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Pour une loi sur les crimes rituels

crimes-rituels-280712-0903e907Le Mouvement des Leaders Chrétiens (MLC) a réaffirmé, au cours d’une conférence-débat, son engagement contre le phénomène des crimes rituels en proposant au gouvernement, entre autres, de prendre un texte de loi qui admet le crime dit « rituel » et de construire un mémorial en souvenir des victimes. Max Alexandre Ngoua et les siens ont par ailleurs annoncé qu’ils ne participeront pas à la marche de samedi aux côtés de la Première Dame.
Cette conférence qui a eu pour orateur principal le sociologue des religions et pasteur Max Alexandre Ngoua, a enregistré la présence des leaders du MLC. Pierre Luc Difouta, Jonas Mougueka, Guy-Roger Etoughe, Edgard Mouélé Mickolo et Patrick Obame. Tous avaient l’ambition de dire leur désaccord avec la pratique occulte de « crime rituel ».
Dans son exposé, Max Alexandre Ngoua a expliqué, en tant que scientifique, de quelle façon l’Homme peut avoir la même valeur qu’un bien matériel ou immatériel, ce qui en fait une chose et donc un bien commercial et commercialisable. La question de la terminologie de « crime rituel » a très vite fait surface. Pour l’orateur, « la lutte n’est pas au niveau des termes, mais au niveau des faits ». Selon lui, cela amène à dire que la question soulevée par Jean-François Ndongou, Raymond Ndong Sima et le Gl Léon Mistoul sur la terminologie de « crime rituel » est « une distraction ».
Deux approches ont donc servi à l’argumentaire de l’homme de science et homme de Dieu. D’abord l’approche scientifique. Du 19 au 21 juillet 2005, Libreville avait accueilli un colloque international de l’UNESCO sur « les crimes rituels ». La notion était visible et d’usage dans tous les travaux et les discours prononcés au cours de ce colloque, prouvant que l’UNESCO qui est une autorité morale et scientifique l’avait assimilé et introduit dans son vocabulaire. Le Ministre de la défense de l’époque, Ali Bongo Ondimba, avait d’ailleurs fait un véritable plaidoyer pour une lutte acharnée contre le phénomène qui connaissait alors une recrudescence puisque trois mois avant deux enfants, dont celui de Jean Elvis Ebang Ondo, avaient été retrouvés morts et mutilés sur la plage de Libreville. La deuxième approche est juridique. Et elle s’appuie là encore sur ce colloque qui réunissait alors le gotha intellectuel africain spécialiste des questions d’éthique, de droit, de sociologie ou d’anthropologie. L’un d’eux, Matthieu Ndong Essono, juriste, avait réussi à démonter que le droit en Afrique et notamment au Gabon intégrait bien et subtilement, sans le citer, le crime rituel. Le juriste avait surtout rappeler à la conscience humaine que « ce n’est pas parce qu’un phénomène n’est pas nommé qu’il n’existe pas ». En citant le code pénal en vigueur sur le territoire gabonais, il ressortait qu’au chapitre 19 du Livre 11 et à patir de l’article 210, des notions qui font implicitement référence au crime rituel sont condamnables. Le code pénal punit le charlatanisme, le trafic d’ossements ou de restes humains, l’anthropophagie. Or le crime rituel c’est bien cela pour Max Alexandre Ngoua puisqu’un reste humain ou ossement est nécessairement la partie d’un homme qui lui a été prise de son vivant ou après sa mort.
Pour le MLC, il n’est donc plus question de faux arguments juridiques qui tentent de faire oublier un fait qui existe. Il faut donc que la volonté politique soit mise en avant pour que la terminologie de crime rituel ne soit plus un problème, pour qu’elle soit reconnue et nommément citée par le droit gabonais. « Il nous faut adpater notre loi aux réalités qui sont les nôtres en afrique et au Gabon. Et le crime rituel est une réalité », a suggéré le Rev. Max Alexandre Ngoua en reprenant Matthieu Ndong Essono.
Pour le MLC, il ne fait aucun doute que la solution est d’abord politique. « Si les crimes avaient disparu dans les années 1960, c’est parce que le pouvoir politique avait décidé de leur faire la guerre. Les crimes et les assassins n’avaient pas droit de citer », a poursuivi l’orateur avant de rappeler que la Concorde marque l’engament des pères de l’indépendace à « faire la guerre aux sorciers, ces perfides trompeurs », selon ce que recommande la Bible qui dit que « tu ne laisseras pas un sorcier vivre à côté de toi, tue-le ». Si le phénomène a donc survécu en ces temps, c’est bien qu’il y a une complicité politique.
Le MLC s’est enfin adressé au gouvernement et au législateur. Il a fait cinq propositions qui, si elles étaient adoptées, pourraient permettre à la nation gabonaise de retrouver la quiétude. Il s’agit de : la promulgation d’une loi qui contiendrait la terminologie de « crimes rituels »; l’institution d’une journée nationale de lutte contre les crimes rituels; la construction d’un mémorial pour les victimes des crimes rituels; la publication des chiffres relatifs aux crimes rituels et l’adoption d’un programme national de lutte contre le crime rituel financé par l’Etat.
Pour l’heure le MLC et les fidèles des ministères membres ont choisi de mettre l’accent sur l’éducation et la sensiblisation dans les établissements et les arrondissements. Des tables rondes et d’autres conférences seront organisées pour rappeler à tous les Gabonais que ce phénomène ne touche pas que les autres. Mais il y aura également des nuits de prière pour protester spirituellement afin que Dieu vienne en aide au Gabon. Mais ils ne seront pas de la marche de ce 11 mai. Une position qui étonne.

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