A mi parcours du mandat du président gabonais Ali Bongo Ondimba, le débat semble s’intensifier sur la présidentielle de 2016 et ses potentiels candidats. S’il va de soi que dans le cadre normal du jeu démocratique des personnalités de l’oppositions sont entrevues pour leurs d’ambitions présidentielles, il est en revanche de pur cynisme politique, voire du manque d’ «éthique politique » que dans la majorité présidentielle pour l’émergence, pire encore au Parti démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir), des personnalités puissent manœuvrer subrepticement dans un sens autre que celui du chef de ce camp politique.
Sur ce dernier point, le cas Paul Biyoghé Mba, l’ancien premier ministre est sujet à fortes controverses et pas totalement dénué de fondement. Il s’agit de controverse parce que l’homme de façon officielle est un hiérarque du PDG qui vient d’ailleurs d’être confirmé dans son statut privilégié lors du 10e congrès du parti, ce qui est une marque de confiance du distingué camarade président à son endroit. Notamment dans la responsabilisation politique de l’homme au comité permanent du bureau politique pour la province de l’Estuaire. Mieux, Paul Biyoghe Mba passe pour être le parrain politique d’élus locaux, de sénateurs et de députés PDG. Ce qui veut dire que l’ancien premier ministre est une personnalité d’influence qui pourrait comme André Mba Obame (AMO) en 2009 fractionner l’électorat PDG s’il venait à se positionner personnellement pour 2016. Mais cela vaut probablement pour plusieurs autres fortes personnalités du PDG et de la majorité.
Et puis, la controverse devient encore plus sérieuse quand on observe les précédents des ambitions présidentielles des anciens premiers ministres de feu Omar Bongo. Il est un fait que Paul Biyoghe Mba en est culturellement et intellectuellement proche. De plus au Gabon la liberté démocratique est un droit fondamental. Outre que, les candidatures aux élections présidentielles apparaissent par ailleurs comme de puissants strapontins pour des postes importants dans l’appareil d’Etat. A l’exemple des cas de Moustapha Gnasse et Youssou Ndour au Sénégal. D’où qu’une candidature à la présidentielle peut même en un sens être un acte de survie politique.
Ce qui rendrait la chose encore plus sérieuse pour Paul Biyoghe Mba et qui motiverait la création de l’« observatoire » du conseil économique et social (CES) qui pourrait bien s’avérer être le cadre de conception d’un projet politique concurrent du Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE).
Ensuite, son intention d’étendre la société civile représentée au CES aux organisations de jeunesse et aux associations religieuses et cultuelles, apparaitrait comme un appel du pied à un important vivier électoral.
De sorte que, le fait qu’il déclare ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2016, ne convainc pas tant. Même pas la journaliste de Gabon Matin Valérie Ezeme qui lui a posé la question lors d’une récente conférence de presse au siège du CES à Libreville. Bien au contraire.
En effet, le seul fait de se prononcer sur la question de sa candidature en 2016 est déjà la preuve que l’idée lui a traversé l’esprit, sinon il n’en parlerait même pas.
De même cette négation de sa candidature en 2016 entretiendrait de facto l’idée d’un statut de présidentiable de Paul Biyoghé Mba.
Et on ajouterait à ce qui précède, des faits d’histoire politique contemporaine. A savoir, qu’après sa prise de pouvoir par la force, François Bozizé avait déclaré qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle qu’il organiserait. De même, à l’entame de son mandat de Président de la République française, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu’il ne briguerait pas un second mandat. C’est dire que ce genre de déclaration peut s’avérer être de la pure feinte politicienne.
