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Mali: les troupes françaises et maliennes ont repris Gao

Des soldats maliens patrouillent samedi dans les rues de Diabali, à 400 kilomètres de Bamako. (Photo Eric Feferberg. AFP)
L’armée a accéléré son offensive vers le Nord en reprenant ce bastion islamiste.

Soldats français et maliens se sont emparés samedi du bastion islamiste de Gao, la principale ville du Nord du Mali, marquant un tournant majeur dans la lutte contre les groupes islamistes armés, au seizième jour de l’intervention militaire française dans le pays.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a affirmé que les «troupes françaises et maliennes» se trouvaient «en ce moment» «autour de Gao et bientôt près de Tombouctou», lors d’un discours devant la communauté française de Santiago du Chili.

«Les forces maliennes et françaises libèrent Gao», a annoncé le ministère français de la Défense, dans un communiqué, précisant que des membres des forces spéciales s’étaient emparés dans la nuit de l’aéroport et d’un pont stratégique à Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako.

«Dès ce soir, Sadou Diallo, le maire de Gao réfugié à Bamako, a pu regagner sa ville accompagné par le colonel (Didier) Dacko», commandant les troupes maliennes sur le terrain, a précisé le ministère.

Paris a précisé que des contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivaient sur zone pour prendre le relais des forces françaises.

«Les forces françaises et africaines maîtrisent à 100% la ville de Gao. Il y a une liesse populaire, tout le monde est content», a indiqué une source de sécurité malienne. Mais de premiers témoignages font aussi état d’actes de pillage.

Les soldats nigériens et tchadiens sont venus par la voie des airs, depuis Niamey. Ils étaient accompagnés de soldats maliens du colonel Alhaji Ag Gamou, qui étaient réfugiés au Niger depuis l’an dernier, après la débâcle face aux groupes armés, selon une source malienne de sécurité sur place.

«Il n’y a pas de combat à proprement parler» dans la région de Gao, selon un porte-parole de l’état-major français, «mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s’être abrités dans des zones urbaines».

L’entourage du ministre de la Défense français a jugé par ailleurs «plausible» le bilan de quelques centaines de combattants islamistes tués depuis le début de l’intervention française au Mali donné par le quotidien français Le Monde, citant des sources militaires.

Les positions des islamistes à Gao ont été à plusieurs reprises pilonnées par l’aviation française. Gao est un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ce groupe a annoncé samedi matin à l’AFP qu’il était prêt à «négocier la libération» de l’otage français qu’il détient depuis deux mois.

«Le Mujao est prêt à négocier la libération de l’otage Gilberto», a déclaré Walid Abu Sarhaoui, porte-parole du Mujao, en référence au Français Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali.

Carte du Mali

«Nous voulons négocier»

Interrogé pour savoir si cette volonté affichée de négociation était liée à l’intervention militaire française, le porte-parole a simplement répondu: «Nous voulons négocier. Pour la guerre, entre musulmans, nous pouvons nous comprendre», sans autre précision.

Une déclaration qui peut être interprétée comme une ouverture pour des négociations avec Bamako et qui survient deux jours après l’annonce d’une scission au sein d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un autre des groupes islamistes du Nord du Mali.

La France s’est engagée depuis le 11 janvier, au côté de ce qui reste de l’armée malienne, contre les islamistes armés, pilonnant leurs colonnes de pick-ups et leurs bases arrière, afin d’empêcher leur progression vers le Sud et la capitale Bamako.

Les villes de Diabali (ouest), Konna et Douentza (centre) ont été reprises par les soldats français et maliens, qui ont également, pour la première fois, repris vendredi le contrôle d’une localité du Nord, Hombori, à 920 km au nord-est de Bamako et à quelques 200 km de Gao.

Une autre colonne progresse vers Léré, plus à l’ouest, avec pour objectif la ville-phare de l’islam en Afrique, Tombouctou.

Les islamistes ont riposté en dynamitant vendredi un pont stratégique près de la frontière nigérienne, paralysant une des deux routes que pourraient emprunter des soldats tchadiens et nigériens venus du Niger

Quelque 500 soldats tchadiens ont été récemment convoyés au Niger, sur les 2.000 promis par N’Djamena. Le contingent nigérien basé à Ouallam compte 500 militaires.

L’accélération de la progression des forces françaises et maliennes survient alors que des témoignages font état d’une situation humanitaire de plus en plus difficile dans les grandes villes du Nord. A Gao, la situation humanitaire se dégrade, selon l’ONG Action contre la faim (ACF), qui évoque «des cas de malnutrition aiguë».

La situation est également critique à Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), selon des habitants qui indiquent être privés d’eau et d’électricité depuis trois jours.

De leur côté, les chefs d’état-major ouest-africains se sont réunis samedi en urgence à Abidjan, alors que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a décidé vendredi soir d’augmenter les effectifs de la force africaine au Mali.

Cette réunion est destinée à assurer «la montée en puissance de la Mission internationale de soutien au Mali» (Misma), a déclaré à l’ouverture le général Soumaïla Bakayoko, le patron de l’armée ivoirienne.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prévoyait de fournir 4.000 hommes, dont moins d’un millier sont arrivés au Mali. Le Tchad, non membre de la Cédéao, a promis 2.000 hommes, dont une partie est déjà présente au Niger.

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