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Grève vendredi en Tunisie, incertitudes sur un gouvernement apolitique

Un jeune diplômé tunisien au chômage réclame la démission du gouvernement lors d’une manifestation à Tunis (Tunisie), le 29 septembre 2012.
(FETHI BELAID / AFP)
Une grève générale était annoncée en Tunisie pour vendredi à l’appel de la puissante centrale syndicale UGTT, marquant une escalade de la crise déclenchée par l’assassinat d’un opposant, alors que les islamistes au pouvoir ont rejeté jeudi la formation d’un gouvernement de technocrates souhaitée par le Premier ministre.

L’imbroglio sur la formation d’un nouveau cabinet vient de la décision des islamistes d’Ennahda de rejeter l’annonce du chef du gouvernement Hamadi Jebali, pourtant numéro 2 du parti.

Le Premier ministre ne s’est pas exprimé de la journée jeudi, et la présidence a reconnu n’avoir reçu aucune nouvelle après l’annonce de mercredi.

Le président n’a pas reçu de démission du Premier ministre, ni les détails d’un cabinet restreint de technocrates, a indiqué le porte-parole de la présidence, Adnene Manser.

Tout changement au pouvoir doit se passer dans le cadre de la légalité représentée par l’Assemblée nationale constituante (ANC), a-t-il rappelé.

Tout nouveau gouvernement doit être approuvé par l’ANC, dont Ennahda contrôle 89 des 217 sièges. Les islamistes sont alliés à deux partis de centre-gauche, dont le Congrès pour la République du président Moncef Marzouki.

La journée a aussi été marquée par de nouveaux heurts entre quelques centaines de manifestants et policiers à Tunis, Gafsa (centre), Siliana (nord-est) et Sfax (est). Ces violences ont cependant été moins graves que mercredi, quand un policier avait été tué dans les affrontements ayant impliqué jusqu’à 4.000 manifestants à Tunis.

Et les tensions restent vives avant les funérailles vendredi de l’opposant Chokri Belaïd dans le sud de la capitale, tandis que l’UGTT (500.000 membres) a appelé à une grève générale.

Le dernier débrayage national avait duré deux heures le 14 janvier 2011, participant à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui avait pris la fuite ce jour-là vers l’Arabie Saoudite.

La grève intervient dans un contexte économique et social très difficile, avec une multiplication des manifestations régulièrement réprimées contre le chômage et la misère, deux facteurs clé de la révolution de 2011.

La présidence et le ministère de l’Intérieur ont appelé les Tunisiens à manifester dans le calme vendredi.

Ennahda pointé du doigt

L’annonce de la création d’un nouveau gouvernement avait d’ailleurs été saluée par la société civile et l’opposition comme un outil essentiel pour désamorcer la crise provoquée par l’assassinat de M. Belaïd.

Signe des craintes que la situation ne dégénère encore plus, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a demandé jeudi aux autorités de protéger les personnalités politiques menacées. L’UGTT a d’ailleurs annoncé que son secrétaire général, Houcine Abbasi, avait reçu jeudi une menace de mort anonyme par téléphone dans la journée.

Face aux risques d’instabilité, l’ambassade de France a appelé ses 25.000 ressortissants en Tunisie à la prudence et a annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7.000 élèves) vendredi et samedi.

Le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur a parallèlement décidé la fermeture des universités de vendredi à lundi.

Les avocats et magistrats se sont mis en grève dès jeudi pour dénoncer le meurtre de Chokri Belaïd, un avocat défenseur des droits de l’Homme. A Tunis, les salles d’audience du principal tribunal étaient vides.

Une partie de l’opposition et la famille de M. Belaïd accusent Ennahda d’être responsable de son assassinat, un crime sans précédent depuis la révolution. Aucune avancée dans l’enquête n’a été annoncée jeudi.

Ennahda a rejeté ces accusations, alors qu’une milice pro-islamiste est régulièrement accusée d’attaquer les opposants au pouvoir en place.

Parallèlement, certains opposants ont réclamé la dissolution de l’ANC, qui a été élue il y a 15 mois mais ne parvient pas à rédiger de Constitution faute d’un compromis sur lequel les deux-tiers des députés pourraient s’accorder.

Les violences politiques et sociales se sont multipliées ces derniers mois face aux espoirs déçus de la révolte de 2011 et la Tunisie est aussi déstabilisée par un essor de groupuscules jihadistes.

La diplomatie américaine a réagi jeudi avec une grande prudence face à la crise politique en Tunisie, condamnant une nouvelle fois l’assassinat de Belaïd et saluant la poursuite du dialogue entre le gouvernement et l’opposition.

Les Etats-Unis n’ont pas non plus, pour l’instant, le projet de modifier leur dispositif de sécurité pour leur ambassade et leurs ressortissants en Tunisie, a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland.

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