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Querelle éditoriale autour des Altogovéens

le-pont-de-lianesPerçu comme le bastion politique des Bongo, l’électorat de la province du Haut-Ogooué suscite, à quelques mois des élections locales et comme à l’accoutumée, un certain intérêt de la part des politiques de tous bords. Entre stratégie de séduction et promesses, il semble pourtant désormais partagé entre deux. Mais fait plus marquant : les médias s’en mêlent, donnant lieu à un conflit aussi indécent que ridicule entre la «bonne» presse et certains journaux «nationalistes» accusés d’«exclusionnisme». Drôlerie !

On les aurait presque plaints si on ignorait la célébrité et les privilèges dont jouissent certains d’entre eux. Mais vu de près, la vie des Altogovéens n’est pas aussi rose que le croient un bon nombre de personnes. Craints, mal aimés et enviés par les uns, méprisés (si ce n’est abandonnés) par ceux à qui ils accordent le plus de confiance, les Altogovéens, à ce qu’il semble, enregistrent depuis de nombreuses années le revers de leur soutien prétendument indéfectible au pouvoir en place. C’est du moins, ce que pense le journal La Loupe qui a consacré sa Une du mardi 10 septembre dernier à ce sujet très sensible, bien qu’il soit au centre de conversations dans tous les recoins du pays, des buvettes aux bureaux des administrations publiques et privées.

De Bongoville au village Mikouagna (cf. Echos du Nord, n° 195 et 196) en passant par Lékoni, Franceville et d’autres bourgades de la province, jamais le Haut-Ogooué n’avait autant été sous le feu des projecteurs. Certains pour en faire l’éloge, d’autres pour s’inquiéter de la dégradation des conditions de vie de ses habitants, pas si différentes de celles des autres provinces. Ainsi, se positionnant comme tout «patriote» soucieux du devenir et de la situation dans laquelle vit et évolue son prochain, le journal La Loupe s’interroge sur l’«avenir» des Altogovéens après le règne des Bongo. Une initiative qui a été moquée par l’hebdomadaire Le Scribouillard qui, en sa livraison du 13 septembre dernier, s’est dit surpris de ce «curieux intérêt» manifesté ces derniers temps par certains médias gabonais.

« Alors qu’ils l’avaient habitué aux invectives et aux quolibets, l’Homme Altogovéen découvre soudain qu’il intéresse les salafistes et autres suppôts du repli identitaire qui, en 2009, avaient créé le mouvement exclusionniste dénommé Tout sauf Ali (TSA). C’est donc surpris que l’Altogovéen découvre soudain que les salafistes lui accordent désormais une attention plus que particulière. A travers la presse exclusionniste, qualifiée par Séraphin Moundounga de «la presse qui n’aime pas les cadres du Sud», des reportages s’enfilent les uns à la suite des autres, qui traitent (ou font semblant) de traiter du quotidien des ressortissants de la province du Haut-Ogooué. Tout y passe à présent : la route, l’école, l’habitat, la santé, etc. Bref, un brusque assaut d’amabilités qui laisse perplexe tous ceux qui savent ce que ces gens-là pensent réellement de l’Homme Altogovéen. Mais bon, puisqu’ils « font la politique»… C’est à pleurer de rire !», s’est en effet écrié Le Scribouillard. L’affaire semble donc plus chaude qu’on osait le croire.

Pourtant, si Echos du Nord dont le grand reporter sillonne depuis un moment le pays et en particulier la province du Haut-Ogooué n’a pas souhaité répondre à «l’attaque», La Loupe quant à elle semble se défendre de jouer un double jeu dans son intérêt pour les frères du Haut-Ogooué. En effet, pour les confrères, la «dignité» et le soutien indéfectible au PDG dont font preuve les Altogovéens, suscite des interrogations. Cette population croupirait dans la misère et aurait été trompée par ses propres frères, parmi lesquels le Président de la République lui-même, originaire de ladite province. A tel point que ce dernier est perçu, c’est selon, par le journal «comme une malédiction ou une bénédiction par sa province natale». Ce qui pose un véritable problème au regard des nombreux cadres du pays issus de cette région. D’où la question du journal : «Après le règne des Bongo, les Altogovéens en danger ?» Une question qui mérite donc que l’on s’attarde sur les véritables avantages dont jouissent les Altogovéens «pendant» le règne d’Ali Bongo. Ce qui, on en convient, ne devrait pas donner lieu à un «conflit» entre confrères, ni même une accusation fondée sur une hypothétique stratégie de séduction aux fins politiques. Mais bon !

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