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Discours d’Ali Bongo Ondimba au sommet sur le commerce illégal de la faune sauvage à Londres

Le président Ali Bongo, lors de son allocution du 29 janvier à Libreville. ©Cocom
Le président Ali Bongo, lors de son allocution du 29 janvier à Libreville. ©Cocom
Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba a réclamé un moratoire de 10 ans sur le commerce de l’ivoire, à l’occasion de la conférence sur le commerce de la faune sauvage qui se tient à Londres à l’initiative du prince héritier de la couronne britannique.

Vos Altesses Royales ; Monsieur le Premier ministre ; Excellences, mes homologues chefs d’État ; Ministres distingués ; Mesdames et messieurs ; C’est un honneur pour moi de participer à cet important rassemblement, et je suis extrêmement reconnaissant au Royaume-Uni d’avoir bien voulu nous y accueillir.

Les éléphants de forêt d’Afrique sont des créatures magnifiques. Ils jouent un rôle essentiel dans la préservation de l’écologie dans la forêt tropicale. Ils contribuent à la fertilité des forêts, à la dispersion des minéraux et l’accroissement de leur productivité ; et par conséquent, à l’augmentation de la séquestration du CO2. C’est aux éléphants que les autres animaux de la forêt pluviale doivent les pistes et les clairières qu’ils utilisent. En dispersant les graines de centaines d’essences d’arbres de grande taille, ils contribuent à la croissance des bois d’œuvre les plus précieux.

Les forêts africaines sont en proie à un commerce illégal de faune sauvage de plus en plus organisé et violent ; et il va de soi que si tous les éléphants en disparaissent, c’est toute la biodiversité qui en souffrira.

C’est malheureusement la tendance que l’on constate depuis une dizaine d’années. L’Afrique Centrale a perdu près des trois quarts des éléphants « cachés » d’Afrique : les « éléphants de la forêt tropicale ».

Les prix de l’ivoire atteignent aujourd’hui des sommets : jusqu’à 2000 dollars le kilo. Les bénéfices que l’on peut en tirer sont tellement juteux que le commerce illégal de l’ivoire est de plus en plus aux mains de groupes et de réseaux criminels internationaux.

Nous savons aujourd’hui que ces profits illégaux servent à financer des conflits civils armés et des activités de nature terroriste. Qui plus est, le trafic illicite de faune sauvage est en train d’établir des liens avec d’autres formes de crime organisé transnational.

Dans toute l’Afrique, les braconniers peuvent s’introduire dans des régions en paix qui regorgent de ressources naturelles, où ils déclenchent une spirale de criminalité et de souffrance qui alimente des conflits civils armés.

C’est un cycle qui commence par la tuerie de rhinocéros et d’éléphants – les denrées les plus précieuses. Puis d’autres animaux sont visés, ainsi que des bois d’œuvre et des minéraux. Et lorsque ceux-ci sont épuisés, les braconniers, chez qui le recours aux armes pour assurer leur subsistance est devenu une habitude, deviennent des voleurs, des bandits, et enfin des rebelles.

La criminalité liée aux espèces sauvages est devenue une grave menace pour la souveraineté et la stabilité de certains de nos pays. Les braconniers n’hésitent pas à tirer sur nos gardes dans les parcs nationaux. Dans certains pays, la guerre de brousse à laquelle ils participent est aussi intense que n’importe quel conflit moderne.

Les pays qui ont perdu la maîtrise de leurs ressources naturelles finissent par être aspirés dans cette spirale qu’ils ne peuvent endiguer. Le plus souvent, les braconniers ne prennent que l’ivoire et abandonnent le corps de l’éléphant à la pourriture. Voir nos puissants éléphants tomber et se décomposer a une portée symbolique insoutenable. Dans la culture bantoue, l’éléphant est un totem, l’emblème de la puissance. Si nous laissons des criminels et des milices abattre notre patrimoine naturel, nos totems, alors nos nations sont vouées à suivre le même chemin.

Paradoxalement, il y a un lien direct dans l’Afrique subsaharienne entre la paix, la prospérité et le nombre des éléphants. Les pays qui ont perdu leurs éléphants ont souvent sombré par la suite dans les troubles civils.

C’est pourquoi mon gouvernement prend des mesures décisives pour restaurer l’ordre. L’année dernière, j’ai brûlé tout notre stock d’ivoire, pour faire passer le message qu’au Gabon, on pratique la tolérance zéro pour le commerce illégal de l’ivoire et de la criminalité liée aux espèces sauvages.

Juste avant la rencontre d’aujourd’hui, j’ai signé une nouvelle loi faisant du braconnage et du trafic des éléphants un crime, en allongeant à trois ans la peine minimale infligée aux braconniers condamnés, et en réclamant une peine à vie dans les cas impliquant des crimes en bande organisées.

Mais nous ne pouvons pas résoudre ce problème international seuls. Nous devons agir à l’échelle nationale, régionale, continentale et mondiale, dans un effort concerté. Les pays producteurs et consommateurs doivent collaborer : d’une part afin de réduire la demande et d’autre part de restreindre l’offre en produits illicites d’espèces sauvages.

Il faut que nous renforcions nos institutions : celles au service de la faune sauvage, et celles chargées de l’application des lois. Mais nous devons admettre qu’il s’agit d’un problème interministériel, intergouvernemental, qui ne relève plus « seulement » des questions d’environnement.

Aujourd’hui, je voudrais vous proposer un moratoire de dix ans sur le commerce de l’ivoire, afin de nous donner le temps tous ensemble de stabiliser les populations d’éléphants sur le continent africain, et d’éradiquer la criminalité liée aux espèces sauvages. Le commerce ne devrait être autorisé que lorsqu’il peut être réglementé efficacement et lorsque nous pouvons démontrer que les populations d’origine sont gérées de façon soutenable.

Merci.

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