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Le Gabon négocie son entrée au capital d’Eramet

Les discussions se poursuivent entre Areva et le Fonds stratégique d’investissement (FSI) sur la cession des 26% que le groupe nucléaire détient dans la société minière et métallurgique Eramet, l’un des premiers producteurs mondiaux de nickel et de manganèse. Le principe de la reprise de cette participation par le FSI est acquis, dans le cadre du plan de restructuration d’Areva. Reste à en négocier les modalités, ce qui est en cours, et qui devrait aboutir d’ici la fin du mois de janvier. Une partie de la discussion porte sur la répartition des droits de vote entre la famille Duval, premier actionnaire d’Eramet, et le FSI. Areva détenait des droits de vote double, ce qui lui en conférait 30,7%, et avait conclu, depuis douze ans, un accord de préemption réciproque avec les Duval. C’est un nouvel accord de ce type que le FSI entend conclure, afin de renouveler le « concert » qui stabiliserait l’actionnariat français d’Eramet. Par ailleurs, des discussions parallèles pourraient s’ouvrir avec le Gabon, associé de longue date d’Eramet au sein de la Comilog dont il détient aujourd’hui 28,94% (participation qui devrait être portée à 35,4% à la fin 2015).

Participation de 4 à 5%

L’État gabonais souhaite également entrer au capital d’Eramet, avec une participation de l’ordre de 4 à 5%, s’inspirant ainsi de l’exemple de la Nouvelle-­Calédonie, actionnaire à 34% de SLN et qui détient 4% en direct du capital d’Eramet. L’entrée du Gabon dans le capital de la société mère de Comilog ne semble pas poser de problème a priori. Mais elle soulève une question : le flottant réel d’Eramet (hors participations des fonds de pension) est de l’ordre de 7%. Il faut donc que le Gabon trouve des titres ailleurs que sur le marché, peut-être en accédant à une fraction des parts d’Areva. Ce point est à l’ordre du jour des discussions en cours.

L’Etat français, par l’intermédiaire du FSI, va donc faire son entrée dans une société discrète, dirigée par Patrick Buffet, ancien du groupe Suez. Elle demeure aujourd’hui la seule entreprise d’envergure, à capitaux français, dans le domaine minier et métallurgique. Contrairement à l’image qui lui est souvent attachée, elle pèse plus lourd dans le manganèse que dans le nickel. Le manganèse représente aujourd’hui 52% de son chiffre d’affaires (1, 8 milliard d’euros en 2010) et 74% de son revenu opérationnel courant (Ebit). Eramet en est le deuxième producteur mondial, avec la mine de Moanda au Gabon qui alimente l’ensemble des usines d’alliage et de dérivés chimiques du groupe. En 2013, un nouveau complexe metallurgique, composé d’une usine de silico-manganèse et d’une unité de manganèse métal, entrera en acticvité, toujours à Moanda, un investissement de 200 millions d’euros. La Comilog s’est d’ailleurs assuré la maîtrise des infrastructures de transport (le train transgabonais et le port d’ Owendo) et s’est même vu attribuer la concession de l’ensemble du chemin de fer gabonais, fret et passagers. En outre Eramet, toujours par le biais de la Comilog, projette de mettre en exploitation à Mabounié un très important gisement de terres rares, de niobium et de tantale.

A terme, si le projet aboutit favorablement, Eramet et Comilog pourraient devenir le premier producteur mondial de terres rares hors Chine et le deuxième producteur mondial de niobium (un métal qui confère solidité et élasticité à l’acier), derrière le groupe brésilien CBMM, contrôlé par la famille Moralès. Enfin, à plus long terme, Eramet vise des développements dans le manganèse, notamment en Afrique du Sud. Il ne se désengage pas pour autant du nickel, loin s’en faut. On sait qu’il est partie prenante du projet d’exploitation d’une très importante mine à Weda Bay, en Indonésie. L’étude de faisabilité bancaire est en cours et la décision finale de la réalisation de la première tranche (35.000 tonnes/an) est attendue fin 2012. Eramet détient 66,6% de ce projet, dans lequel vient d’entrer à hauteur de 3,4% le groupe japonais Pamco, sur la base d’une valorisation totale du projet proche du milliard d’euros, ce qui assure d’ores et déjà une confortable plus-value à Eramet.

François Roche

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