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La mise en orbite finale de Sony Edingo

sony-edingoPeu après que le Pr Daniel Ona Ondo, le Premier ministre, et Ida Reteno Assonouet, le ministre de la Culture, soient passés s’incliner devant la dépouille mortelle de l’artiste, la cinquantaine de musiciens venus rendre un ultime hommage au «Géant de la musique gabonaise» qu’était Sony Edingo a transformé la veillée mortuaire en un spectacle populaire. Une manière de lancer et de mettre sur orbite interstellaire l’étoile qu’était ce musicien, mort le 24 janvier 2014.

Rigobert Mintsa Allogo, plus connu sur le pseudonyme de Sony Edingo, est sorti du film de la vie dans la nuit de vendredi 24 janvier dernier aux environs de 22 heures, à l’âge de 62 ans, des suites d’un Accident vasculaire cérébral (AVC). Pour lui rendre un ultime hommage, une cinquantaine de groupes et d’artistes solistes gabonais a transformé en spectacle populaire la veillée mortuaire qui a eut lieu le 6 février au domicile familial de Nzeng-Ayong. Ce, après un office religieux à l’église Saint Michel de Nkembo.

Couvrant plusieurs dizaines de mètres carrés et pris d’assaut par les membres de la famille, les amis, artistes, personnalités politiques et autres connaissances, le domaine familial de Nzeng-Ayong où était exposée la dépouille mortelle a refusé du monde. Une atmosphère incroyable qui a fait crier un jeune artiste déplorant l’hypocrisie et la méchanceté de l’Homme. «Si tous ces gens fortunés et moins nantis s’étaient mobilisés comme ce soir pour aider et soigner Edingo, je suis sûr qu’il serait encore en vie et en bonne santé. Pourquoi l’Homme est si hypocrite et méchant?», s’est demandé le jeune chanteur, des sanglots dans la voix.

Au titre des personnalités venues s’incliner devant la dépouille mortelle d’Edingo, il y avait le Pr Daniel Ona Ondo, Premier ministre, qui a par la suite écrit dans le livre des condoléances, «Mon frère, repose en paix. Nous ne t’oublierons pas. Repos éternel». La présence du ministre de la Culture, Ida Reteno Assonouet, venue rendre un hommage à l’artiste à travers le dépôt d’une gerbe de fleurs et d’une enveloppe, a également été fort remarquée ; tout comme la délégation du Mouvement de redressement national (Morena Unioniste) emmenée par son président Victor Alain Eya Mvé qui a également déposé une couronne de fleurs.

S’en est suivi la Chorale Jésus Marie Joseph de l’église Saint Michel de Nkembo qui a égrené de nombreux cantiques avant que n’interviennent les artistes, aux environs de 20 heures, pour donner un ultime spectacle dans la cour de la maison mortuaire, en présence du millier de personnes venues à la veillée. Maitre de cérémonie pour la circonstance, le producteur de télévision Nestor Ekomié a expliqué que les pleurs n’avaient pas de place à cette veillée, «Nous ne sommes pas ici pour pleurer Sony Edingo, parce qu’il n’est pas mort», a-t-il clamé, précisant qu’il était plutôt question de lui dire au revoir en chantant, en riant pour l’accompagner dans son long voyage. Car, «L’artiste ne meurt pas, tant que ses œuvres sont là», a-t-il ajouté. Dans cet élan, il a résumé la vie artistique de Sony Edingo en concluant, «Je l’ai connu à travers les émissions télévisées, j’étais encore à l’école primaire et je l’admirais déjà. Une admiration qui est restée intacte jusqu’à son ultime voyage».

Le show a donc été ouvert par le collectif des artistes du Nord «Dzam Ene Va» qui a interprété l’increvable «Mikouss» (veuves), l’un des titres phares du répertoire d’Edingo. Un titre joué bien à propos, les membres de ce groupe d’artistes se présentant comme des orphelins qui venaient de perdre leur père spirituel dans l’univers musical gabonais. Leur prestation scénique a été l’occasion d’enchainer des titres traitant de la solidarité, de l’union des provinces du Gabon, de la fierté d’appartenir à une tribu, de la nécessité de maitriser de son arbre binaire et de la culture en général.

Un autre groupe d’artistes, Descendance E, a également livré sa version de «Mikouss» avant que bien d’autres artistes ne se soient succédé sur scène jusqu’au matin. Il y avait notamment Placide Mba, Bernie Mba, Bobby Tobaco, Sima Mboula, G-14, Assanlanini, Apôtre, René Bayard, Madame Ada, Myra, Prince Yvon, Durand, Abess de Tobaco, Reine Mère, Annie Mba, Sima Hugues, Corina Mengue, Sima Junior, Maycher Meye, Diane Amédé, Motopassi, Gutenberg Assoume, Fabiola Love, Bertin Kwémé, Le Fils de l’Homme, Carla Andeme, Goviah, Pelly-N, Yolaine Magalie, Ze La Panthère… La présence d’Alexis Abessole, Chantal O’, François Ngwa et de bien d’autres artistes a été notée sous les tentes érigées pour la circonstance.

Hilarion Nguema et Christian Makaya, alias Mackjoss, deux doyens de la génération de Sony Edingo, n’ont pas été avares de témoignages dans une émission de télévision dédiée. Et Hilarion Nguema de raconter : «J’ai fais la connaissance d’Edingo dans le Woleu-Ntem il y a très longtemps. Je faisais la navette entre Oyem et Bitam. Et quelques fois en Guinée Equatoriale et au Cameroun. Mais j’étais installé à Oyem. C’est là que j’ai connu Edingo. Et pour la petite histoire, il m’appelait beau-frère, parce qu’à cette époque, je vivais avec une jeune fille Nkodjègn. Sa mort est un grand trou, une grande perte pour la musique gabonaise. C’était un ami. Presqu’un frère. Sa disparition me laisse froid et ce n’est pas de gaité de cœur que je suis ici ce soir. C’est d’ailleurs Madame Ada qui m’a informé de ce décès par téléphone. Aussitôt informé, je suis allé chez ses parents m’enquérir de la situation».

Pour Mackjoss, «la mort de Monsieur le maire, (c’est comme cela que je l’appelais) m’affecte beaucoup, parce que c’était un garçon très gentil. Vous savez, quoi que l’on dise, l’artiste est quelqu’un de merveilleux. Cela fait plus de trente ans que je connais Edingo. Nous avions participé ensemble aux émissions de télévision. Nous avions joué ensemble à l’ancienne foire, à la présidence de la République sous feu Omar Bongo Ondimba, dans les mariages… C’était un Monsieur, quoi que l’on dise, qui ne se séparait jamais de son chapeau pour demander de l’argent quand il prestait. Je dis, Edingo était d’une famille de bonne facture. C’était quelqu’un qui ne voulait pas vivre au dépend de sa famille. Il voulait vivre de son art. C’est pourquoi chaque fois qu’il chantait, il prenait son chapeau pour que les gens mettent un peu d’argent. Et c’est normal. Pour celui qui connait les droits d’auteurs, je pense que c’est normal. Voilà!».

La dépouille mortelle de Sony Edingo a été acheminée à Nkolayo Nkodjègn (Oyem), son village natal, le vendredi 7 février par avion et a été inhumée le lendemain 8 février 2014 au cimetière familial. Avant le retour des délégations, le lendemain, une séance de Mvett a été organisée. S’il a vécu dans la quasi indigence artistique à cause du contexte gabonais en la matière, Sony Edingo a eu des obsèques de roi et son étoile brillera longtemps encore dans le firmament de la musique gabonaise.

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