien ne peut se préparer au Gabon dans le secret total, en suite parce que, sur le plan de la psychologie de la lutte, il est important que l’adversaire sache toute la détermination de l’opposition pour en finir dès maintenant. Le meilleur cadeau à faire au peuple serait de lui offrir un nouvel an sans les Bongo.

4) Lancer, du désormais QG de la Résistance, un ultimatum à Ali Bongo qui se résumera aux idées suivantes :

– Le peuple ayant parlé en votant avec ses pieds, Ali Bongo et son régime n’ont plus de légitimité.

– Au nom du peuple gabonais, l’opposition gabonaise unie donne une semaine à Ali Bongo et à tous les membres de son gouvernement et de son parlement (Sénat et Assenblée) et de sa Cour constitutionnelle de démissionner et de quitter immédiatement le pouvoir. Quant aux Bongo spécifiquement, ils devront immédiatement quitter le pays. Tous les aménagements nécessaires seront faits pour leur permettre une sortie sauve du territoire national. Ils sont libres de choisir leur terre d’exil.

– Au nom du peuple gabonais, l’opposition gabonaise unie se constitue immédiatement en Conseil National de Résistance et de Transition (CNRT), qui va mettre en place un Conseil de gestion de l’Etat, donc un gouvernement de transition qui va non seulement assurer les affaires courantes, mais également se charger d’organiser, dans exactement 12 mois, des élections générales (Présidentielles, parlementaires et locales) une fois toutes les réformes souhaitées par l’opposition mises en place (Voir détail stratégique de cette mesure ici : https://www.bdpgabon.org/articles/2011/12/14/appel-du-«-bdp»-a-l’opposition-face-a-l’arrogance-des-bongo-l’insurrection.

– A la Communauté Internationale, il faut dire de rapatrier immédiatement leurs citoyens résidant au Gabon pour leur éviter de risquer de se retrouver victimes collatérales du débat politique gabonais.

– Aux organisateurs de la CAN 2012, il faut dire de tout de suite renoncer à amener ses joueurs au Gabon dans le cadre de la CAN 2012 car personne ne pourra garantir la sécurité de ces joueurs sur le territoire gabonais dans les semaines qui viennent. Il faut trouver un autre pays d’accueil pour la coupe de football africaine.

5) Dans la diaspora, Moi, Daniel Mengara, je me chargerais de rapidement mettre en place à l’étranger un comité du CNRT qui sera la voix et l’extension des insurgés gabonais dans le monde. Le bureau du CNRT dans la diaspora se chargera de coordonner à l’extérieur du pays tous actes diplomatiques, médiatiques et politiques tendant à appuyer, soutenir et amplifier l’insurrection au Gabon. Par ailleurs, au cas où tous les leaders de l’opposition à l’intérieur du pays seraient rendus inopérants, soit par des arrestations, soit par l’incapacité de communiquer, la centrale mise en place au sein de la diaspora assurera la continuité des mots d’ordre et la coordination du combat sur le terrain par la mise en activité de réseaux de résistance capable d’alimenter l’ingouvernabilité jusqu’à la chute des Bongo. Les détails de cette étape sont eux aussi, explicités ici : https://www.bdpgabon.org/articles/2011/12/14/appel-du-«-bdp»-a-l’opposition-face-a-l’arrogance-des-bongo-l’insurrection.

Ces 5 premières étapes, si conduites exactement comme telles, seront largement suffisantes pour déclencher la crise politique et le bras de fer qui ne manqueront pas de garantir aux Gabonais un nouvel sans les Bongo.

Pourquoi est-il urgent d’engager immédiatement les Gabonais sur cette voie, la seule qui puisse garantir non seulement une crise politique immédiate qui soit potentiellement réparatrice, sachant qu’aucun pays au monde n’a jamais progressé sur la voie démocratique sans crise grave, mais aussi le changement que les Gabonais attendent et appellent de tous leurs vœux de par l’acte quasi insurrectionnel qui vient d’être posé ?

Tout simplement parce qu’on ne peut pas, on ne doit pas, on ne peut plus, après cette démonstration de force du peuple, continuer, ad vitam aeternam, à baser toute une politique d’opposition, toute une idéologie d’opposition, sur la simple et sempiternelle satisfaction que l’on tire des sempiternelles « humiliations » infligées à la dictature des Bongo, sans jamais proposer autre chose que ces satisfactions, qui finiront bien un jour par lasser et par se transformer en de simples actes de masturbation mentale par lesquels, pour des buts souvent inavoués, on aura conditionné tout un peuple aux satisfactions puériles, voir illusoires, au risque de le détourner, voire le décourager, de sa destinée de peuple aspirant à la liberté totale et à la dignité humaine.

Se contenter de la satisfaction d’embarrasser une dictature n’est pas et ne peut plus être un objectif politique viable parce que ne représentant pas une option capable de changer minimalement, et encore moins durablement, le statut quo politique dans le pays. Autrement dit, si la situation avant une élection est exactement la même, sinon pire, que la situation après l’élection, le résultat est nul, voire négatif car c’est le dictateur qui, à la fin, se maintient, et donc, « triomphe ».

Il suffit pour cela de lire le vocabulaire de la presse internationale, qui n’a que foutre de nos masturbations mentales, et qui se contente de parler de « raz-de marrée » du PDG, « victoire écrasante du PDG », voir de « crédibilité du scrutin ». Autrement dit, quelle que soit la manière dont nous, en tant qu’opposition, voudront brandir notre « victoire », la presse et les médias internationaux, et avec eux la communauté internationale, ne retiendront que la réalité d’une victoire du PDG, quelles que soient les circonstances embarrassantes de cette victoire.

Il nous faut donc rapidement, dans l’opposition, retomber sur terre et quitter l’euphorie et les illusions.

Oui, on aura prouvé la dictature des Bongo, on aura prouvé que le peuple n’en veut plus, mais après ? Doit-on s’arrêter à ce type de constats simplistes ?

La jubilation sans but, sans alternatives et sans bilans objectifs poussant à des actions libératrices ultérieures, peut, dans ce cas, se révéler être une drogue, un opium manié avec dextérité par ceux qui pourraient, par naïveté ou à dessein, pousser le peuple à se satisfaire de peu et, donc, à ne jamais rechercher plus. C’est comme qui dirait la recette d’une résignation nationale qu’on offrirait ainsi au peuple, en lieu et place d’une libération nationale dont la faisabilité risque encore de nous échapper. Une fois de trop. Pourtant l’occasion est là.

C’est donc à la vigilance mentale que je nous appelle, nous, damnés de la terre que l’on appelle « Gabon ».

Autrement dit, une fois la fièvre de la jubilation « victorieuse » du peuple retombée, c’est-à-dire ici et maintenant, il est urgent de s’éloigner immédiatement de ces jubilations masturbatoires pour se concentrer sur les bilans et, au besoin, explorer les alternatives immédiates qui pourraient éviter de conduire le peuple gabonais dans une autre voie de garage, la énième du genre, au moment même où il attend, lui, des actions libératrices. J’ai, ci-dessus, proposé une telle alternative. Elle porte en elle la garantie du succès immédiat, notre contexte se prêtant désormais à une situation similaire à celles qu’il y a eu en Libye, en Tunisie, en Egypte, en Syrie, et j’en passe. Il s’agit pour nous de tout simplement mener à finalité les conséquences de la perte de légitimité qui est désormais celle d’Ali Bongo. Ce n’est plus, pour les Gabonais, une simple question d’élections. Il ne faut plus contourner le problème. Il s’agit maintenant de parler de l’évincement sans détour d’Ali Bongo, d’évincement sans détour des Bongo et, donc, du système qu’ils ont mis en place pour soutenir leurs lubies.

Il s’agit de se lancer dans l’idée sans tergiversations et directe du « Ça suffit comme ça, Bongo doit partir ».

Qui est preneur ?

En d’autres termes, une question fondamentale nous interpelle à la réalité, au réalisme : Il ne faut pas que, dans une semaine, dans un mois, dans un an, les gens refassent le sempiternel constat habituel et se demandent à nouveau, une fois de trop : Qu’est-ce qui a été obtenu de concret au cours des six mois d’activisme (pseudo-révolutionnaire) qui a duré de mai à décembre 2011, en dehors de la satisfaction morale d’avoir humilié Ali Bongo ? Qu’est-ce qui, grâce à cet activisme, a changé d’un iota dans le statu quo politique gabonais, en dehors des sempiternels constats de « victoires » sitôt déclarées sitôt mortes parce que simples illusions passagères ?

Un dictateur humilié, pourquoi pas ? Une communauté internationale édifiée une énième fois sur la dictature gabonaise, pourquoi pas ? Maintenir la flamme du combat, pourquoi pas ? Mais encore faut-il que les objectifs visés et les résultats escomptés soient non seulement clairs, mais aussi en adéquation avec les attentes du peuple. Or, il nous semblerait que, suite à cette élection du 17 septembre 2011:

1) retomber sur terre, malgré cette belle et indéniable « victoire » du peuple, c’est reconnaître que le système Bongo légué par Omar Bongo, puis renforcé depuis deux ans par Ali Bongo, est toujours là et se retrouve paradoxalement renforcé au lieu d’être affaibli, surtout quand on sait que ce régime n’a que faire des questions morales et que seuls les régimes moraux ont la capacité de percevoir le boycott du peuple comme une humiliation et donc, comme un affaiblissement de leur hégémonie, chose qui, dans les vrais démocraties, peut mener à la démission de tout un gouvernement ; quand un régime est habitué à sabler fièrement le champagne au moment même où le peuple lui signifie une raclée électorale, il est inutile d’attendre de lui autre chose que de l’arrogance vu que ce qui le préoccupe, ce n’est point tant le soucis démocratique d’avoir la majorité du peuple avec lui que la simple nécessité de préserver le pouvoir par tous les moyens. Du coup, ce que d’aucuns verraient comme une humiliation se retrouve, aux yeux de ce régime, transformé en « victoire » qu’il lui suffit par la suite de maquiller par des faux-semblants comme la fabrication des taux de participation et les frauduleuses proclamations officielles. Au grand dam, hélas, des combattants de la liberté, ce sont les taux officiellement publiés par la dictature qui seront retenus par les médias, et affirmés dans les livres d’histoire et les documents officiels des gouvernements du monde. Que ces résultats soient fabriqués ou pas, le régime en place aura, hélas, aux yeux de la communauté internationale, et surtout après une élection aussi calme, « triomphé » et rien ne pourra, après, ou du moins sans une insurrection en bonne et due forme, changer cette réalité.

2) retomber sur terre c’est reconnaître sans langue de bois que ceux qui ont promis de bloquer l’élection sans s’organiser pour la bloquer ont trahi le peuple ; cette trahison a eu comme conséquence qu’Ali Bongo aura maintenant sa propre assemblée de députés béni-oui-oui, donc sera aux commandes d’un système où lui seront acquis l’Exécutif (lui-même et ses Premier ministre et gouvernement mafia), le Législatif  (Assemblée désormais la sienne et non plus celle quelque peu réfractaire léguée par son père) et un corps judiciaire totalement contrôlé par Madeleine Mborantsuo, amante de feu Omar Bongo (et probablement du fils aussi) et présidente d’une Cour constitutionnelle dont le régime des Bongo semble lui avoir fait totalement cadeau puisque, en plus d’être présidente de cette institution, elle loge également la fameuse Cour dans un immeuble qui lui appartient entièrement (ancien cadeau d’Omar Bongo à son amante), comme si l’Etat gabonais était incapable de se construire un bâtiment pouvant abriter sa Cour constitutionnelle ; l’opposition, sans le savoir, vient de fabriquer un monstre, et ce monstre, s’il arrive à finir son mandat actuel, sera, en 2016, devenu quasi indéboulonnable. Vive le roi sauvage !

3) retomber sur terre c’est admettre sans paravents que ceux qui ont affirmé avec force dans maints discours et médias que l’élection n’aura pas lieu, donnant l’impression d’avoir préparé un « plan B » de blocage alors même qu’ils n’avaient rien préparé pour que, en effet, il n’y ait pas d’élection comme leur slogan le disait, ont, sans le savoir, ouvert le boulevard à une dictature encore plus cruelle, encore plus fermée, encore plus obtuse, encore plus impunie et encore plus arrogante et arbitraire que celle connue jusqu’à présent au Gabon. Et comme nous l’avions précédemment écrit, même avec 1% de participation, le PDG ne se sentirait pas du tout gêné ; il sablerait comme à son habitude le champagne car un parti sans moralité ne recule devant ni l’humiliation ni la morale. Nous y sommes, donc. Et les discours arrogants et « victorieux » du PDG en disent déjà long. Ils vont tout falsifier, tout arranger comme d’habitude. La suite, on la connaît. Abstention record de 90 ou 95% ? « On s’en fout », répondront-ils demain. « C’est pas nouveau ». Absence de droit ? « Et alors ? », rétorqueront-ils demain, imperturbables. Elections frauduleuses ? « Kiakiakiakia », rigoleront-ils demain sous nos barbes comme des singes amusés. « Vous voulez que cela nous fasse quoi ? ». Communauté internationale ? « Hiarr hiarr hiarr », s’esclafferont-ils comme des autruches obèses. « On n’a jamais vu quoi ? Ne nous faites pas rire… ». Et l’opposition, comme à son habitude, répondra par les communiqués de presse. Vive le roi maudit !

4) retomber sur terre c’est, en fin de compte, avoir le courage de se demander ce que tout ce que l’opposition, pour une fois bien unie sous la bannière du mouvement « Ça suffit comme ça », aura obtenu pour le Gabon, pour le peuple, pour la postérité, si une insurrection immédiate ne fait pas suite à cette belle victoire du peuple. Jamais la possibilité du changement, pourtant, n’a été aussi proche, aussi évidente.

Allons-nous, encore une fois, nous refaire, et refaire au peuple gabonais, le coup de 2009, c’est-à-dire voir s’éloigner une victoire acquise, un pouvoir par terre, parce que personne n’est preneur, parce que personne ne veut se mouiller, parce que personne ne veut oser ?

En dehors d’une satisfaction morale confirmée une énième fois par cette élection, qui nous prouve ce que nous savions déjà tous depuis 1967, c’est-à-dire que le peuple gabonais n’a jamais voulu des Bongo, et qu’à chaque fois qu’il a été sollicité, il a exprimé ce refus, que tirerait-on de durable à laisser encore Ali Bongo se relever de cette humiliation et reconsolider, comme son père jadis après la conférence nationale, un pouvoir qui, dans les faits, lui avait déjà échappé ?

Messieurs de l’opposition, si vous ne le saviez pas, le pouvoir, au jour d’aujourd’hui, au moment même où j’écris ces mots, est dans les mains du peuple. Allez-vous laisser, allons-nous laisser Ali Bongo, allons-nous laisser les Bongo nous le ravir de nouveau, allons-nous nous résoudre à 70 ans de joug et de mort lente sous la même famille, le même clan ?

Le pouvoir est par terre, Messieurs, qui en veut ?

Je dis donc, ne nous contentons plus des satisfactions morales. Autrement dit, combien de satisfactions morales nous faudra-t-il pour comprendre que :

a) Ce n’est ni les appels à la communauté internationale mille fois répétés depuis 1993 ni les simples slogans de ras-le-bol qui changeront le Gabon ?

b) Ce n’est pas le fait qu’on parle du Gabon et des détournements des Bongo dans les médias qui changeront le Gabon ?

c) Ce n’est pas les compromissions, les dialogues, les accords, les gouvernements de cohabitation, de partage ou d’union nationale, qui changeront le Gabon ?

d) Ce n’est pas les élections gagnées d’avance ou les boycotts passifs où on demande mollement aux Gabonais de rester à la maison qui changeront le Gabon, surtout que dire à un peuple prêt à en découdre de rester à la maison est comme dire à Ali Bongo, ne t’inquiète pas, on va bloquer tout le monde à la maison, prends ton Assemblée et sable le champagne, on est là pour toi, frère biafro » ?

Oui, Ali Bongo a bel et bien été humilié. Messieurs. Mais après ? N’est-il pas toujours là, avec un régime plus monarchique que jamais, plus arbitraire que jamais, plus arrogant que jamais ?

Messieurs, le peuple gabonais ne veut plus rester à la maison, il ne veut plus qu’on lui demande de rester sagement, mollement, responsablement à la maison. Il veut sortir, il veut se déverser dehors, dans les rues, taper, bruler, casser … le régime. Il veut en découdre, faire aux Bongo le sort des Kadhafi, des Ceausescu, des Samuel Do. Le peuple est fatigué qu’on lui demande d’être responsable.

C’est vrai que dans notre pays, la classe politique de l’opposition donne parfois l’impression de vouloir mystifier le peuple. Elle dit souvent à ce peuple : « Ne vous inquiétez pas ; nous savons ce que nous faisons, nous avons la situation en main ; nous avons des plans secrets, mais que nous ne pouvons pas mentionner publiquement ; nous sommes dans les guerres asymétriques, voir le ngbeul, que seuls les initiés peuvent comprendre ». Puis, quand le moment des bilans arrive, 20 ans auront passé et on trouvera tout de suite une autre carotte à tendre au peuple : « Oh, ce n’était là qu’une stratégie, le meilleur arrive ; ça ne fait que commencer ». Puis, au moment du commencement de cette fin, on redémarre, parfois avec de nouveaux leaders, mais toujours le même crédo ». Nouvelles promesses, nouveaux bilans, l’éternel retour : « cette fois, c’est la bonne », ne cesseront-ils d’affirmer, et une fois le moment du bilan arrivé de la fin du commencement arrivé, on convainc le peuple de se satisfaire d’avoir humilié le dictateur.

Cela doit changer.

Cela doit changer parce que, la seule réalité qui restera, au lendemain même des proclamations des « victoires victorieuses du peuple » :

– les populations gabonaises, « victorieuses » à souhait, se remettront à aller fouiller dans leurs « glorieuses » poubelles de Mindoubé pour y chercher le pain rassis qu’ils iront mettre sous les dents cariées de leurs nourrissons faméliques ;

– les populations gabonaises, « victorieuses » comme on n’en fait plus, se remettront à s’entendre dire par le ministre de l’éducation nationale que, oui, la loi gabonaise garantit l’éducation libre et gratuite dans les écoles publique à tous les enfants du Gabon, mais malgré cette obligation régalienne faite à l’état par la loi, on dira aux enfants inscrits dans le privé qu’ils n’ont pas le droit de s’inscrire dans le public sans examen, ou parce qu’il n’y a tout simplement pas de place. Alors que l’apprentissage dans le privé ne doit être qu’un choix librement fait par les parents qui le souhaitent ou qui en ont les moyens, ce sont paradoxalement les parents les plus démunis qui sont condamnés à devoir payer 20.000, 30.000, 60.000, voir 80.000 francs par mois, et 500.000 francs de frais de livre chaque année, pour pouvoir faire étudier leurs enfants.

– les populations gabonaises, « victorieuses », se remettront à aller crever comme des rats dans leurs hôpitaux mouroirs sans médicaments parce que leur roitelet Ali Bongo sera, cette fois, allé s’acheter un palais de 100 millions d’Euros à Taïwan, où il voudra désormais passer ses vacances avec sa famille ; et 6000 bébés gabonais de continuer à mourir chaque année au Gabon de malnutrition, de diarrhées chroniques, de paludisme, et j’en passe, dans un pays, pourtant, le seul pays au monde, où on demande à un peuple « victorieux » de s’accommoder du génocide de la mort lente auquel on le soumet.

Oui, peuple victorieux, oui peuple si mature, peuple si responsable, peuple digne, chantons, dansons, buvons à satiété dans nos matitis avec les rats, les moustiques, les maladies. Oui, notre opposition nous l’a dit, nous sommes « victorieux ».  Gloire à nous. Allah est grand. Dieu est grand. Jésus est grand. Oui, nous avons dit « Ça suffit comme ça », et voyez comment ils sont désormais devenus beaux, nos matitis si pestilentiels, regardez comment ils sont devenus modernes, nos hôpitaux mouroirs plus que jamais sans médicaments ni médecins ni équipements, regardez comment ils se meurent si bien, nos si maigres bébés frappés de kwashiorkor et de nanisme, eux qui mangent grassement de cette belle malnutrition qui les tue si joliment bien, sous nos yeux si victorieusement impuissants ; oui, fêtons et rendons gloire au seigneur pour ses bienfaits, pour cette « victoire » électorale qui permet à notre très aimé dictateur et monarque lumineusement émergé de continuer à nous narguer avec sa si belle, sa si grandiose arrogance.

Ekiée, a tare Zame…. Ekié, engogol abui hein…

Oui, nous avons un peuple digne. Nous avons un peuple courageux. Ce peuple, il a toujours montré de quel côté il se situait.

Quand arrive Mba Abesole au Gabon en 1989 avec des insultes à la bouche pour Omar Bongo (Bongo Satan, Bongo Sida), les Gabonais le suivent en masse car il leur promet l’insurrection. Oui, le peuple gabonais, depuis 1989, on pourra même dire depuis le 1981 des lèse-majestés morénistes, est un peuple en état d’insurrection.

Quand arrive Pierre Mamboundou de son exil de 3 ans au Sénégal en 1993 pour reprendre le leadership de l’opposition des mains d’un père Paul Mba Abessole désormais discrédité, défroqué et embourbé dans la « conviviocratie » gabonaise, le peuple le suit, parce que Pierre Mamboundou lui dit être radical et inviolable dans sa son radicalisme, surtout lui qui promet de distribuer des cartons rouges aux malfrats du régime Bongo. Oui, le peuple gabonais, en 1998 et 2005, était toujours un peuple en état d’insurrection.

Quand arrive enfin André Mba Obame, non pas d’exil (vieille histoire), mais des tréfonds même d’un régime dont il est le père spirituel depuis 1984, le peuple le suit parce que, parmi tous les candidats de l’opposition à l’élection présidentielle d’août 2009, il est le seul homme qui semblait présenter une attitude se rapprochant du radicalisme, et ce au détriment d’un Casimir Oyé Mba que tout le monde pressentait comme « l’élu » naturel, « élu » qui dégringola néanmoins comme un boulet de l’estime des Gabonais quand il montra sa couleur bongoïste en commençant sa campagne avec des discours du style « je dois tout à Bongo ». Le fait que les Gabonais se soient détournés de Casimir Oyé Mba, jugé trop mou, pour embrasser, en l’espace de deux semaines, un ministre de l’intérieur de Bongo aussi honni qu’André Mba Obame, pour le muer en un « moïse » symbole de libération nationale en l’espace d’un seul mois d’opposition, voulait dire, encore une fois, que le peuple gabonais, en août, septembre et octobre 2009, était toujours un peuple en état d’insurrection. Il attend juste un leader capable d’assumer avec lui cette insurrection.

Comment se fait-il alors que devant un peuple en état d’insurrection permanente, devant un peuple en permanence prêt à en découdre, devant un peuple ayant vomi, dans ses attitudes et dans sa psychologie, les Bongo,

2011 : oui, comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait dit, en ce mois de décembre 2011, « reste calmement chez toi », alors que, comme je viens de le montrer,  ce peuple voulait qu’on lui dise, « lève-toi, sors de chez toi, casse, brûle, bastonne … les Bongo, car il n’y aura pas d’élection » ?

2011 : comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait dit, « Ça suffit comme ça, mais quand-même, reste chez toi, quoique, heu… peut-être, sors observer par tes fenêtres entrouvertes les fraudes du parti au pouvoir concourant contre lui-même, ou quoique, attends un peu, heu… ah oui, bloque l’élection, ou alors, encore que, peut-être qu’il vaut mieux les laisser gagner 100% car ils vont tous disparaître par la magie du vaudou quand ils se seront humiliés de se retrouver détenteurs tous seuls d’un pouvoir suprême qu’ils détiennent tous seuls ad vitam aeternam avec la honte et sans discontinuer depuis 44 ans, car de toutes façons, sans biométrie, sans transparence, il n’y aura pas d’élections » ?

2011 : comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait continué à dire qu’Ali Bongo était un président illégitime et dans le même temps, regretté la mort d’Omar Bongo, ce « grand homme » tellement démocrate perdu par la nation gabonaise, pour ne se plaindre que d’Ali Bongo, comme si Ali Bongo n’avait jamais été la conséquence et la simple continuité du régime des Bongo au Gabon, comme si la dictature des Bongo n’avait commencé qu’en 2009 avec Ali Bongo et non plus sous un Omar Bongo que l’on voulait désormais élever au panthéon des grands démocrates gabonais ? Comment se fait-il qu’à ce peuple, en même temps qu’on disait « Ça suffit comme ça », on ait eu tant de mal à dire également, « la source du problème doit partir, la source du problème ce sont les Bongo, donc les Bongo doivent partir, parce que tant qu’un Bongo sera au pouvoir, aucune élection au Gabon ne sera jamais transparente » ? Et comment se fait-il que devant ce peuple, alors même qu’on disait « Ça suffit comme ça » parce que le processus électoral gabonais conduisait à l’illégitimité des élus, on ait continué à appeler Ali Bongo « président de la République » et même à dire aux gens que « le problème du Gabon n’est plus Ali Bongo et sa mauvaise élection, mais juste le problème électoral, que puisqu’il est là, il faut traiter avec lui », comme si le système qui avait élu Ali Bongo en 2009 était différent de celui qui aura élu les députés manioc en 2011 ?

2011 : comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait dit : « tu as désormais ton gouvernement légitime de la République », avant d’aller ensuite, paradoxalement, se réfugier au PNUD et conduire, de là, une insurrection des salons de velours condamnée à échouer car ne disposant, comme seules armes fatales, que d’appels assourdissants à une communauté internationale pourtant déjà mille fois témoin du fait que le peuple gabonais, comme l’a tant de fois répété le département d’état américain, vivait depuis toujours sous une dictature bongoïste qui ne lui permettait pas de se choisir le dirigeant qu’il voulait » ?

2010 : comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait dit qu’il s’agissait d’une stratégie savamment pensée que d’avoir attendu 2010 et un documentaire de français pour revendiquer une victoire qu’on aurait pu revendiquer en 2009 ?

2010 : comment se fait-il qu’à ce peuple, on ait annoncé la création d’un grand parti de masse qui, au lieu de tout de suite se mettre dans une attitude de défiance permanente au moment où le nouveau régime d’Ali Bongo cherchait encore ses marques, préféra « éviter les pièges du régime » qui voulait les pousser à la violence alors que tout ce que notre opposition, elle, souhaitait, c’était parler, parler, parler, se plaindre, se plaindre se plaindre, geindre, geindre et geindre, comme de vrais Républicains dans un pays de démocratie

2009 : comment se fait-il qu’à se peuple, on ait continué à dire que l’on voulait le pouvoir en son nom, pour ses droits, alors que dans le même temps, on disait qu’Omar Bongo était un grand homme, qu’on lui devait tout et qu’on voulait même élever des monuments à sa mémoire ?

2009 : comment se fait-il qu’à se peuple, on ait promis la victoire et la défense de leur vote, et le moment de défendre ce vote venu,  on ait préféré pour certains, aller se cacher dans leurs villages pour éviter, de leurs propres aveux, de céder aux pressions qui demandaient la tête des Bongo, et pour d’autres, appeler au calme le peuple tout en le rassurant que le droit serait dit par cette même Cour constitutionnelle qui, pourtant, avait plus que fait ses preuves dans le domaine de l’arbitraire et de l’anti-démocratisme ?

2009 : comment se fait-il, enfin, que les plus grands mastodontes de l’opposition gabonaise, dont la popularité n’était plus à démontrer, aient été incapables, ensemble, de se défaire d’Ali Bongo dès septembre 2009, sachant, comme nous l’avons toujours su, qu’ils avaient l’écrasante majorité du peuple avec eux, un peuple qui n’attendait qu’un mot d’ordre simple, clair, direct ?

Faut-il continuer ? Faut-il vraiment continuer à descendre les marches de l’histoire et se retrouver en 2005, 1998, 1993, puis 1990, moment fatidique où, par naïveté ou par compromissions, on dessina une constitution consensuelle dans laquelle on commit l’erreur de laisser les pleins pouvoirs aux Bongo ?

Non, ce n’est pas la peine. Ce n’est plus la peine. Ne nous attardons plus sur la litanie, la complainte. J’ai proposé. Ci-dessus. Qui est preneur ?

Le peuple attend une seule attitude, il l’a prouvé. Il attend qu’on l’organise et, surtout, qu’on ne lui dise plus, « reste à la maison », qu’on ne lui dise plus, « continue, pendant les 30 années de règne bongoïste que nous sommes en train de garantir aux Bongo de par nos tergiversations, à manger ta joie dans les nauséabondes et glorieuses poubelles de Mindoubé ».

Non.

Notre peuple, par son attitude, et ce n’est plus la peine de le lui répéter, de le lui faire constater, sait depuis 1989 (22 ans !) que dans un pays où, face à un régime réfractaire et arrogant, tout a été tenté (discussions, négociations et accords républicains, élections perdues d’avance, marches et manifestations républicaines, menaces conviviales, communiqués toutous, appels à la moralité, à la responsabilité et à la décence), ce n’est ni par les urnes ni par le bon vouloir des Bongo, et encore moins par la grâce de la vierge Marie, que le changement viendra au Gabon. Il sait aussi que ce ne sont pas les appels faits à la communauté internationale, alors que paradoxalement tout est calme au Gabon, qui viendront libérer notre pays.

Notre peuple attend autre chose. Il attend une reprise en main de ses aspirations mille fois flouées, mille fois éconduites et mille fois infantilisées.

Il attend l’insurrection. Offrons-la lui. Ensemble. Maintenant.

Fait le 20 décembre 2011 à Montclair, New Jersey, USA

Dr. Daniel Mengara
Président, Mouvement « Bongo Doit Partir »

P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey 07052, USA
Tél./Fax : (+1) 973-447-9763
https://www.bdpgabon.org

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