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Mali : l’ONU ouvre la voie à une intervention militaire au Mali

Des islamistes patrouillent à Gao, la grande ville du nord du Mali, en juillet. | AFP/ISSOUF SANOGO
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité, vendredi 12 octobre, une résolution appelant les organisations régionales africaines et les Nations unies à présenter sous 45 jours un plan d’intervention visant à reconquérir le nord du Mali, sous contrôle de Touareg et d’islamistes. Les quinze pays membres du Conseil ont souligné leur « grave préoccupation à propos de la dégradation continuelle de la sécurité et de la situation humanitaire dans le nord du pays, de l’enracinement croissant d’éléments terroristes.

La résolution charge le secrétariat général de l’ONU de travailler avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine pour présenter des « recommandations détaillées et praticables » en vue d’une intervention armée. Il s’agit notamment d' »un concept opérationnel », d’une liste de troupes et d’une évaluation des coûts. Le texte, mis au point par la France et soutenu par d’autres pays Européens, invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à « s’impliquer dès que possible dans un processus de négociation crédible ».

Profitant de la confusion qui a suivi le coup d’Etat militaire du 22 mars, les séparatistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont emparés du nord du pays avec le soutien d’Ansar Dine, un mouvement islamiste lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Des dissensions sont ensuite apparues entre les deux formations. Les séparatistes touareg ont proclamé l’indépendance de la zone, mais les djihadistes ont récusé l’initiative et se sont engagés à poursuivre leur combat pour l’instauration de la « charia » dans tout le pays. Mieux armés, ces derniers ont désormais pris le dessus.

HOLLANDE : « LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE SE TIENDRA AUX CÔTÉS DES MALIENS »

Fin septembre, la France avait présenté un projet de résolution visant à inciter les autorités maliennes, la Cedeao et l’Union africaine à soumettre dans les 30 jours un projet d’opération précis permettant l’envoi d’une force africaine dans le nord du pays. Ce délai a finalement été repoussé à 45 jours. « C’est toute la communauté internationale qui se tiendra aux côtés des Maliens dans cet effort », a promis, vendredi, François Hollande au cours de son déplacement en Afrique.

Selon lui, la résolution « a une double dimension, politique et militaire » et « l’une ne peut aller sans l’autre ». « Elle prépare un futur déploiement d’une force internationale au Mali, sous mandat de l’ONU » et « appelle les groupes armés maliens, je pense en particulier aux Touareg, à se dissocier du terrorisme et à choisir la voie de la réconciliation ». La diplomatie française estime que la présence d’islamistes fait peser une menace terroriste sur toute la région ainsi que sur les intérêts occidentaux, et juge une intervention militaire inévitable. La France devrait avant tout offrir un « soutien logistique » à la force africaine qui sera déployée, « mais pas d’hommes au sol », a indiqué M. Hollande.

RECONSTITUER L’ARMÉE MALIENNE

Cette résolution représente une étape intermédiaire avant que l’ONU ne donne éventuellement son feu vert formel à l’opération militaire comme le demande le Mali. Ce n’est que dans un deuxième temps, au mieux à la fin de l’année, et par une deuxième résolution, que le Conseil autorisera le déploiement d’une force qui prendra de toutes façons plusieurs mois. Il faudra d’abord reconstituer l’armée malienne mise à mal par un coup d’Etat et une défaite militaire face aux rebelles du Nord.

Le Conseil se contente de dire qu’il « répondra à la demande » malienne d’intervention une fois qu’il aura les renseignements demandés. Il demande notamment des détails sur les modalités de cette intervention avant de statuer sur un mandat. En attendant, il invite les pays membres de l’ONU et les organisations comme l’Union européenne à commencer à entraîner et équiper l’armée malienne, qui devra mener la reconquête, et à « soutenir les efforts pour combattre les groupes terroristes ». L’UE envisage l’envoi rapide de 150 instructeurs militaires et en discutera lundi entre ministres des Affaires étrangères.

Une réunion se tiendra le 19 octobre à Bamako avec les principaux acteurs régionaux pour tenter de mettre au point une « stratégie cohérente », selon un diplomate. Dans le même ordre d’idées, l’ONU vient de nommer un envoyé spécial pour le Sahel en la personne de l’ancien chef du gouvernement italien Romano Prodi. Les Etats-Unis ont indiqué qu’ils soutiennent une éventuelle intervention militaire dans le nord du Mali, mais soulignent que la crise au Mali se réglera par une « approche globale » mêlant « la question de la démocratie et de la gouvernance, celle du sort des Touareg, le dossier du terrorisme et celui de la crise humanitaire ».

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 12.10.2012 à 23h57 • Mis à jour le 13.10.2012 à 04h

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