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Le cas Ndemezo’o Obiang

La campagne d’explication menée tout dernièrement par le Parti démocratique gabonais dans le Woleu-Ntem a eu pour cibles, entre autres, le député de Bitam, René Ndemezo’o Obiang, hiérarques s’il en est du PDG. L’homme est également vilipendé par de nombreux journaux proches du pouvoir. Contours et interrogations essentielles.

Des titres proches du pouvoir s’en prennent depuis peu à l’ancien ministre et ancien secrétaire général adjoint et porte-parole du PDG. Ces attaques sur une personnalité fidèle et loyale au «système» sont-elles justifiées ? Il est, semble-t-il, reproché à l’élu de la commune de Bitam d’avoir plaidé pour la tenue d’un dialogue politique au Gabon.

Si tel est le motif réel, pourquoi la même presse ne s’en prend-elle pas à René Radembino Coniquet, à Jean-François Ntoutoume Emane et surtout à Paul Biyoghé Mba, «élève d’un grand professeur de politique pratique et expérimentale», qui était allé jusqu’à déclarer lors de l’ouverture officielle de la session de septembre du Conseil économique et social que «toute voie qui s’écarterait du dialogue, de l’échange, de la discussion, me paraît incertaine à court, moyen et long terme», précisant au passage que «nous les Gabonais, en particulier, avons la culture du dialogue» ? La presse attaque René Ndemezo’o Obiang sur sa vie privée (il disposerait d’un compte dans une banque camerounaise, mais la loi gabonaise interdit-elle aux Gabonais d’ouvrir des comptes à l’extérieur ?), sur sa famille (son petit frère aurait battu campagne pour André Mba Obame, mais le PDG interdit-il à ses membres d’avoir des proches qui votent différemment, et Ndemezo’o Obiang est-il au PDG le seul ayant un frère qui a voté autrement ?). Après la campagne électorale, René Ndemezo’o Obiang n’avait-il pas accepté que quelques-uns de ses proches soient limogés des postes qu’ils occupaient à Artel ou à l’AGP ?

Selon un responsable adu PDG : «René Ndemezo’o Obiang a vécu une mauvaise fin d’année 2011 ; il a d’abord perdu la Culture, puis la CAN. Le début de l’année 2012 a été encore plus cruel pour lui. Il est débarqué du gouvernement en février, au moment où un ressortissant du Woleu-Ntem accède pour la première fois au poste de Premier ministre, alors qu’il aurait pu s’attendre à une certaine reconnaissance de la part des plus hautes autorités de l’État pour le travail qu’il a abattu à Bitam sur le plan politique pendant une vingtaine d’années. Il a vécu cela comme une humiliation, alors qu’il venait quand même de passer 12 ans dans l’équipe gouvernementale. On dit, à tort ou à raison, qu’il conteste un homme qu’Ali Bongo a nommé, Raymond Ndong Sima, qui, pour lui, n’aurait pas de légitimité à ce poste pour diverses raisons. Vous vous rappelez la lettre ouverte adressée au chef de l’État par des cadres de Bitam qui lui sont proches, dans laquelle ils contestent même Honorine Nzet Bitéghet, nommée membre du gouvernement ; parce que l’époux de celle-ci est du Moyen-Ogooué, elle ne devait pas être nommée à sa place comme ministre de Bitam. A partir de ce moment-là, on a eu l’impression qu’il ne jouait plus «collectif». Donc, qu’il ne soit pas surpris d’être combattu sur le terrain. Charles Mvé Ellah et Honorine Nzet Bitéghet vont s’en occuper.» Pourtant, dans son discours du 24 août à Bitam, l’ancien secrétaire général adjoint du PDG avait réaffirmé son attachement à sa formation politique. Entre l’appel à la tenue d’un dialogue politique au Gabon, pour les uns, et la contestation d’une ou deux nominations, pour les autres, où est la vérité ?

Il est indéniable que René Ndemezo’o Obiang a été un serviteur zélé de cette formation politique en 1990 et après. Porte-parole du parti et du Gouvernement, il a ferraillé contre les forces opposées au PDG. Il s’est battu au sabre face à l’adversité à Bitam, face à Simon Oyono Aba’a, «seigneur des seigneurs de cette ville». A Bitam et ailleurs, il a pris fait et cause pour Omar Bongo et le PDG. Il a même parfois, comme d’autres, fait passer les intérêts du système avant ceux de la nation.

Mais quel sens peut-on donner à toute cette campagne de presse contre lui ? Est-ce juste parce qu’il s’est rangé du côté de ceux qui, dans l’opposition et même au PDG, se sont prononcés pour la tenue d’un dialogue politique ? «Le pouvoir-PDG a toujours brûlé ses «enfants» qui lui suggèrent d’autres voies. Avant Ndemezo’o, ils ont brûlé Assélé, Mayila, Moussirou», souligne un universitaire spécialiste des questions politiques. Pour celui-ci, «c’est un aveu accablant : sur les grands sujets politiques et de société, le PDG n’aime pas le débat en son sein».

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