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Secteur forestier gabonais : Une forte volonté politique de valoriser les ressources vertes

Les autorités gabonaises envisagent d’accroître la contribution du secteur forestier à l’économie nationale, à travers une meilleure gestion des forêts, une transformation plus poussée du bois et plus de mesures de conservation et de valorisation de la biodiversité, a-t-on appris lors d’une formation en cours dans ce pays. Lundi 21 mai 2012 | 16:54 UTC CommentairesImprimerEnvoyer
Les objectifs de « Gabon vert », soutenus par les organisateurs et les participants de cette formation destinée aux opérateurs chinois, une présence non négligeable dans ce pays, réaffirment la forte volonté politique manifestée depuis une dizaine d’années par le gouvernement gabonais de valoriser ses 23 millions d’hectares de forêts, soit un taux de couverture de 85%, l’un des plus élevés dans le monde.

Suite à un « conservation coup » en 2002 avec la création de 13 parcs nationaux couvrant 11% du territoire, un « shock therapy » en 2010 interdisant toute exportation de bois non transformé, le Gabon suit actuellement une feuille de route vers l’application des critères de légalité et de traçabilité pour s’assurer l’accès au marché européen.

« Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, le président Ali Bongo Ondimba attache une très grande importance à une valorisation durable de l’écosystème gabonais. ‘Gabon vert’ constitue un des trois piliers de son programme politique de faire du Gabon un pays émergent », explique Sun Jiwen, ambassadeur de Chine au Gabon.

Déterminé dans la vision de dynamisation de la filière bois contenue dans le Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE), horizon 2016, le Gabon attend beaucoup des contributions des partenaires internationaux et des organisations non gouvernementales, affirme Gabriel Tchango, ministre des Eaux et Forêts.

GENERALISER LE PROCESSUS D’AMENAGEMENT DES FORETS

Pour mieux gérer ses forêts, le gouvernement gabonais vise à généraliser le processus d’aménagement à l’ensemble des forêts attribuées, dans un délai de trois ans, déclare Paul Koumba Zaou, directeur général des forêts du ministère des Eaux et Forêts.

« Tous les opérateurs forestiers sont contraints au respect des pratiques de l’aménagement », souligne le chef des forêts aux responsables des compagnies forestières chinoises lors de cette formation organisée par le ministère des Eaux et Forêts et World Wildlife Fund (WWF).

Selon les statistiques du ministère, parmi les 14,5 millions d’ha de forêts concédés, 13,5 millions d’ha sont engagés dans le processus d’aménagement, dont 6,2 millions aménagés et 7,3 millions en conventions.

En plus, le total de la superficie des forêts concédées, ou le domaine productif, sera ramené à 11 millions d’ha, c’est-à-dire 12 millions d’ha des forêts au Gabon seront réservés pour d’autres types d’utilisation de l’espace, y compris les 3 millions d’ha des aires protégées des 13 parcs nationaux.

« L’Etat a l’obligation et le droit d’exiger des opérateurs d’accomplir les plans d’aménagement des forêts qui leur sont concédées. Du côté des opérateurs, le défi économique et environnemental lié au développement du secteur forestier est tellement évident, il faut tout simplement adhérer aux politiques du pays hôte », observe Xu Jie, responsable de Transport Bois Négoce International (TBNI), un des 21 opérateurs chinois présents au Gabon.

TBNI a accompli ses études d’aménagement de son domaine de 400.000 à 500.000 ha, y compris le répertoire des essences, l’enquête des faunes et les impacts socio-économiques, confirme la direction de l’aménagement de la compagnie.

Pour Sunly IFL Industrie, un opérateur chinois qui dispose de 987.000 ha concédés, « la moitié a été aménagée et l’aménagement pour le reste est en cours », révèle Xu Yingbin, directeur de marketing de cet investissement au Gabon de China National Cereals, Oils and Foodstuffs Corporation (COFCO), une des plus grandes sociétés d’Etat en Chine.

VERS UNE TRANSFORMATION DU BOIS PLUS POUSSEE

Les premières retombées de la politique annoncée au mois de novembre 2009 qui interdit depuis 2010 tout export des grumes au profit de la transformation locale de toutes les essences, consolident l’ambition des autorités gabonaises de « devenir une référence en matière de transformation du bois ».

En moins de deux ans d’application rigoureuse de cette mesure surnommée « shock therapy », « la part de la filière bois dans le produit intérieur brut (PIB) est passée de 4,5% à 8% en 2011 », annonce le directeur général des forêts.

En effet, un fort accent sur l’industrialisation marque déjà le Code forestier promulgué en 2001, mais dans les pratiques il était difficile d’encourager la transformation locale tant que l’exportation des grumes restait possible, explique Bède Lucius Moussavou Makanga, coordonnateur des programmes forêts et industries extractives à WWF-Gabon.

C’est donc la décision du Conseil des ministres de zéro tolérance aux exports de grumes qui a permis une vraie croissance de la transformation, et ceci démontre la détermination ferme de l’administration gabonaise dans la gestion durable des ressources, a-t-il ajouté.

Dans les années à venir, le gouvernement envisage d’aménager cinq domaines industriels du bois (Lambaréné, Lastourville, Mouila, Mitzic, Ndjolé) pour la première transformation (sciage, déroulage et tranchage), de créer une école des métiers, d’élaborer une charte des investissements, d’élaborer des incitations fiscales, d’encourager les partenariats entre le PME/PMI locales et les investisseurs étrangers, et le partenariat public-privé.

Puisque l’industrie du bois existante présente une prédominance de la première transformation avec un rendement de matière de 60%, le gouvernement gabonais compte également augmenter davantage la valeur ajoutée du bois avec la deuxième (panneaux, moulures, profilés rabotés et parquets) et troisième transformation (produits finis et composites de la menuiserie et d’ébénisterie), précise le ministère des Eaux et Forêts.

PRIORITE A LA LEGALITE ET LA TRACABILITE

Engagé depuis 2009 dans des négociations bilatérales devant aboutir à la signature avec l’Union européenne de l’Accord de partenariat volontaire (APV) du processus FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade), selon lequel à compter du mars 2013, tout bois entrant dans l’UE devra être légal, le Gabon dispose de moins de 10 mois pour finaliser avec l’UE une grille de légalité et de traçabilité de ses produits destinés aux marchés européens.

« Nous ne pouvons pas perdre les devises apportées par le marché européen. En plus, une bonne gouvernance dans le cadre de la légalité et la traçabilité ouvre les portes à d’autres marchés à nos produits, » confirme à Xinhua Jacques Mouloungou, conseiller au ministre des Eaux et Forêts.

En 2011, 290.937 des 691.401 m3 des produits bois gabonais, soit 42%, sont vendus aux pays européens, faisant de l’Europe le premier marché du bois de Gabon, devant l’Asie (251.075 m3, soit 36%), l’Afrique et autres (149.389 m3, soit 22%).

Les autorités gabonaises vont tout faire pour réussir l’application de la grille de légalité pour ne pas être en marge du processus FLEGT à l’horizon 2013, affirme M. Mouloungou, ajoutant que pour l’instant les négociations avec l’UE accusent deux semaines de retard par rapport à la feuille de route.

Une fois l’APV signé, les opérateurs au Gabon pourraient demander une licence FLEGT pour exporter leurs produits vers l’Europe. Parallèlement, ils peuvent aussi obtenir des certificats attestant de la conformité de leurs activités d’un standard ou référentiel dont les normes sont reconnues à l’échelle mondiale.

Les opérateurs rencontrés par Xinhua confirment leur adhésion à cette orientation du gouvernement gabonais. « Le gouvernement a décidé de travailler dans les normes, tout le monde doit le suivre », annonce Franck Chamberier, Industrie Bois Négoce Du Gabon (IBNG), opérateur gabonais qui dispose de 120.000 ha de forêts concédés et deux usines de transformation.

Jin Zhonghao, directeur GFTN (Global Forest Trade Network) de WWF-Chine, salue l’action des autorités et des opérateurs gabonais pour une bonne réputation de la gestion de leurs forêts. Ces efforts épousent les tendances actuelles de développement durable et de commerce équitable, affirme l’invité spécial qui se trouve au Gabon au mois de mai pour la formation aux opérateurs chinois sur les critères du bois certifié au système Forest Stewardship Council (FSC).

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