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Grabuge et intervention d’Ida Réténo à «Sans Famille»

assonouet_prison-centrale«Ça chauffe à la prison centrale de Libreville!», «Climat tendu à la prison centrale de Libreville», «Mouvements à la prison centrale de Libreville»…, se sont lancés les journalistes librevillois ce jeudi 10 octobre 2013, avant de se rendre sur les lieux pour constater que le ministre de la Justice y était également arrivé.

Des bruits ont traversé Libreville dans la matinée du jeudi 10 octobre, faisant état d’une nouvelle descente des forces de l’ordre à « Sans Famille », le pénitencier de la capitale gabonaise. De nombreux prisonniers affirmaient avoir été matés et tenus en respect grâce à un usage injustifié de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Selon ces détenus, il était question de les contraindre à mettre un terme à la grève de la faim entamée le dimanche 6 octobre.

Face aux hommes de presse qui la mitraillent de questions, plus pointues les unes que autres, le ministre de la Justice, Ida Reteno Assonouet qui s’est rendue dans la journée du jeudi 10 octobre 2013 à la Prison centrale de Libreville en vue de rencontrer et entendre les revendications des prisonniers rentrés en grève de la faim depuis quelques jours, a répondu : « Vous aimez les alarmistes, les annonces à sensation qui ne servent pas du tout la paix que l’on souhaite pérenne et qui pour nous (le gouvernement) est un don précieux », comme pour minimiser les nombreuses critiques et soupçons qui pèsent de plus en plus sur l’univers carcéral gabonais et notamment les multiples difficultés rencontrées par les détenus à « Sans Famille ». Pourtant, loin de faire dans le sensationnel gratuit et inopportun, les journalistes, comme de nombreux parents des prisonniers sont au fait des différentes péripéties qui rythment la vie carcérale, ces derniers temps.

Alors que sa venue à « Sans Famille » était vraisemblablement prévue pour lundi 7 octobre dernier, le ministre de la Justice, s’y est finalement rendu jeudi, soit plusieurs jours après le lancement du premier cri de désarroi des détenus qui, ainsi qu’en a fait écho Gabonreview le même jeudi 10 octobre, se plaignaient des rudes conditions de vie dans lesquelles ils vivaient, suite à de nombreuses restrictions et « atteinte aux droits de l’homme » dont ils sont victimes depuis un certain temps.

La grève générale de la faim avait été observée comme marque de protestation. Et depuis lors, les geôliers, ainsi accusés étaient rentrés dans une colère extrême, indiquent certaines indiscrétions qui, dans la foulée, rapportent que l’usage répété de bombes lacrymogène avait alors été fait par les mêmes gardiens. Chose qui s’est confirmée, aussi bien dans les propos de Mme Ida Reteno et la découverte par les journalistes présents lors de la visite du ministre, de quelques gardiens dissimulant mal leurs masques à gaz. Preuve qu’une énième utilisation de l’artillerie avait été faite dans la matinée, ainsi qu’en ont témoigné de nombreux prisonniers, se plaignant d’avoir mal aux poumons et à la tête du fait du tir des lacrymogènes dans cet espace clos. « Mais pourquoi pas ? », a lancé, étonnée, le ministre à l’évocation du sujet, avant d’ajouter : « Il fallait bien les disperser, ces détenus. Il faut bien qu’on arrive à les dissuader. Alors, pourquoi pas ? S’il y a un attroupement devant chez vous et que vous percevez un danger, le gaz lacrymogène, il est lancé. De plus, ce n’est pas une arme.» Soit !

Au sujet du décès supposé de trois détenus à « Sans Famille » et des cinq évadés, ou même des prétendues séances de « bastonnade » savamment orchestrées par des geôliers et qui auraient provoqué blessures et traumatisme sur certains prisonniers, Ida Reteno Assonouet, ferme et philosophe, a déclaré : « Il n’en n’est rien du tout ! Ce sont des balivernes, et on ne joue pas avec la mort d’un être. Parce que c’est un voyage dont on ne revient pas, pour parler plus sérieusement. » Toute chose qui aurait pu attendrir certaines personnalités dans l’assistance, si l’objet de la rencontre n’avait été aussi « sérieux ». Mais pour le ministre de la Justice, la visite a été porteuse dans le sens où les porte-paroles des prisonniers grévistes ont donné les raisons de leur manifestation débutée depuis le 6 octobre 2013 et les responsables de la prison centrale leur version des faits qui leurs sont reprochés par les détenus et leurs familles.

« Nous sommes dans une réforme de l’administration pénitentiaire. Et lorsqu’il y a des réformes, il y a des corrections et des améliorations à apporter. Pendant la mise en pratique de ces corrections et améliorations, il peut y avoir des grincements de dents et des mécontentements. Les mécontents sont aujourd’hui les détenus qui n’ont plus la même liberté, le même libertinage et qui ont manifesté leur mécontentement en détention. Ils exigé de voir le ministre suite au récent nettoyage de leurs cellules. Mais, en revanche, il n’y a pas eu de mort et personne ne présente de macules de sang. Mort par qui ? Mort où ? Il n’en est rien », a tenu à relever Ida Reteno devant les journalistes.

A la fin de la journée, la situation était sous contrôle. Mais pour combien de temps ? La proximité aidant, au regard de l’exigüité des lieux -le bâtiment étant censé contenir seulement 300 détenus contre plus de 1500 aujourd’hui- les détenus devraient encore ourdir d’autres stratégies pour manifester leur colère si rien n’est fait. Les exemples du passé servant d’exemple.

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