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Mali: les islamistes prennent le dessus au nord, la junte cherche une sortie

Les islamistes armés semblaient prendre le dessus mardi sur les rebelles touareg dans le nord du Mali, dont des éléments avancés progressent vers le centre du pays, et au moment où la junte militaire au pouvoir est désormais soumise à un embargo de ses voisins ouest-africains. ( © AFP photo AFP)
Les islamistes armés semblaient l’emporter sur les rebelles touareg dans le nord du Mali, notamment à Tombouctou où trois des principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont été signalés mardi, tandis que les putschistes de Bamako, au ban de toute l’Afrique de l’Ouest, chercheraient une sortie honorable.

Abou Zéïd, Mokhtar Belmokhtar (dit « Le Borgne » ou « Mister Marlboro ») et Yahya Abou Al-Hammam, tous trois algériens, « ont participé à une rencontre entre Iyad Ag Ghaly (le chef du mouvement islamiste Ansar Dine) et les imams de la ville », a déclaré une source sécuritaire, une réunion confirmée par un proche d’un des imams participants.

Aux imams, Iyad Ag Ghaly, une ex-figure des rébellions touareg des années 1990, a expliqué « qu’il n’est pas venu pour l’indépendance mais pour l’application de la loi islamique », selon un employé de la direction régionale du Trésor.

Prise dimanche par des rebelles touareg et des mouvements islamistes, cette cité historique est tombée lundi sous le contrôle des islamistes armés d’Ansar Dine (défenseurs de l’islam) avec le soutien d’éléments d’Aqmi, selon des témoins.

Ces deux groupes ont rapidement chassé les touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le MNLA, qui se revendique laïque, ambitionne un Etat touareg, tandis que les islamistes veulent imposer la charia (loi islamique) à tout le Mali.

Le groupe Ansar Dine, qui contrôle depuis lundi la ville malienne de Tombouctou, « est étroitement lié à Aqmi », a souligné lundi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

La France veut mobiliser contre le « péril islamiste » au Sahel et contre Aqmi, à la fois au niveau régional et au Conseil de sécurité de l’ONU, a indiqué M. Juppé, alors que Paris a obtenu de ses partenaires du Conseil de sécurité un « accord de principe » sur une déclaration sur le Mali qui pourrait être adopté mardi soir ou mercredi.

« Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord (du Mali). D’autres, avec Aqmi, pourraient envisager de s’emparer de l’ensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste », a mis en garde M. Juppé.

A Tombouctou, les hommes d’Iyad Ag Ghaly font désormais la loi: ils récupèrent des biens volés et invitent les propriétaires à venir les récupérer, selon un témoin. Ils ont également arrêté et traîné en ville des jeunes ligotés qui s’apprêtaient à incendier un bâtiment public. Ils ont menacé la prochaine fois de couper des mains.

Profitant du putsch à Bamako contre le pouvoir d’Amani Toumani Touré le 22 mars, les rebelles touareg, des militants islamistes, sans oublier des supplétifs du régime libyen rentrés au pays lourdement armés après la chute de Kadhafi en août 2011, sont passés à la vitesse supérieure.

En trois jours, les trois capitales du nord, Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest) sont tombées sans presque aucune résistance d’une armée malienne sous-équipée et désorganisée.

« Haute trahison »

Interrogé mardi par la radio française RFI, le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt a évoqué des « mouvements » rebelles « autour de Mopti », une ville à mi-chemin entre Bamako et Tombouctou et qui marque la limite avec le nord du pays.

La question est désormais de savoir si les rebelles veulent progresser vers le sud et aller jusqu’à Bamako, et s’ils en ont les moyens.

« Je ne vois aucun secteur géographique sur lequel l’armée malienne serait susceptible de stopper l’avancée des rebelles », s’est inquiété M. de Raincourt.

Alors qu’elle avait justifié son action contre ATT par l’incapacité du régime à écraser la rébellion, la junte semble totalement dépassée.

Soumise depuis lundi à un embargo diplomatique, économique et financier imposé par la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), elle a annoncé la tenue à partir de jeudi d’une « convention nationale » sur l’avenir du Mali à laquelle elle a convié tous les partis politiques et la société civile.

Elle a également envisagé des poursuites contre le président renversé Amadou Toumani Touré pour « haute trahison et malversation financière ».

Mardi, c’est l’Union africaine (UA) qui a adopté à son tour des sanctions contre les membres de la junte, en coopération avec la Cédéao.

Le département d’Etat américain a de son côté prononcé mardi des restrictions de voyages vers les Etats-Unis à l’encontre des membres de la junte militaire au Mali. Les Etats-Unis ont réitéré leur appel au chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, et à ses partisans, à « rétablir sans attendre un gouvernement civil », a déclaré le département d’Etat dans un communiqué.

Une délégation des putschistes était mardi au Nigeria pour « expliquer la situation » et, selon une source du ministère nigérian des Affaires étrangères, l’objectif des discussions serait de proposer aux putschistes « une sortie honorable » en échange d’une forme d’amnistie.

Les premiers effets de l’embargo sont apparus à Bamako avec la formation de files d’attente devant des stations essence par crainte de pénurie.

La Cédéao, qui ne relâche pas sa pression, a prévu jeudi une réunion des chefs d’état-major de ses pays membres à Abidjan qui sont chargés de monter une force militaire régionale pour faire face à la crise.

A cause de cette crise, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 200.000 Maliens ont fui leurs maisons depuis fin janvier et cherché refuge ailleurs dans le pays ou à l’étranger: Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Algérie.

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