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Biens mal acquis : feu vert pour un mandat d’arrêt international

©KEPSEU JEAN PIERRE/PANAPRESS/MAXPPP Les dirigeants du Gabon, où la manne du pétrole ne bénéficie pas aux populations les plus pauvres, sont également dans la ligne de mire des ONG et de la justice française.
Les dirigeants du Gabon, où la manne du pétrole ne bénéficie pas aux populations les plus pauvres, sont également dans la ligne de mire des ONG et de la justice française.
La décision du procureur est un nouveau pas franchi dans les poursuites judiciaires lancées en France contre les détenteurs africains de « biens mal acquis ». La justice s’intéresse aussi aux nombreux comptes bancaires et propriétés en France de deux autres clans présidentiels africains.

Ministre de l’agriculture de Guinée, Téodorin Obiang est poursuivi en France pour « blanchiment » de fonds publics détournés de son pays, riche en pétrole.

Caverne d’Ali Baba

Les juges d’instruction Roger Le Loire et René Grouman avaient saisi en février pour plusieurs dizaines de millions de meubles anciens, objets d’art et grands vins accumulés dans l’hôtel particulier parisien de l’avenue Foch utilisé par le ministre. Fin 2011, ils y avaient déjà saisi des voitures de luxe, Bugatti et Ferrari notamment.

La police a aussi établi que 26 autres voitures de grand prix et des motos avaient été exportées par le ministre, depuis les États-Unis vers la Guinée en novembre 2009, via l’aéroport de fret de Vatry, dans la Marne.

Opiniâtreté des ONG

La procédure judiciaire en cours n’a été rendue possible que grâce à l’opiniâtreté des ONG qui on révélé les trafics et porté plainte…à partir de 2007 : Transparence International France, le CCFD-Terre solidaire, Sherpa. Face à l’obstruction du parquet, Transparence International est allée jusqu’à la Cour de Cassation où elle a finalement obtenu la recevabilité de sa plainte, fin 2010. Le Secours Catholique lutte avec ces associations au sein de la plateforme associative contre les paradis fiscaux.

« Mon fils n’a pas pris d’argent »

Dans un entretien à France 24, Téodoro Obiang, le chef de l’État équato-guinéen a défendu son fils : « Mon fils est entrepreneur, il travaille […] Il a une entreprise qui fait des routes et travaille avec certaines sociétés étrangères. Il n’a pas pris d’argent », a-t-il déclaré.

Aveu de confusion d’intérêts

Pour Grégoire Niaudet, chargé de plaidoyer international au Secours Catholique, cette déclaration est un aveu de confusion des intérêts publics et privés existant au plus haut niveau de l’État équato-guinéen. Le chargé de plaidoyer rappelle une règle de base de la bonne gouvernance, selon laquelle « un responsable politique ne doit pas bénéficier de marchés publics ».

Le président Obiang a menacé la France de « conséquences néfastes » sur les entreprises françaises opérant en Guinée équatoriale et de rupture des relations entre les deux pays.

Halte à l’accaparement des richesses

Grégoire Niaudet salue pour sa part « le courage et la morale placés au dessus des intérêts économiques, opposés à l’accaparement par un clan familial des richesses d’un pays au détriment de sa population ».

Le lancement probable du mandat d’arrêt contre Téodorin Obiang ne signifie pas qu’il sera effectivement appréhendé. En revanche, M. Obiang risque de voir sa liberté de déplacements fortement réduite. Il ne peut déjà plus se rendre en France (sauf à vouloir répondre à la justice) et il devra également éviter les États-Unis, autre grande base de ses emplettes.

François Tcherkessoff

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