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Niger – Gabon : entre Sherpa et Areva, la rupture est consommée

Dans un communiqué publié le 18 décembre, Sherpa annonce qu’elle se retire des accords conclus en 2009 avec Areva. Selon l’ONG, le géant français de l’énergie nucléaire n’aurait pas respecté ses engagements portant sur la santé des ouvriers travaillant dans ses mines d’uranium au Gabon et au Niger.

Le 18 décembre, l’association Sherpa – associée à ses partenaires africains – a annoncé son retrait des accords conclus avec Areva en 2009. L’ONG dirigée par l’avocat William Bourdon entend ainsi dénoncer le non-respect partiel de ces accords qui prévoyaient la mise en place d’observatoires de la santé destinés aux travailleurs des mines d’uranium exploitées par le groupe français à Mounana, au Gabon, et à Arlit, au Niger.

Ces structures de santé avaient pour vocation de prévenir la survenance de risques, notamment sanitaires, liés à l’exploitation de l’uranium. Les accords prévoyaient également d’indemniser les anciens collaborateurs africains ou français du groupe nucléaire ayant travaillé sur les sites miniers du Niger et du Gabon et ayant contracté des pathologies liées à leur activité professionnelle. Mais « l’arrivée de Monsieur Luc Oursel à la tête du groupe a correspondu à un changement de la culture de l’entreprise en termes de développement durable, et par conséquent à la remise en cause de la capacité d’Areva de respecter la lettre et l’esprit des accords de 2009 », regrette Sherpa dans un communiqué, publié le 18 décembre.

Non respect des normes de production

Si l’exploitation de la mine de Mounana au Gabon a cessé en 1999, elle se poursuit au Niger où Areva exploite depuis quarante ans deux gisements situés à 1 200 km au nord de Niamey, le premier à ciel ouvert à Arlit et l’autre souterrain à Akokan. Soit au total plus de 1 600 salariés. Pourtant, selon les enquêtes menées en 2003 par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), les filiales d’Areva ne respectaient pas les normes de protection contre la radioactivité, ni pour les mineurs ni pour leurs proches, pas plus que pour la population riveraine.

En 2003, les enquêteurs de la Criirad ont constaté que « de la ferraille contaminée était en vente dans les rues, des résidus radioactifs entreposés à l’air libre à quelques kilomètres des habitations, une forte contamination des eaux destinées à la consommation… »

Ainsi les enquêteurs ont-ils constaté que « de la ferraille contaminée était en vente dans les rues, des résidus radioactifs entreposés à l’air libre à quelques kilomètres des habitations, une forte contamination des eaux destinées à la consommation, des remblais radioactifs issus des mines utilisés pour la construction des routes et des maisons», énumère le rapport.

Peu d’indemnisations

Le groupe français fut alors « forcé » d’accepté de négocier ces accords après que Sherpa eut annoncé en 2007 son intention d’engager des poursuites pénales pour mise en danger de la vie d’autrui, homicides involontaires et faute inexcusable. En 2009, l’accord intervient mais au bout de trois ans, le bilan est maigre.

Au bout du compte, les observatoires de la santé d’Arlit et Mounana ont permis le suivi médical de quelque 700 travailleurs africains. Mais aucun travailleur nigérien ou gabonais n’a été indemnisé. Seules deux familles de travailleurs français, décédés à la suite d’une forme cancer reconnu comme pathologie professionnelle, ont perçu l’indemnité promise.

Promise aussi par l’ex patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, la décontamination du site de Mounana, qui comprenait la destruction de 200 habitations irradiées, n’a pas non plus été conduite à son terme, de sorte que les populations riveraines sont toujours soumises aux risques d’irradiation.

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