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Susan Rice renonce à succéder à Hillary Clinton

Susan Rice (à gauche) et Hillary Clinton (à droite), ici le 23 septembre 2010, à l’Assemblée générale de l’ONU. Crédits photo : Susan Walsh/AP
Aux États-Unis, les critiques acerbes des républicains, de nouvelles révélations et des sorties jugées peu diplomatiques rendaient de plus en plus difficile la nomination de Susan Rice comme secrétaire d’État.

Correspondante à Washington

Attaquée par les républicains et suscitant la controverse jusque dans son propre camp, Susan Rice a renoncé, jeudi, à briguer le poste de secrétaire d’État, pour lequel elle avait été pressentie en remplacement de Hillary Clinton. Une décision qui pourrait avoir été suggérée par la Maison-Blanche. Même si le président, son allié et protecteur, a fait jeudi un éloge vibrant de son ambassadeur à l’ONU, louant sans réserve ses qualités et regrettant «les attaques fallacieuses et infondées» dont elle avait été la cible dans la foulée de la crise de Benghazi.

En plein bras de fer avec l’Iran, l’Administration américaine ne pouvait visiblement se permettre le luxe d’une longue bataille avec les Républicains pour la confirmation de la diplomate, souligne-t-on dans les cercles washingtoniens bien informés. «C’est la bonne décision pour elle et pour le président», a noté, sur CNN, l’ancien envoyé spécial au Moyen-Orient George Mitchell, notant que la polémique aurait été une «distraction inutile». Le sénateur John Kerry, qui rêve du poste depuis longtemps, «serait un formidable secrétaire d’État», a-t-il ajouté, évoquant aussi la possible candidature de Chuck Hagel, un ancien sénateur républicain très versé dans le domaine de la politique étrangère, qui siège actuellement à l’Atlantic Council.

C’est dans une lettre adressée à Barack Obama que Susan Rice a annoncé sa décision de retirer sa candidature. «Je suis tout à fait sûre que je pourrais servir notre pays efficacement et de manière adéquate à cette fonction… Cependant, si je suis nommée, je suis maintenant certaine que la procédure de confirmation serait longue, perturbante et coûteuse… Ces tractations ne sont tout simplement pas dignes de notre pays», a-t-elle écrit.

Des liens étroits avec le régime rwandais de Kagamé
Barack Obama a vanté une décision qui montre «la force de caractère» de l’intéressée et sa «détermination admirable à s’élever au-dessus de la mêlée politique pour donner la priorité aux intérêts de la nation».

Mme Rice avait été la cible de critiques acerbes de parlementaires républicains – dont les voix auraient été nécessaires pour entériner sa nomination au Sénat – en raison de ses prises de position dans les médias juste après l’attaque meurtrière contre le consulat américain de Benghazi en Libye le 11 septembre dernier. En disant s’appuyer sur les informations des agences de renseignement, elle avait affirmé que l’attaque contre le consulat avait été spontanée et suscitée par une vidéo antimusulmane, version qui se révélerait erronée.

Rice était notamment dans le collimateur des sénateurs John McCain et Lindsay Graham, dont les voix pèsent lourd sur les questions de politique étrangère. Ces élus soupçonnaient Mme Rice et la Maison-Blanche d’avoir délibérément cherché à tromper les Américains sur le caractère terroriste de l’attaque, pour ne pas ternir le bilan de M. Obama quelques semaines avant l’élection présidentielle du 6 novembre.

Les récentes révélations sur les liens étroits de Susan Rice avec le régime rwandais de Paul Kagamé (pour lequel elle avait fait du lobbying dans le passé) et les conséquences que ce biais pro-rwandais aurait pu avoir sur les décisions concernant le Congo à l’ONU, ont semble-t-il achevé d’affaiblir sa candidature.

Une amie proche de Michelle Obama
Nombre de diplomates ont aussi souligné en privé les sorties souvent peu diplomatiques de Mme Rice et sa manière brutale d’affirmer ses positions. «Ce qu’elle a dit sur le projet de la France au Mali a visiblement contribué à enfoncer les clous dans son cercueil», notait jeudi une source informée, qui la jugeait «non fiable». Rice avait déclaré que le plan français était «de la merde». Selon cette même source, c’était surtout Michelle Obama, dont elle était une amie proche, qui défendait sa candidature.

Le président a précisé jeudi que Susan Rice conserverait son poste aux Nations unies, vantant notamment son action récente pour mobiliser le Conseil de sécurité sur la menace du nucléaire nord-coréen.

Les experts à Washington soulignent à quel point le compte à rebours sur la question de la grande négociation à mener avec les Iraniens pour les empêcher d’accéder à l’arme nucléaire, obscurcit aujourd’hui l’horizon à la Maison-Blanche et a pu précipiter la décision. «L’Iran est la question qui me préoccupe», a confié Hillary Clinton il y a deux jours à la journaliste Barbara Walters.

Les Américains estimeraient avoir entre trois et quatre mois pour convaincre les Iraniens de renoncer à passer le seuil nucléaire, faute de quoi il deviendrait extrêmement difficile de convaincre les Israéliens de reporter d’éventuelles frappes militaires. Dans ce contexte à haute tension, le renoncement à une candidate affaiblie et controversée apparaît logique. «Beaucoup de gens, même chez les démocrates, n’ont jamais pensé qu’elle était irremplaçable», confiait jeudi une source influente.

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