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Audiovisuel public : les conseils d’administration driblent le gouvernement

Gabon-televisionUne première dans les entreprises d’Etat : face au manque de volonté du gouvernement de nommer les équipes dirigeantes de Gabon Télévision, Radio Gabon et Télédiffusion du Gabon, les conseils d’administration (sauf celui du dernier cité) se sont mis à l’ouvrage et ont désigné les responsables de ces entités.

Même la période d’exercice est qualifiée de transitoire, les responsables des médias audiovisuels publics ont été désignés par leurs conseils d’administration. Fin-mars, début-avril, David Joseph Ella Mintsa, 43 ans, est celui que Christophe Othamot et les autres membres du conseil d’administration de Gabon Télévision ont choisi «pour conduire la transition». Il dirigeait la RTG1 depuis mai 2007. Au fil des années, des conflits en tout genre ont été enregistrés entre les principaux animateurs de ce service public et des rumeurs de toutes sortes ont circulé dans les couloirs de la RTG1 sur la gestion de cette administration.

Rumeurs et suspicions de toutes sortes

Au titre des rumeurs les plus «sympathiques», il est question d’une «mauvaise gestion» des ressources humaines, financières et matérielles. D’autres, tel que notre confrère L’Eveil National, sont allés plus loin en parlant de «détournement de fonds publics et de matériel». De source bien informée, la Cour des comptes a même été saisie pour une enquête plus poussée sur la gestion de David Ella Mintsa, tandis que sur la base des informations en sa possession, le président du conseil d’administration a saisi le ministère de la Communication pour la prise de décisions transitoires. Et c’est pendant qu’on attendait la réaction de la Cour des comptes et la décision du ministre de la Communication que ce même Conseil d’administration a désigné l’ancien directeur général de la RTG1 au poste d’administrateur directeur général provisoire. Comprenne qui pourra !

Le 30 avril dernier, c’était au tour de Micheline Koumba et des membres du conseil d’administration de Radio Gabon d’en désigner la «directrice générale intérimaire» en la personne de Florence Mbani d’Oborenk Okinda. Agée de 46 ans, l’ancienne directrice générale de la RTG2 est venue à ce conseil d’administration – qui ressemblait plus à une réunion d’amies (on ne sait en effet pas ce qu’y faisaient Solange Nguéma, Marie-Louise Ntsame Mba, Félicienne Nyangono,…)- avec une telle assurance qu’elle avait déjà préparé son allocution. Sa gestion des ressources financières et matérielles de la RTG2 est, elle aussi, l’objet de critiques plus ou moins justifiées. On vient donc ainsi de confier la gestion des nouveaux médias publics à des personnes habituées à la «gymnastique financière».

Une première dans les entreprises publiques

Les nouveaux responsables à titre provisoire vont désigner les équipes qui les accompagneront au cours de cette période transitoire qui va leur permettre, pendant trois mois au moins, de «gérer les crédits alloués» à ces médias, de déterminer les ressources humaines et le patrimoine. En fait, nommés depuis bientôt deux ans, les présidents de ces conseils d’administration ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de désigner eux-mêmes les dirigeants provisoires, poussant ainsi le ministre de la Communication soit à entériner leurs propositions, soit à nommer des responsables définitifs. On constate cependant, pour le moment, que le Conseil des ministres n’a entériné aucune de ces propositions-nominations. Toutefois, au-delà de tous ces mouvements, il y a un fait : les pouvoirs publics ayant tergiversé sur la nomination des dirigeants de ces médias audiovisuels, ils se retrouvent dos au mur. Depuis près de deux ans, ni Paul Ndong Nguéma, ni Blaise Louembé n’ont voulu désigner personne, préférant toujours «remettre à plus tard» lorsque la réforme aura abouti. Quelle réforme ? Tous les textes ayant déjà été adoptés pour la mise en place effective des trois entités.

On se retrouve ainsi devant une première en République gabonaise : alors que c’est toujours le gouvernement qui nomme, les conseils d’administration des entreprises publiques entérinant ensuite, ce sont maintenant ces derniers qui désignent, et c’est le gouvernement qui va devoir entériner. Cela donne l’impression d’une hésitation, d’une certaine indécision, d’un manque de courage, voire d’une impuissance des pouvoirs publics à trouver des dirigeants pouvant mener à bien la gestion de ces entités. Des atermoiements qui sont responsables de l’inertie que l’on voit dans les médias audiovisuels publics. Mais tout cela a un avantage pour les PCA de ces structures : maintenant qu’ils ont désigné leurs principaux collaborateurs, «ils vont enfin pouvoir entrer en possession de ce qu’ils croient que le gouvernement leur doit en termes de salaires, de primes et autres avantages», comme l’a affirmé un DGA de l’ancienne RTG1. Si ce n’est que pour ça…

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