spot_imgspot_img

Essence et briquet pour un recouvrement musclé au FER

immolation-2Décidément, le Gabon est aux antipodes de ses discours officiels concernant le soutien et l’encouragement des PME locales. Et, Grégoire Bayima, jeune entrepreneur dans le Génie-civil, l’a appris à ses dépens et d’ailleurs dû inventer une méthode de recouvrement fort audacieuse : pour se faire payer un travail commandé par le ministère des Travaux publics, il a tenté, le 19 février de s’immoler par le feu dans les locaux du Fonds d’entretien routier (FER).

C’est un évènement des plus inhabituels qui s’est déroulé dans les locaux du Fonds d’investissement routier (FER), sise à la Galerie des Jardins d’Ambre à Libreville. En effet, ainsi que le rapporte diverses sources, mais surtout l’hebdomadaire Faits Divers du vendredi 21 février 2014 (n°3), l’après-midi du mercredi 19 février 2014, a été mouvementé pour les agents en service dans cette administration. Pour cause, un entrepreneur de nationalité gabonaise, pour tout moyen de pression sur le directeur général du FER, a tenté de se donner la mort en s’aspergeant d’essence avant d’être rattrapé in extremis par les agents de la Société gabonaise de services (SGS), une entreprise de gardiennage, en poste dans lesdits locaux.

Pour Grégoire Bayima, responsable de la société Carboncor, spécialisée dans le revêtement des routes, la situation était devenue intenable dans son entreprise. L’Etat ne s’étant pas acquitté de deux factures : la première, d’un montant de 30 455 920 de francs CFA ; la seconde évaluée à 29 233 763 de francs CFA, au terme d’un service d’aménagement des axes routiers Affaires étrangères-Citée de la démocratie, Ancienne RTG-Derrière la Prison Gros Bouquet, puis des axes Ancien Dialogue-Rond-point du Jardin de Jade-Sablière, les soupçons de ses employés pesaient sur lui. D’autant plus que les commandes étaient adressées par l’Etat en vue de l’organisation du Marathon international du Gabon, couru le 1er décembre dernier à Libreville. Or, le marathon fini, les employés n’ont rien vu venir.

«Au départ, je ne voulais pas faire ces travaux parce qu’ils me doivent encore pour le même travail exécuté récemment au 4è arrondissement. Ils m’ont supplié et m’ont rassuré que je serais payé aussitôt les travaux terminés. J’ai des travailleurs qui me harcèlent car ils pensent que j’ai reçu de l’argent et je ne veux pas les payer. J’ai dû prendre un crédit pour préfinancer ces travaux, mais aujourd’hui je me trouve endetté», a déploré le jeune entrepreneur qui a dit avoir répondu, en décembre 2013, à un appel d’offres du ministère des Travaux publics pour la réfection des voies dégradées de la capitale gabonaise avant l’arrivée des athlètes. Mal lui en a pris.

L’entrepreneur avait alors adressé une correspondance au directeur général du FER, dès le 30 décembre 2013 aux fins de lui signifier son inquiétude quant au non-paiement du service effectué par sa société. Près de deux mois se sont pourtant écoulés sans que l’interpelé ne daigne réagir. Excédé par la situation, Grégoire Bayima, ancien directeur général de l’Entretien des routes et aérodromes jusqu’en 2011, s’est donc rendu mercredi dernier dans les locaux du FER muni d’un récipient contenant 5 litres d’essence et un briquet, décidé à suivre l’exemple de l’étudiant tunisien Mohamed Bouazizi (détonateur du «Printemps arabe» en décembre 2010), en s’immolant.

Ce n’est qu’au regard de la détermination de l’homme que le DG du FER a dû s’intéresser à ses revendications. Pour l’heure, les deux parties seraient en en voie de trouver un arrangement pour que le DG de Carboncor perçoive intégralement son dû au plus vite. Mais, selon des sources internes du FER, l’entrepreneur s’est refusé à quitter les lieux tant qu’il ne voyait pas un ordre de virement de son paiement. Ce qu’il aurait fini par obtenir avant de finir aux mains des forces de l’ordre qui ont été rameutées. Il aurait dont fallu qu’il en arrive là pour que la situation évolue. Ce qu’a soutenu à l’hebdomadaire Faits Divers un des agents du FER : «Il faut ce genre d’actes pour que des solutions soient trouvées car il est inadmissibles que toutes les fois que cet homme est venu réclamer son argent, on ne veut pas le recevoir. C’est la méthode qui marche puis que ces chèques sont signés.»

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES