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Grève générale de la faim des prisonniers de «Sans Famille»

Prison-LBV11Alors que les agents de la Sécurité pénitentiaire soutiennent qu’il n’en est rien, de nombreux prisonniers joints au téléphone, par une ligne clandestine, soutiennent qu’ils observent, depuis le 6 octobre, une grève générale de la faim en vue de contester leurs conditions de détention et l’interdiction du commerce à la prison centrale de Libreville.

Ambiance de mutinerie à «Sans Famille», la maison d’arrêt de Libreville. Selon des sources concordantes, notamment des parents des détenus, près de 80% du millier et demi de prisonniers de cet établissement pénitentiaire observent une grève de la faim depuis le dimanche 6 octobre dernier. Ils refusent de manger pour protester contre leurs conditions de vie, jugées sans respect de leur dignité humaine et à l’antipode des droits de l’homme.

«Selon mon fils qui est en prison, ils grèvent pour atteinte aux droits de l’homme et surtout contre les nouvelles règles qu’on leur impose depuis l’arrivée du général Mandza, le nouveau patron de la Sécurité Pénitentiaire», raconte une dame qui assure converser par téléphone avec son fils détenu à «Sans Famille». Réclamant de preuves de ce qui était avancé, le téléphone nous a été passé et plusieurs prisonniers, parmi lesquels certains que nous connaissons, ont affirmé être effectivement en grève de la faim. Nous étonnant de ce qu’un appareil puisse se retrouver dans les geôles après la fouille de cette prison le 29 septembre dernier, il nous a été répondu : «Ceux qui ont procédé à ces fouilles ne sont, juridiquement, pas habilités à le faire et ne savent réellement pas comment fouiller une prison de fond en comble. Ils n’ont pu ramasser des choses interdites que grâce à l’effet de surprise.»

Un autre prisonnier obtenu par le même appel téléphonique s’offusque d’ailleurs de cette descente musclée des gendarmes et militaires à la prison centrale de Libreville : «Même la sécurité pénitentiaire a été surprise par cette opération qui est partie d’une rumeur de présence d’armes à feu dans la prison. Alors que s’il y avait la moindre arme à feu, on aurait noté au moins une tentative d’évasion. Ils nous ont tout pris : Bibles, cigarettes, chapelets, jetons, cuillères, couteau, etc.» À notre étonnement de la présence de couteaux dans une cellule, une explication a été donnée : «Parmi les raisons de notre grève, il y a l’alimentation. Comme ration, nous recevons tous les jours un pain et du menu fretin de poisson que nous devons nous-mêmes écailler avant de le cuisiner. Comment écailler un poisson sans couteau ? Ceux qui ne veulent pas préparer peuvent toujours aller manger dans la marmite générale que nous appelons Cambouille. C’est le bouillon de poisson le plus infect du monde. Il y a juste de l’eau, du sel et du poisson».

La grève de la faim entreprise par les prisonniers aurait d’ailleurs pour principal mobile l’interdiction du commerce et du troc dans la plus grande prison du Gabon. «La loi nous permet d’avoir sur nous 5000 francs, au grand maximum, par prisonnier. Tout le monde le sait et de nombreux parents laissent cette somme à leurs parents détenus lors des visites autorisées. C’est cet argent qui nous permet d’acheter des cigarettes et de la meilleure nourriture auprès de ceux qui en ont ici. A quoi doivent donc servir les 5000 francs autorisés, si ce n’est à ces échanges qui nous permettent de vivre et qu’on nous a maintenant interdit», explique et interroge le fils de la dame au téléphone.

Les différents prisonniers contactés grâce au téléphone de la dame susmentionnée, se plaignent, d’une manière générale, de leurs conditions de détention. Ils déplorent le manque d’eau potable, indiquant que celle qui leur sert pour divers besoins proviendrait «d’une cuve creusée dans la cour» dans laquelle meurent des rats. Ils dénoncent la cohabitation avec des fous qui devraient être internés à l’asile plutôt qu’en prison. Ils se lamentent contre le fait que l’infirmerie de la prison est presqu’inexistante, «le médecin nous déclare qu’il est là pour la Sécurité pénitentiaire et non pour les prisonniers», indique un prisonnier qui déplore également que des gens ayant «terminé leur peine restent en prison faute de résultats d’audience et en contradiction avec l’article 117 alinéa 1 et 2 et l’article 118 alinéa 2 du code de procédure pénale qui portent sur la durée légale de la détention et de la prévention» [articles de loi non vérifiés par nos soins, ndlr].

Selon les prisonniers contactés, une visite du ministre de la Justice, Ida Réténo Assonouet, leur avait été annoncée pour le lundi 7 octobre. Mais elle n’est finalement jamais arrivée. Ces détenus indiquent également qu’ils observeront leur jeûne jusqu’à l’obtention de l’amélioration de leurs conditions de détention. «Même si le commerce en prison est rétabli, nous continuerons notre grève de la faim, les plus faibles vont mourir les premiers et tant pis ! Comme ça le monde entier saura ce qui se passe ici !», a vociféré l’un d’eux. Les gardes pénitenciers contactés soutiennent cependant qu’il n’y a pas de grève de la faim derrière les murs de pierre de «Sans Famille». Mutisme de consigne ou langue de bois ?

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