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Locales 2013 : le recul du PDG dans les grandes villes

elections-locales-gabonLe triomphalisme un peu hâtif de certains médias et acteurs politiques proches du pouvoir concernant la «gifle» qu’aurait donnée le parti au pouvoir à ses adversaires aux dernières élections locales, devrait se relativiser à la lecture du rapport d’analyse des résultats publié par l’Observatoire national de la démocratie. En recul, le PDG ne triomphe que dans 3 capitales provinciales sur 9. L’économie du rapport.

Avec les 1517 sièges de conseillers qu’aura raflé le Parti démocratique gabonais (PDG) lors des locales du 14 décembre 2013, l’opposition gabonaise bien qu’effritée, désorganisée et en manque de projet fédérateur pour la population a-t-elle vraiment été battue sur les 2404 sièges mis en compétition dans les 122 circonscriptions électorales ? L’Observatoire national de démocratie (OND), emmenée par Dieudonné Minlama Mintogo, y répond par la négative.

«À mon avis le plus grand perdant de cette élection c’est le PDG, car malgré qu’ils gèrent toutes les grandes institutions du pays, et le gouvernement, ils n’ont pas pu s’imposer aux élections locales du 14 décembre dernier. Dans la cartographie électorale, les provinces qui ont voté contre Ali Bongo Ondimba en 2009 sont encore aujourd’hui dans l’opposition. Ne nous contentons pas de compter le nombre de conseillers».

En limitant son champ d’analyse aux neuf capitales provinciales, un choix motivé par l’importance de ces agglomérations et leur poids sur l’échiquier électoral national, toutes proportions gardées. Ces zones présentent en effet un électorat plus dense (plus de 53%), concentrent plus de 70% de la population du pays et elles expriment une meilleure représentativité de la population gabonaise dans la diversité (âge, ethnie, niveau d’instruction catégorie socioprofessionnelle). De plus, indique l’OND, «elles sont moins sensibles au phénomène de bœufs votants. Elles présentent aussi une plus grande pluralité des listes de candidature ce qui améliore la surveillance des élections et réduit les possibilités de fraude».

Au terme d’une série de tableaux disposant, pour chaque chef-lieu de province, le nombre d’inscrits, d’abstentions, le taux d’abstention et le taux de participation, l’OND conclu : «Après le boycott des élections législatives de décembre 2001, ces élections locales ont connu une meilleure participation (52,65 %) dans les grandes villes. Ce qui est déjà appréciable.» Mais, analysant toutes les données recueillies, l’organisation de Dieudonné Minlama Mintogo relève la défaite du parti au pouvoir contre tous les autres partis politiques (opposition, indépendants et formations politiques de la Majorité républicaine pour l’Emergence). Ainsi, analysant les résultats des 9 capitales provinciales, le PDG n’a vraiment triomphé que sur 3 à savoir Makokou (63%), Koula-Moutou (57%) et Franceville (71%), «le tout sur une base de 10,50% de l’échantillon», lit-on dans le rapport de l’OND.

Le parti au pouvoir a donc essuyé des défaites sur les 6 autres chefs-lieux de province en réalisant 28% à Libreville ; 34% à Port-Gentil ; 37% à Oyem ; 36% à Mouila ; 43% à Lambaréné et 34% à Tchibanga. «Le tout sur une base de 89,46% de l’échantillon». Ce qui lui vaut le score de 36,21% de suffrages contre les 63,69%.

Pour Dieudonné Minlama, ces résultats font ressortir trois constats majeurs : «la conformité de la répartition spatiale des suffrages par rapport aux résultats des présidentielles d’août 2009. Au niveau national, le PDG a subi un recul de 6% par rapport à 2009. L’opposition émietté, désorganisée et orpheline de l’Union nationale, n’a pas réussi à profiter des reculades du PDG».

En effet, selon le président de l’OND «à mi-mandat du septennat du président Ali Bongo Ondimba arrivé au pouvoir avec 41,73 % des voix, le PDG parti au pouvoir éprouve encore du mal à s’imposer sur l’ensemble du territoire national. Il apparaît comme une machine affaiblie, statique, incapable d’avancer. Mais cela veut aussi dire que si la grande majorité des Gabonais n’a pas voté pour le camp présidentiel, c’est parce que les deux gouvernements qui ont dirigé le pays depuis 2009 ont surement failli à leur mission. Ils n’ont pas réussi à faire adhérer le maximum des Gabonais au PSGE, ils n’ont pas apporté au peuple gabonais le bien-être qu’ils attendent. Ce PDG organisé avec les moyens du gouvernement, n’a pas réussi à faire adhérer le maximum de Gabonais, ni à sa politique, ni à ses résultats».

«L’état structurel actuel de l’opposition gabonaise, empêcherait à ce bord politique de capitaliser cette masse du peuple qui le soutient et qui la considère comme l’alternance. Elle doit comprendre que malgré la sympathie, elle est désorganisée, et n’a pas présenté un projet qui puisse fédérer le maximum des Gabonais qui ne sont pas d’accord avec la politique menée actuellement par les gouvernements Biyoghé Mba et Ndong Sima», a-t-il conclu.

L’OND estime qu’une bonne partie de la population, qu’il nomme «majorité silencieuse» a divorcé d’avec la chose politique pour diverses raisons, notamment l’incapacité des politiques publiques annoncées à améliorer leurs conditions de vie. Cette frange de la population pourrait, en 2016 selon l’OND, jouer un rôle déterminant.

Dans une dernière rubrique de son rapport qui indique que «2016 c’est maintenant», l’OND égrène quelques propositions non moins importantes. Au président de la République, il est demandé de doter le système biométrique du Gabon de l’authentification et de l’interconnexion «afin que les élections générales de 2016 soient libres, démocratiques et transparentes gages de la paix et de la stabilité du pays» ; d’amener le gouvernement à prendre en compte les revendications des syndicats et de la société civile en vue de «répondre positivement aux aspirations légitimes du peuple.» Il est demandé à l’administration «d’engager les préparatifs des prochaines élections générales de 2016 dès maintenant (budget, formations, enrôlement des électeurs, etc.» A la classe politique des deux camps de l’arène gabonaise il est proposé «d’organiser les états généraux de chacun des camps afin de proposer des offres politiques crédibles à la jeunesse gabonaise qui se désintéresse de plus en plus de la chose politique et de la vie publique. La préparation d’une bonne relève crédible et consciente est à ce prix», tandis que la société civile est invitée à se préoccuper du phénomène de l’abstention et de le combattre en organisant un forum national y relatif, mais aussi d’aider le pays à mettre en place «une démocratie pluraliste caractérisée par l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes aux lendemains paisibles.» Le rapport de l’OND qui ne tient compte que des capitales provinciales peut-il être démenti par un examen plus méticuleux de l’ensemble des résultats sur toute l’étendue du territoire ? Un analyse plus étendue s’impose sur laquelle Gabonreview pourrait revenir.

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