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Ali Bongo devant le Congrès du parlement dit “Non au dialogue”

Devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, le président Ali Bongo a affirmé qu’il ne dialoguerait pas avec l’opposition, rejetant ainsi l’idée d’une Conférence nationale. Si le discours était de bonne facture à bien des égards, il n’en a pas moins déçu l’opinion qui s’attendait à une annonce d’une autre envergure.

Le Congrès du Parlement, convoqué ce 12 septembre par le président de la République gabonaise, a été bien en deçà des attentes et surtout de la grosse surprise, annoncée la veille par le porte-parole de la présidence de la République. La sortie d’Alain Claude Billié Bi Nzé pour annoncer ce qui, au final, n’aura pas été une déclaration, mais juste un discours, n’a rimé avec l’intervention d’Ali Bongo que concernant le rejet de l’organisation d’une conférence nationale souveraine dans le pays. Ce qui ne fut pas une surprise…

Pour bon nombre d’observateurs interrogés par la suite, la posture du président ressemblait à celle d’un Premier ministre, tant le discours oscillait entre une déclaration de politique générale et un discours de campagne électorale. Ainsi que déjà indiqué sur Gabonreview, de tradition au Gabon, les deux chambres du Parlement n’ont été réunies en congrès qu’à l’occasion d’une révision constitutionnelle, ainsi qu’il en a été le cas le 28 décembre 2010 pour l’adoption de l’actuelle constitution et en 1995 après la signature des Accords de Paris en 1994. On s’attendait donc à ce que le chef de l’État livre aux parlementaires une déclaration d’extrême importance. On s’attendait à un électrochoc. Il n’en aura rien été.

Face aux députés et sénateurs réunis au palais Léon Mba, siège de l’Assemblée nationale, le président de la République a, d’entrée de jeu, décliné l’objet la convocation de ce congrès : «Le sujet important qui me conduit à m’exprimer devant vous est notre pays, le Gabon. Je suis donc venu vous parler du Gabon. Je suis venu vous parler de notre pays. Je suis venu vous parler de cette belle nation que nous devons réapprendre à aimer de toutes nos forces.» Et pour parler de ce Gabon, l’essentiel de l’allocution d’Ali Bongo a porté sur le peuplement du Gabon, l’unité nationale, les acteurs politiques qui demandent la conférence nationale, les réalisations sous son mandat et les projections pour l’avenir sur la base du «Plan stratégique Gabon émergent».

Unité nationale et nécessité de rupture

Abordant les sujets de l’unité nationale et de la politique politicienne, le président Ali Bongo a indiqué la nécessité d’une rupture : «Aujourd’hui, nous devons opérer une rupture. Rupture avec ce qui n’a pas bien fonctionné, rupture avec ces vingt dernières années de marche à reculons (…) Nous devons nous défaire des pesanteurs du passé et nous orienter résolument vers notre destin commun qui nous impose de réussir.» De ce fait, le président de la République a rappelé que «l’hyper-politisation de notre société et nos multiples incohérences ont été un frein à son développement pourtant bien engagé (…) Nous avons passé beaucoup trop de temps à ne faire que la politique au détriment du développement économique et social de notre pays et du bien-être de ses populations.»

Le président Bongo a annoncé que «le temps est venu pour nous de tourner la page. La page de la contestation honteuse, fondée sur le tribalisme. Le temps de la recherche d’une promotion non pas sur la base du mérite, mais sur la seule appartenance ethnique ou tribale. Ces temps-là sont révolus.»

Conférence nationale

Ali Bongo a déploré que les promoteurs actuels d’une conférence nationale avaient, par le passé, refusé ce type d’assises parce qu’elles devaient alors induire un renouvellement du personnel politique et parce qu’elles ne servaient pas leurs intérêts. «Ils la refusaient parce qu’elle risquait d’ouvrir la voie à de nouvelles forces politiques auxquelles ils ne voulaient ni ne pouvaient faire face», a souligné Ali Bongo avant d’ajouter : «ce sont les mêmes qui hier ont été jusqu’à introduire dans la Constitution de la République, un âge limite pour accéder à la fonction ministérielle, pensant ainsi me punir de m’être montré favorable au dialogue politique.»

Ali Bongo qui a réitéré qu’il reste incontestablement «un homme de dialogue et d’ouverture», a martelé qu’il ne redoute en aucune manière le dialogue. Il a cependant marqué son refus de commercer avec certains de ses adversaires politiques : «Je ne dialoguerai pas avec des personnes qui ne respectent ni les institutions de leur propre pays, ni ceux qui les incarnent, encore moins les lois de la République.»

Plan stratégique Gabon émergent

Le chemin parcouru depuis son arrivée au pouvoir a figuré en bonne place dans cette allocution. Ainsi, Ali Bongo est revenu sur la politique de réforme économique et sociale qu’il a mis en œuvre et dont les premiers résultats sont salués sur la scène internationale, notamment par «les organismes les plus compétents.» Ce qui n’est certes pas suffisant mais stimule la volonté de faire mieux et de poursuivre les réformes.

A cet effet, le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) qui est la déclinaison dans le concret du projet de société sur la base duquel le président a été élu devrait permettre de «doter notre pays d’infrastructures structurées et plus compétitives assurant une croissance durable de notre économie. Les premiers fruits sont à présent visibles. Nous enregistrons en effet depuis 2010, une croissance économique qui oscille entre 5,6% et 6,7% dans un environnement international secoué par la pire crise économique survenue depuis des décennies», a rappelé le président. L’exécution de ce plan «donnera une impulsion décisive à la diversification de l’économie gabonaise, stimulera l’investissement local et étranger direct afin d’améliorer les conditions de vie des populations», a rassuré Ali Bongo.

Références et autres sujets

La réunion des deux chambres du Parlement en congrès a permis au président Ali Bongo d’aborder une multitude de sujets tout aussi importants les uns que les autres. Il s’est notamment référé à l’histoire du Gabon pour indiquer que le peuple Gabonais est le fruit d’une diversité d’origines qui, se retrouvant sur un même territoire, ont entrepris de partager les mêmes valeurs et qui doivent, de ce fait, s’accepter dans la solidarité et le respect des différences.

Ali Bongo a usité d’une multitude de références, citant le cas d’Albert Schweitzer, personnalité intégrante de l’histoire du pays, pour évoquer l’édification de la nation gabonaise. Il a cité Antoine de Saint-Exupéry – «quand tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis» – pour fustiger l’exclusion et promouvoir l’acceptation de l’autre. Il a également abordé le sujet fâcheux du repli ethnique et sollicité la préservation du vivre ensemble gabonais. Rappelant que tous les gabonais doivent se considérer comme des citoyens à part entière du pays et qu’ils doivent participer pleinement au développement du pays, il a invité les Gabonais à plus de patriotisme.

Clôturant ce congrès du parlement, Guy Nzouba Ndama, président de l’Assemblée nationale et principal hôte de l’évènement, a noté à l’adresse du président de la République que dans l’hémicycle, «Tout le monde était suspendu à vos paroles, tout le monde s’abreuvait de vos paroles, tellement elles étaient poignantes, elles étaient riches, elles étaient denses. Le Parlement est prêt à jouer le rôle central qui est le sien au cœur de notre démocratie et c’est en ce sens, monsieur le président de la République, que je puis vous assurer de son concours sans faille dans votre tâche. Nous souhaitons un plein succès aux initiatives que vous prenez, que vous prendrez au service du Gabon et pour lequel nous formons avec vous les vœux les plus ardents.»

On retiendra surtout de ce discours, chargé de références et de culture à la gloire du Gabon, qu’il aura désappointé nombre de partisans du président qui s’attendaient à des annonces fortes et concrètes et non à une exhortation à tenir coûte que coûte dans l’adversité. Avec une certitude tout de même : le président Ali Bongo Ondimba ne veut pas entendre parler de Conférence nationale souveraine.

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