Face aux pressions incessantes des ONG notamment, qui exigent du gouvernement des signaux forts en matière de lutte antitabac, le conseil des ministres du 7 mars 2013 a adopté un projet de loi dans ce sens.
En effet, rapporte le communiqué final du conclave ministériel, le ministre de la Santé a présenté au conseil des ministres, qui l’a approuvé, un projet de loi portant lutte antitabac en République gabonaise. Ce texte a été pris en application des dispositions des articles 47 et 53 de la Constitution d’une part, et de la ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac d’autre part.
Le texte a pour objet de définir des mesures appropriées visant à protéger les générations présentes et futures des effets sanitaires liés à la consommation du tabac et de ses dérivés, ainsi qu’à l’exposition à la fumée du tabac ; limiter l’accès de la population au tabac en la préservant des incitations à son usage ; sensibiliser la population sur les dangers de l’usage du tabac et l’exposition à la fumée du tabac.
Outre les dispositions générales et finales, ce projet de loi traite également du conditionnement, de l’étiquetage et des mesures d’avertissements sanitaires ; des mesures relatives à la publicité, au sponsoring, au parrainage et à la protection des personnes ; de l’interdiction de l’usage du tabac dans certains milieux ; de la commercialisation du tabac.
A ces points s’ajoutent les mesures de prévention contre le commerce illicite ; les mesures de protection des politiques de contrôle du tabac face aux intérêts commerciaux et autres intérêts ; les mesures de protection de l’environnement et de la santé des personnes ; les dispositions fiscales ; les dispositions pénales ; la commission nationale de lutte contre le tabagisme.
Comme beaucoup de pays en développement, le Gabon apparait comme un paradis pour les industries du tabac, du fait de l’absence de législation, de la corruption et du laxisme des pouvoirs publics, contribuant ainsi à une forte et inquiétante augmentation du tabagisme. Au niveau de la production de tabac, deux sociétés se partagent le marché de la production et de la distribution de cigarettes : la Société de cigarettes gabonaises (Sociga) et la Régie gabonaise des tabacs, qui a le monopole de la commercialisation des cigarettes dans le pays.
D’ici quelques années, on pourra mesurer les effets du projet de loi adopté par conseil des ministres et, de facto, la capacité et la volonté du gouvernement à freiner le tabagisme au Gabon, qui enregistre un succès fulgurant chez les jeunes. Des sources concordantes estiment que près de 80% des élèves de Libreville et de la commune voisine d’Owendo ont déjà goûté à la cigarette, tandis que 46% d’entre eux continuent à fumer.
