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Sénégal : deux morts dans une manifestation violente à Podor

Les manifestants protestaient contre la candidature du président sortant Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de février.

La contestation de la candidature à la présidentielle au Sénégal du président Abdoulaye Wade a été marquée lundi par de nouvelles violences avec deux morts à Podor (nord), à la veille d’un rassemblement à Dakar de l’opposition faisant craindre des débordements. Ces violences ont éclaté lors d’une manifestation de militants du Mouvement du 23 juin (M23), regroupant des partis d’opposition et organisations de la société civile contre la candidature de Wade, 85 ans, au pouvoir depuis douze ans, une candidature confirmée par le Conseil constitutionnel dimanche soir – et cette décision est irrévocable, aucun recours légal n’étant plus possible.

Selon une source policière jointe à Podor (215 km au nord-est de la ville de Saint-Louis), des gendarmes sont intervenus pour disperser les manifestants anti-Wade, faisant des blessés par balle, dont deux ont succombé à leurs blessures : un jeune de 17 ans parmi les manifestants, et une sexagénaire prise dans les troubles alors qu’elle revenait du marché, d’après un témoin. Entre quatre et cinq blessés demeuraient hospitalisés, d’après diverses sources (policière, hospitalière et témoin).

Craintes de débordements

Ces violences meurtrières sont les deuxièmes en trois jours en lien avec la contestation de la candidature de Wade, après celles du soir du 27 janvier, marquées par des émeutes à Dakar, où un policier a été tué, et en province. Selon l’opposition, il y a eu de nombreuses personnes blessées et arrêtées à travers le pays. Aucun bilan n’est disponible. Parmi les personnes arrêtées, on compte Alioune Tine, célèbre défenseur des droits de l’homme et coordonnateur du M23, retenu depuis le 28 janvier par la police.

Les derniers développements font craindre des débordements, le M23 ayant appelé « tous les citoyens à prendre part au rassemblement pacifique qu’il organise » à Dakar mardi après-midi « pour exiger le retrait de la candidature de Wade ». « Menaces sur la paix civile au Sénégal », s’inquiétait lundi à sa une le quotidien privé L’As. « Le M23 a définitivement décidé de mener la résistance contre le coup d’État constitutionnel qu’Abdoulaye Wade va perpétrer, aidé en cela depuis (dimanche) soir par le Conseil constitutionnel », a déclaré à l’AFP Abdoul Aziz Diop, porte-parole du mouvement, ajoutant : « C’est une résistance pacifique, parce que le M23 n’est pas un mouvement armé et il ne s’armera pas, mais veillera à sa sécurité et à la sécurité de ses militants. »

« Le Sénégal a honte »

Parmi les responsables du M23 figurent huit candidats à la présidentielle qui avaient déposé des recours contre la candidature de Wade, qu’ils jugent non conforme à la Constitution, estimant que l’actuel président a épuisé ses deux mandats légaux, ayant été élu en 2000 puis réélu en 2007. Le camp du chef de l’État a toujours récusé cet argument, arguant de réformes de la Constitution en 2001 et 2008 qui lui permettraient de se représenter. Le Conseil constitutionnel a jugé que les requêtes des opposants étaient « recevables en la forme » mais « non fondées », et considéré de Wade est « en droit de se présenter à l’élection du 26 février 2012 ». Pour l’avocat El Hadj Amadou Sall, membre du directoire de campagne de Wade, c’est « une belle leçon de démocratie ».

Les cinq juges du Conseil ont aussi rejeté le recours de Wade qui voulait faire annuler les candidatures des ex-Premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall et de l’ex-ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio en les accusant de n’avoir « jamais payé l’impôt » au Sénégal. Autre décision rendue : la confirmation du rejet de la candidature du chanteur Youssou N’Dour, et celle de deux autres candidats indépendants ne disposant pas de suffisamment de signatures de soutien. « Le Sénégal a honte. Le Sénégal est meurtri. Le processus de coup d’État constitutionnel est consommé, a déclaré Youssou N’Dour.

La France a regretté que « toutes les sensibilités politiques ne puissent être représentées » à la présidentielle, sans explicitement citer Youssou N’Dour, en s’inquiétant également de « multiples arrestations » et en appelant au calme.

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