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Mba Obame : les locales 2013 sont une répétition pour la présidentielle 2016

Le principal opposant du président Ali Bongo, André Mba Obame, est arrivé samedi au Gabon, accueilli par plusieurs centaines de sympathisants. André Mba Obame avait contesté la victoire d'Ali Bongo en 2009.
Le principal opposant du président Ali Bongo, André Mba Obame, est arrivé samedi au Gabon, accueilli par plusieurs centaines de sympathisants. André Mba Obame avait contesté la victoire d’Ali Bongo en 2009.
Dans une interview à paraître ce lundi 23 septembre dans l’hebdomadaire Echos du Nord, l’opposant André Mba Obame donne sa lecture de la situation du Gabon : processus d’enrôlement biométrique, responsabilité historique de Gemalto, débat sur les générations, candidature d’Eyéghé Ndong à la mairie et autres sujets récurrents sont abordés dans cet entretien qui lui fait dire que les locales et municipales de cette année sont une grande répétition de la présidentielle 2016.

L’opposant André Mba a livré à l’hebdomadaire Echos du Nord une interview, publiée ce lundi 23 septembre. Pour l’essentiel, l’entretien tourne autour des questions d’actualité : l’enrôlement et la fiabilisation du fichier électoral, les élections locales à venir et la politique nationale.

D’entrée de jeu, il est fait remarquer à André Mba Obame que le processus d’enrôlement lancé par le ministère de l’Intérieur n’attirait d’abord pas grand monde et qu’après son appel invitant les populations à l’enrôlement, un véritable rush a été noté dans les centres d’enrôlement. Comme surpris, l’opposant n’en donne pas moins sa lecture : «Cela signifie donc que les Gabonais refusaient de s’y plier qu’ils avaient fait le choix de s’abstenir. L’abstention, donc la non-collaboration, est une arme politique généralement utilisée pour marquer la défiance du peuple vis-à-vis du pouvoir établi. […] Autrement dit, en ne répondant pas à l’appel à l’enrôlement lancé par le pouvoir PDG Emergent, le peuple gabonais a, une fois encore, indiqué au monde entier que le pouvoir établi n’est pas l’émanation de sa volonté, qu’il ne se sent en rien pris en compte dans la gestion actuelle du pays. A contrario, en répondant à l’appel que vous avez publié le 09 septembre dernier, il a montré de quel côté se trouve la légitimité et avec qui il aimerait travailler pour construire ensemble ce Gabon généreux et prospère dont nous rêvons. Cela n’a, du reste, pas de quoi étonner puisque cet acte majeur s’inscrit dans le droit fil des résultats réels de la présidentielle anticipée d’août 2009.»

Les locales 2013, grande répétition de la présidentielle 2016

Mba Obame, arrivé officiellement second à l’élection présidentielle anticipée de 2009 dont, au regard de ce qui précède, il ne reconnaît toujours pas les résultats et revendique la victoire, se place déjà dans la perspective de la présidentielle de 2016. Il prêche une dynamique unitaire, aussi bien de l’opposition que du peuple tout entier. Pour lui, les élections locales et municipales en préparation ne sont qu’une grande répétition de la prochaine élection présidentielle.

«Les prochaines Locales seront les premières élections organisées avec un fichier biométrique. Pour la suite et en vue d’une démocratisation réelle de notre système politique, elles auront valeur de test. L’Union Nationale, l’ensemble des forces politiques de l’opposition réunies au sein de l’UFA et de l’UFC, et même plus largement les amis du Gabon se devront d’analyser le déroulement de ce scrutin pour en tirer enseignements et conséquences pour la suite. Je sais que les présidents Myboto, Ogouliguendé, Maganga Mousavou, Kombila Koumba, Eya Mvey, Ndaot, Mayila et l’ensemble des leaders politiques seront à la hauteur de cette espérance légitime et historique de notre peuple», estime Mba Obame qui revêt à l’occasion la cape du rassembleur.

Alors qu’il lui est demandé, après son appel à l’enrôlement, s’il invitera également les populations à aller voter, le secrétaire exécutif de l’Union nationale réitère, plus explicatif, sur les enjeux des prochaines locales : «les prochaines locales seront une répétition générale du scrutin majeur à venir. Au-delà des résultats officiels qui pourront être rendus par la Cour constitutionnelle, un instantané de l’état politique du pays et du rapport de forces sociologiques sera perceptible par l’ensemble des observateurs et forces politiques nationales. Cet instantané et ce rapport de forces seront déterminants pour la suite. C’est pourquoi nous devons nous mobiliser pour faire apparaitre le rapport de forces réel et offrir à l’ensemble de la communauté nationale et internationale les outils d’une analyse fine et meilleure de la situation de notre pays.»

Gemalto devant ses responsabilités

L’enfant terrible de l’Union nationale n’a pas manqué d’envoyer un message à l’entreprise Gemalto, chargée de la mise en place la biométrie dans le processus électoral au Gabon. Il rappelle à cet effet les engagements éthiques et internationaux de ce «leader mondial de la sécurité numérique». Notamment, son adhésion à un pacte par lequel les entreprises s’engagent à aligner leurs opérations et leurs stratégies sur dix principes universellement acceptés touchant les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption : le Global Compact, une «initiative de transparence voulue et portée par l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. A ce titre, Gemalto a des responsabilités en termes de protection et défense des droits de l’Homme. Conformément à ses engagements internationaux, j’ose croire que Gemalto demeurera fidèle à sa volonté de promouvoir et respecter la protection du droit international relatif aux droits de l’Homme dans sa sphère d’influence tout en veillant à ne pas se rendre complice de violations des droits de l’Homme», rappelle Mba Obame, qui énumère sur la même lancée les formes possibles de complicité et dit espérer que Gemalto «ne cherchera pas à tirer profit d’un déni de démocratie et mieux qu’elle ne demeurera pas muette face à la volonté du pouvoir PDG EMERGENT de s’opposer à ce droit fondamental et imprescriptible qu’est la liberté des peuples à choisir librement leurs dirigeants et à esquisser en toute souveraineté les contours de leur destinée.»

André Mba Obame se félicité d’ailleurs de ce que cette entreprise «a attiré l’attention du Gouvernement et de la Cour Constitutionnelle sur les manquements aux procédures observés durant la phase d’enrôlement. Cette grande entreprise de rang mondial a tous les outils pour déjouer les tentatives de falsification du fichier électoral du pouvoir PDG Emergent. Nous jugerons au résultat.»

Débat sur les générations et autres sujets récurrents

On note, dans cette interview, qu’Ali Bongo n’est nulle part et pas une seule fois cité. Ce qui pourrait amener à penser que le point de vue de l’opposant sur son «frère» a évolué ou qu’il a évacué ce qui passait pour une idée fixe ou encore qu’il est passé à d’autres préoccupations, laissant l’opinion, aussi bien nationale qu’internationale, se faire sa propre idée de son adversaire. Mba Obame souligne cependant qu’il est loin de la retraite politique que nombreux ont annoncé : «Tant que l’égoïsme, l’affairisme serviront de bréviaire, je ferai face. Tant que le sectarisme dictera sa loi en politique, je me tiendrai debout. Tant que le Gabon existera, je lui consacrerai mes forces et ma réflexion. Or, le Gabon, contrairement à moi, est éternel. Pour tout vous dire, tant que Dieu m’accordera le souffle de vie, j’essayerai de me consacrer à mon pays et à mes compatriotes. Le reste n’est que menterie politicienne, aveu d’impuissance et humour de mauvais goût. Pour conclure sur cette question, le croyant que je suis n’oublie pas que : «l’Homme propose, Dieu dispose».»

Le membre fondateur de l’Union nationale a également été amené à faire une incursion dans un débat, très actuel, concernant le clivage, visiblement en création, entre les jeunes et les caciques, entre les anciens et les nouveaux. Encore une fois, il se montre plutôt rassembleur et trans-générationnel. «Je vous dirai simplement que, comme pour paraphraser l’écrivain Guinéen Thierno Monenembo, «la jeunesse n’est ni un diplôme ni un gage de compétence, de probité ou de rigueur». A contrario, je vous dirai que le grand âge n’est pas non plus un gage de sagesse, de pondération et d’abnégation. Tout est fonction de nos parcours personnels et des épreuves que nous affrontons dans la vie. A sa sortie de prison, Mandela avait plus de 70 ans mais, il incarnait l’avenir de l’Afrique du Sud, de l’Afrique voire du monde. Il l’a d’autant mieux incarné qu’il a su composer avec toutes les couches de la société sud-africaine : Blancs, Noirs, Métis, Indiens, Jeunes, Vieux, Femmes, Hommes…. chacun avait pu trouver sa juste place à ses côtés», fait remarquer l’interviewé avant de déboucher sur les conséquences plus larges auxquelles pourrait amener ce débat.

«Ce débat oiseux et pernicieux que l’on veut nous imposer sur le renouvellement de la classe politique sur la seule base de l’âge traduit l’aridité intellectuelle de ses promoteurs autant qu’il dénote de leur incapacité à fédérer les gabonais de toutes catégories et tous horizons. Plus grave, il révèle la nature profonde d’un régime qui ne cherche qu’à entretenir des clivages et la division, à opposer les gabonais entre eux, selon la maxime éculée du « diviser pour régner ». Après le débat jeunes/vieux à quoi passeront-ils ? Au débat est/ouest ? Nord/Sud ? Fang/kota ? Vili/Nzébi ? Myéné/Téké ? Punu/Obamba ? Puis ? Quoi encore ? Département des Plateaux/Djouri-Agnili ? Lébombi-Léyou/Mpassa ? Méfions-nous toujours de ces débats qui tendent à entretenir des clivages, à diviser et entretenir le sectarisme. Notre pays a une longue tradition de responsabilisation de la jeunesse. Omar Bongo Ondimba n’est-il pas devenu Président de la République à 32 ans ? Paul Malékou n’a-t-il pas été appelé au Gouvernement à 24 ans. Et des exemples de ce type sont nombreux dans notre histoire. Ce qui manque réellement à notre pays c’est la circulation de ces élites et le renouvellement régulier de sa classe politique. D’où la nécessité de l’alternance politique. La jeunesse ne saurait être le seul critère qui vaille. Ce qui compte avant tout, c’est ce que chacun est capable de mettre au service du pays pour la construction d’un Gabon démocratique et prospère, un «Gabon pour tous»», note André Mba Obame.

Occasion pour lui également de tordre le cou à une idée ressassée par les acteurs politiques de la majorité selon laquelle, en tant que dernier ministre de l’Intérieur d’Omar Bongo, il se serait opposé à la mise en place du fichier électoral biométrique. Après un bref historique de ce qui s’était alors passé, Mba Obame conclu sur cette question : «nous devons à la vérité de dire aux Gabonais que c’est la majorité PDG à l’Assemblée Nationale qui, pour la préservation de ses «chances de réélection» a entravé la mise en œuvre de la biométrie au Gabon. Personnellement, plus que la défense des intérêts d’une famille politique, j’avais à cœur de contribuer à la construction d’un Gabon fort et prospère, y compris au plan politique et démocratique. Je suis plutôt fier de l’action qui a été la mienne sur ce dossier.»

Situation du pays, candidature d’Eyéghé Ndong à la mairie, etc.

L’interview permet également à Mba Obame de se prononcer sur la candidature de Jean Eyéghé Ndong à la mairie de Libreville qu’il croit être «un homme d’Etat qui a toutes les qualités pour être un excellent Maire de Libreville» ; de déplorer que de «manière arbitraire, de hauts cadres de la Nation sont l’objet de mesures illégales de suspension de leurs salaires pour les fonctionnaires et d’interdiction de sortie du territoire depuis 33 mois au seul motif qu’ils ont notoirement exprimé leur opposition à l’installation d’un pouvoir illégitime à la tête de l’Etat» ; de dénoncer la gestion du pays, notamment en donnant l’exemple «des exercices 2010 et 2011 n’ont pour ainsi dire pu être «certifiés» par le juge des Comptes» et d’indiquer que les réalisations mises en exergue par le pouvoir (infrastructures routières, structures sanitaires rénovés ou en constructions, complexe hydroélectrique comme le Grand Poubara) «constituent la parfaite illustration de l’ingratitude de ceux qui ont commis l’ignominie de déclarer qu’ils avaient trouvé ce pays tel un champ de ruine. Parce qu’à ma connaissance, ces projets avaient bel et bien démarré avant 2009 et leurs financements entièrement garantie. Ce sont les entreprises adjudicataires qui sont parvenues à tenir leurs engagements qui sont à féliciter. Quant à ceux qui font de la récupération politique, ce petit jeu ne trompe personne.»

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