A l’approche des élections locales de novembre prochain, plusieurs Gabonais se démènent tant bien que mal pour se faire remarquer. Qui pour chercher pitance, qui pour courir désespérément un électorat. Le pire : de prétendus journalistes s’y mettent sans vergogne, en multipliant des initiatives aussi farfelues que rétrogrades.

A l’approche des prochaines élections locales, de plus en plus de Gabonais se sont vus soudainement dotés de facultés politiques aussi curieuses et ambigües les unes que les autres. Si jusque-là seuls les hommes politiques issus de toutes les tendances et colorations politiques s’étaient illustrés de façon plus ou moins correcte, il semble que les médias, et notamment nombre de ses praticiens s’y sont également mis.

En effet, ces derniers temps, l’univers médiatique national et international juge, commente et analyse les faits politiques de l’arène gabonaise, sans omettre d’y jeter leur grain de sel, comme cela se fait de coutume dans tous les pays où le journalisme a droit de citée. «La faute à la démocratie», diront certains, le regard tourné vers la récente descente musclée des forces de l’ordre dans les locaux du quotidien L’union, le jeudi 26 septembre dernier. Mais depuis quelques mois, l’on est confronté à une autre réalité, tout aussi décevante, aussi bien pour la corporation que pour les pseudos journalistes qui, pour des besoins futiles ou pour leur âpreté au gain, n’ont aucun scrupule à salir l’image de la profession. Il semble, en effet que certains individus de la corporation, des journalistes de nom et sans références le plus souvent, s’adonnent à des pratiques pour le moins «dangereuses». L’illustration de ce caractère téméraire et aventureux de certains journalistes gabonais a pourtant été faite, il y a un peu plus d’un mois quand un ensemble de «journaleux», fiers de leur dernière invention, avaient convié la presse nationale, en vue de lui présenter le projet de l’année (si ce n’est du siècle).

Le projet : une initiative qui tient davantage de la mendicité que de tout autre chose, dénommé «Le trophée des meilleurs élus locaux» gabonais comptant pour l’année en cours. Une invention typiquement gabonaise dira-t-on pour se moquer. Mais ses initiateurs s’enorgueillissent. En effet, quand le 24 août dernier les administrateurs du site dit «d’information» Gabon24actualites.com conviaient la presse nationale au lancement de leur projet dont le but était de récompenser des élus locaux gabonais, l’on pensait à une blague de mauvais goût de la part de certains «confrères» aux intentions douteuses. Mais un mois après, leur entêtement inquiète la corporation. Ainsi, au dessus des autres, la pire invention dont Monster Mpana, Arnold Azizet et Sylvain Sama auraient pu être les auteurs, aura été d’initier ce «trophée» qui ne semble reposer sur aucun fondement. Mais vu qu’en République gabonaise, «la honte ne tue pas», les animateurs de «Gabon24actualités» ont présenté leur projet comme suit : « Loin des ambitions politiques, notre objectif est de susciter l’émulation auprès des collectivités locales tout en encourageant ceux qui boostent le développement de leurs localités au profit des populations en dépit des moyens insignifiants dont elles disposent» (sic). De quel droit et sur la base de quoi, ces messieurs sont-ils compétents pour organiser une telle «compétition» ? Sur rien, semble-t-il.

Le comble : les initiateurs du fameux «Trophée des élus locaux 2013», à l’affût de quelques billets de banque de la part de ces élus, auraient «sillonné les 101 localités que compte notre pays : 52 communes et 49 conseils départementaux, dans le souci des plus hautes autorités de la république d’ériger la presse nationale en média de qualité, dynamique et responsable au service du développement.» Ce qui leur a notamment permis, le vendredi 27 septembre dernier, de publier sur leur site dit d’information, «la liste des heureux gagnants», répartis en quatre catégories dont les «départements», les «communes», le «trophée de l’Emergence» et le «trophée de la propreté» ; listes dans laquelle Bernard Aperano, maire de Port-Gentil et Jeanne Mbagou mairesse d’Owendo figurent en bonne place, avec deux distinctions chacun. Entre mendicité et calcul «politique», l’on ne serait surpris que le site d’Arnold Azizet et ses complices ne change quelque peu de visage, mais surtout de qualité à la suite du prochain déplacement qu’ils comptent effectuer dans les localités des «heureux gagnants» comme ils l’ont projeté, le week-end dernier.