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Rats et souris sont-ils devenus des snobs ?

Vivre à Libreville, c’est partager sa maison et son jardin avec un certain nombre d’occupants inévitables : les rats et les souris. Un de nos lecteurs nous a fait parvenir ce texte plein d’humour que nous ne pouvons nous empêcher de partager…

Avant de commencer, il serait important de faire une classification des animaux domestiques. Il y a donc d’une part, les animaux de compagnie tels que les chiens et les chats, ceux qui sont élevés pour leur chair comme les poules et les canards, et d’autre part, ceux qui horrifient et terrorisent les hommes depuis toujours ? C’est le cas des rats, des souris et des cafards. Compte tenu de leur réputation, les deniers du classement sont en perpétuelle guerre avec les humains.

Naturellement, les rats et les souris vivaient dans la nature ; puis avec la sédentarisation de l’homme, ils ont trouvés en sa demeure un bel abri contre les intempéries. Mieux, les restes des repas humain constituaient une importante source de nourriture. Mais cette cohabitation ne s’est pas faite sans causer quelques heurts.

Ces rongeurs qui construisaient des nids ou des terriers qu’ils tapissaient de feuilles ou de coton, ont commences a découper les vêtements des hommes pour en faire des matelas. Ne voulant plus se contenter des restes des repas, ils ont décidés d’aller se servir soit dans les réserves, soit dans les marmites ou les assiettes de leurs colocataires, exacerbant ainsi, la colère de ces derniers. Tenez, ils raffolent même du bon vin. Alors qu’un soir, quelques goutes de Merlot (grand sud) étaient restés sur le set de table, quelle ne fut pas ma surprise deux heures après le repas, de voir qu’une souris qui m’avait remplacé sur les lieu, se délectait tranquillement de ces gouttes a grosses lampées.

Poussant le vice plus loin, ils ont colonisé nos armoires à linge, nos housses et autres valises qui sont devenus des maternités chics. Désormais les petits naissent sur des billets de banque chapardés ça et là ou sur des tissus préalablement sélectionnés tel que la soie, le lin ou du «super cent-vingt».

Et avec le temps, certains de nos congénères à poils ont décidés de quitter les égouts et les bas quartiers pour investir les hôtels de luxes et les palais. Ce ne sont pas les gouvernantes, intendants et dames de ménages des ces lieux huppés qui le démentiront.

Lorsqu’on parle de rats et de souris, il est important de préciser que les stars cites ci-haut sont le rat noir dont le nom scientifique est (rattus rattus) et de la petite souris brune que l’on rencontre quotidiennement sous nos meubles. Vu leurs affronts, l’indifférence avec laquelle elles traitent nos vociférations et nos menaces, comment ne pas comprendre qu’elles nous snobent au quotidien ?

Dieu-Donne Kumbaht
Environnementaliste, Spécialiste en ornithologie, Membre Wetlands international.

Cette invasion de rongeurs à Libreville n’est pas le fait du hasard ou de la fatalité. Les premières causes sont l’absence d’hygiène, la persistance de dépôts d’ordures à proximité des maisons et la mauvaise qualité des matériaux de construction. Les souris en particulier cherchent les trous, les espaces, même très petits, par lesquels elles peuvent s’introduire afin de venir y chercher la nourriture.

Les manquements de la mairie dans le ramassage des ordures ont permis aux rats de proliférer au point qu’il est maintenant impossible de s’en débarrasser. Il n’est pas rare de voir ceux-ci traverser la route, regarder passer les piétons depuis un muret ou un tas d’immondices, voire passer tranquillement à proximité d’un groupe de clients dans un restaurant de quartier.

En raison de leur métabolisme et de leur régime alimentaire très proches de ceux de l’homme, le rat peut lui transmettre des maladies. Ainsi, là où un chat sauvage aurait quinze maladies dont une pourrait être transmissible si vous êtes malchanceux, un rat sauvage n’en aura que trois, mais deux d’entre elles seront transmissibles. Le risque sanitaire posé par les rats n’est donc pas dû à une prétendue «saleté» liée à leur vie dans les déchets. Au contraire, ils sont très propres et, comme les chats, se nettoient minutieusement plusieurs heures par jour, même s’ils vivent dans les égouts et les dépôts d’ordures.

Les rats peuvent véhiculer de nombreuses maladies, dont la plus célèbre est la peste qui afflige encore de nombreux pays et continue à provoquer environ une centaine de décès par an. La peste est aujourd’hui considérée comme une maladie ré-émergente. Plus de 20 pays déclarent aujourd’hui officiellement des cas de peste, essentiellement en Afrique. Il n’y a pas eu de cas de peste au Gabon depuis un certain temps déjà, du moins concernant les humains, mais les pays frontaliers font régulièrement état d’épidémies localisées et il suffirait de quelques cas pour que la maladie se répande rapidement.

Mais le rat est capable de transmettre d’autres maladies moins connues et pourtant assez répandues :

La teigne, causée par des champignons microscopiques, est transmissible à tout le règne animal (mammifères, reptiles, oiseaux… et humains).
La leptospirose ou maladie de Veil : transmissible par l’urine du surmulot qui provoque des douleurs abdominales, des diarrhées et des vomissements.
La fièvre aphteuse, une maladie très contagieuse qui atteint également les bovins et les porcs mais également les moutons et les chiens.
La toxoplasmose qui peut être responsable de malformations fœtales si la maladie est contractée par une femme enceinte.
La salmonellose dont le bacille provoque la fièvre typhoïde et des intoxications graves par contamination des aliments.
Le typhus murin qui se caractérise par une forte fièvre et se transmet par la puce du rat.
Les souris, elles aussi, peuvent répandre en particulier la teigne et l’encéphalite transmise par les parasites du pelage, notamment les tiques.

Hormis les maladies, les rats et souris sont aussi de grands destructeurs, rongeant cartons, papiers et gaines de câbles électriques, et c’est en général pour ces motifs là que beaucoup tentent de s’en débarrasser, sachant qu’ils pullulent à ce point dans la ville que ce ne peut être que pour un répit de quelques semaines.

Il existe trois méthodes pour se protéger des rats :

La lutte biologique : on lance contre les rongeurs leurs prédateurs naturels c’est-à-dire les chiens, les chats. Aux Comores, on utilise des mangoustes.
Le piégeage qui est assez peu efficace car les rats sont très intelligents et déjouent facilement les pièges sans y laisser un seul poil.
Les produits chimiques : l’arme quasi absolue est au point. Ce sont les raticides à base d’anticoagulants. Ils assurent un succès à 90%.
L’action de ces produits provoque des lésions hémorragiques qui entraînent la mort par asphyxie à retardement. Attention tout de même car ces produits sont tout aussi toxiques pour les animaux domestiques et les enfants.
Il n’existe cependant aucune arme vraiment absolue tant le rat s’adapte à toutes les nouvelles situations. Certains rats ne succombent pas à des doses mortelles de raticide. Des chercheurs britanniques se sont aperçus qu’ils produisaient plus de vitamine K que la normale, stoppant les hémorragies.

Si les rats ne sont pas indestructibles, ils sont de toute évidence capables de survivre à toutes nos techniques d’extermination. Leur ruse est leur meilleure arme de survie. En cela, ils nous ressemblent beaucoup, sans doute trop, d’où la ténacité de l’homme à vouloir faire disparaître celui qui le surpasse dans tant de domaines.

Rappelons enfin qu’au Gabon, toutes les entreprises ont pour obligation de faire effectuer un déparasitage chaque année par une entreprise spécialisée, ce qi est sans doute la méthode la plus efficace pour éviter d’être envahi par les rats et les souris.

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