A l’approche des élections locales du 23 novembre 2013, les langues se délient, les personnalités, potentiels candidats au poste de maire de Libreville, ou futurs sénateurs se positionnent à travers les médias qui ont désormais un terrain propice à l’extrapolation.
Après les sorties de Jean Eyeghe Ndong, ancien Premier ministre et de Jean Boniface Assélé, notamment, le tour revient à Laure Olga Gondjout de se prononcer. Même si elle n’a pas procédé à un gigantesque branle-bas médiatique pour se faire entendre, on peut retenir tout de même qu’elle est la tête de liste du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) dans le 3e arrondissement de Libreville. Une liste sur laquelle figure également Marie Joséphine Kama Dabany, dit Patience Dabany, mère du président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba.
Tête de liste, et devant Patience Dabany…
Dans les agoras informels, chez l’épicier du quartier, des les débits de boissons et même dans les administrations, le nom de Laure Olga Gondjout revient souvent. Si on ne lui attribue pas l’ambition de briguer le fauteuil de Maire de Libreville, on estime qu’elle vise celui du président du Sénat. De l’une ou l’autre de ces ambitions, elle ne s’est jamais exprimée. À nos confrère de Gabonactu, elle explique pourquoi briguer les suffrages des gabonais. «Pour rafraîchir votre mémoire, j’étais déjà candidate et tête de liste en 2008. A la suite de ce scrutin, j’ai été élue sénateur suppléant du 2e vice-président du Sénat, en l’occurrence, Félix Mba (fils de Léon Mba, père de l’indépendance du Gabon, ndlr). Je suis donc conseiller municipal de Libreville au 3e arrondissement. Ce n’est donc pas la première fois que je brigue un mandat électif».
Quant à son positionnement en tant que tête de liste et ce, devant la mère du président de la République, elle répond : «la hiérarchie du Parti démocratique gabonais a ses critères de choix que nous respectons aussi bien moi qu’elle. Je dois vous dire que nous avons plaisir à travailler ensemble et à mener cette campagne. Peu importe le positionnement. Ce qui compte pour nous c’est de porter haute la voix du PDG. Nous sommes investies pour que la liste que nous conduisons gagne avec une majorité confortable ».
Laure Olga Gondjout dit ne respecter que la discipline édictée par son parti. Dans ce contexte, lorsqu’on lui demande si elle démissionnera de son poste de secrétaire général de la présidence de la République en cas de victoire, elle déclare qu’elle fera justement selon la volonté du parti.
Jean Eyéghé Ndong, en face, et la famille Léon Mba
Parlant de la présence, en face, du candidat Jean Eyéghé Ndong, l’ancienne ministre de la Communication rigole et souligne qu’il est candidat au 2e arrondissement de Libreville. «Moi, je suis candidate au 3e arrondissement. J’ai donc un sommeil très long et paisible. La candidature de cette personne que je respecte d’ailleurs ne peut m’empêcher de dormir», a-t-il dit tout en ajoutant «je suis sereine, confiante et optimiste. Soyez assuré que sa candidature ne peut m’empêcher de dormir. Peut être que la mienne pourrait l’empêcher de dormir. Posez-lui la question !»
Pour ce qui est des rapports avec le clan Léon Mba auquel appartiendrait Jean Eyéghé Ndong, l’actuel secrétaire général de la présidence gabonaise dit : «Nos deux familles travaillent ensemble et se comprennent. Si vous voulez un peu d’histoire, nos patriarches avaient leurs positions politiques pourtant ils étaient d’abord amis et alliés politiques. Il y a eu certes des divergences sur l’approche de gouvernance politique du pays pourtant ça n’empêche pas les enfants de la famille Gondjout et de la famille Léon Mba de travailler en bonne intelligence pour le développement du Gabon».
On notera qu’en 2008 elle avait battu compagne pour Félix Mba (fils de Léon Mba) qui a été élu sénateur et 2e vice-président du Sénat. Pour les futures échéances, la famille Léon Mba est sur sa liste en la personne de Calixte Nsié Edang. Cependant, madame Gondjout dit : «Dans mes veines et dans mon esprit je suis PDG. Le Parti démocratique gabonais a pour ancêtre le Bloc démocratique gabonais (BDG). Quoi qu’il advienne, je ne voterai pas pour un adversaire du PDG. Maintenant si certains après réflexion décident de réintégrer le PDG qui est leur maison mère, alors là, je pourrais voter pour eux».
Argent, conception de la richesse et situation économique du Gabon
Gardant son flegme et sa sérénité, madame Gondjout parle de sa fortune en ces termes : «vous savez, si pour eux la fortune c’est la noblesse et la dignité, alors d’accord». Et certainement pour contourner la question «Vous n’avez pas d’argent ?», elle rétorque par l’ironie : «vous en avez aussi ? N’est-ce pas ? Pour moi c’est la richesse dans les idées, la dignité dans le comportement, le partage, la manière de conduire les hommes, le rassemblement autour de soi, la capacité de faire travailler les uns et les autres en harmonie. Si c’est cela la fortune : alors oui».
La situation du pays, selon ceux qui estiment qu’il est «par terre» n’est pas partagée par l’ancienne secrétaire de feu le président Omar Bongo Ondimba. «Le pays est à terre et eux, ils sont encore débout ? Non, le pays n’est pas à terre. Evidemment, c’est normal qu’ils le disent. Je serais à leur place que je dirais la même chose, mais autrement. L’adversaire qui n’est pas animé d’objectivité a certainement des œillères. Il ne voit pas la réalité. Mais moi, je ne porte pas d’œillères et je vois la réalité. Les lignes bougent. Le pays avance au rythme des moyens qui sont les nôtres. Le pays avance», a-t-elle indiqué avant de poursuivre : «Je pense que nous devons être pétris de patriotisme. Nous ne pouvons pas au gré de nos intérêts, malmener le pays. On ne peut pas dire que le pays est à terre parce qu’on n’est pas aux affaires. Il faut quand même être objectif. Reconnaître ce qui se fait. Apprécier et dire qu’ils auraient peut être fait mieux. Je pense que c’est ça qu’attendent nos populations».
Adversité avec le CLR, membre de la Majorité pour l’émergence
Et voici une autre question qui met en relief la discorde qui existe désormais entre le PDG et le Centre des libéraux réformateurs (CLR). «La mairie du 3e arrondissement est actuellement occupée par le CLR. La présence de La Mama sur votre liste n’est-ce pas une volonté de détrôner le parti du général Assélé ?» La réponse est tout aussi cinglante : «Non. Non. Non. Il ne faut pas réduire la présence de Madame Marie Joséphine Kama Dabany à la destruction du CLR, non, non non. Sa présence sur la liste s’explique par son action en tant que commerçante. Il ne vous a pas échappé que c’est quand même elle la première présidente d’honneur de l’UFPDG ! Elle a une expérience. Elle est une résidente du 3e arrondissement. Sa présence comme celle de deux Ministres, d’un Secrétaire national du PDG, d’un conseiller du Président du Parti, d’opérateurs économiques et de cadres s’explique par la volonté d’avoir des colistiers de toutes les générations et sensibilités».
Pour clore, elle demande aux sympathisants et militants du PDG de leur faire confiance. «Vous l’avez dit vous-même, il y a des poids lourds dans la liste. Notamment des femmes. Les femmes sont plus sensibles et fidèles. Mais les hommes aussi ont à cœur d’améliorer les conditions de vie des uns et des autres. Donc qu’ils fassent le bon choix. Quelque soit le bord politique auquel ils appartiennent, ils doivent voter la liste que je conduis, celle du PDG qui n’a pas simplement des ambitions mais qui a déjà commencé à mener des actions. Nous ne sommes pas à la phase d’idées de projets mais à celle d’exécution de projets», a conclu Laure Olga Gondjout.
