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Malversation financière : le recadrage et avertissement d’Eyéghé Ndong

eyeghe-ndong3Reconnu comme comptable de fait d’une somme d’argent de 98,3 milliards de francs CFA, l’ancien Premier ministre a dit ne pas se reconnaître dans ces accusations, invite à l’audition des responsables de la chaîne de dépense au moment des faits et entrevoit l’ouverture de la boite de Pandore qui mettrait à mal ceux qui aujourd’hui se sont constitués partie civile.

Mis en cause dans l’affaire dite des malversations financières, Jean Eyéghé Ndong a choisi de s’expliquer devant les contribuables gabonais puisqu’il s’agit de leur argent. En présence d’une foule compacte au sein de laquelle on pouvait reconnaître la quasi-totalité des ténors de l’opposition, notamment les membres du Front de l’opposition pour l’alternance, l’ancien Premier ministre a clamé son innocence : «Concernant la gestion des fêtes tournantes, je suis tout simplement innocent», a-t-il martelé, précisant qu’il est l’objet de deux arrêts de la Cour des comptes aux termes desquels il est déclaré, à titre provisoire, comptable de fait d’une somme d’argent de 98 300 000 000 de francs CFA perçu du Trésor public en qualité de président du comité des fêtes tournantes de la province de l’Estuaire en 2006 et 2007.

Restituant le contexte, Jean Eyéghé Ndong a rappelé que «La province de l’Estuaire ayant accueilli les Fêtes Tournantes en 2006 et 2007, à ma connaissance les projets retenus dans ce cadre ont été inscrits dans les lois des finances de ces deux années (…) Pour les deux exercices, nous en sommes à 100 milliards de francs CFA. Ce qui logiquement veut dire que je suis sensé avoir distrait de ces 100 milliards la somme de quatre-vingt-dix-huit milliards trois cent millions de francs CFA.» En somme, l’ancien Premier ministre a détourné presque l’entièreté du budget des deux éditions de la fête de l’indépendance de la période concernée.

Cette conférence de presse aux allures de meeting, tenue par l’élu de Nkembo le 29 août dernier à sa permanence politique de Nkembo dans le 2ème arrondissement de Libreville, a permis aux uns et aux autres de se faire une idée de la situation. Celui que le gabonais moyen aime à appeler «Nza fe», pour dire «qui d’autre ?», a indiqué avoir 3 mois pour prouver son innocence. «J’aurai reçu du Trésor public (…). Et, ayant reçu ces fonds, je n’ai effectué aucune dépense d’intérêt public. Autrement dit, selon ma compréhension, j’aurais utilisé ces fonds publics à des fins personnelles», a-t-il dit, ajoutant : «Je suis, en conséquence, enjoint par la Cour des comptes de produire dans un délai de trois mois, à compter de la date de notification de ces arrêts, les comptes de gestion de fait englobant toutes les opérations effectuées dûment certifiées et signées, appuyées des pièces justificatives».

Pour le dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, cette sommation est aussi inopportune que difficile à soutenir juridiquement. Car, soutient-il, «il est important d’indiquer que cette désignation n’a pas été prononcée par aucun un acte réglementaire. Ceci m’autorise à dire qu’il s’agissait d’une fonction purement protocolaire justifiée par le fait qu’en tant que Premier ministre à l’époque, j’étais la première personnalité politique de la province de l’Estuaire au plan de la préséance, province dont je suis originaire. C’est la pratique dans notre pays», a-t-il souligné, poursuivant : «Qu’il me soit permis, sans faire offense aux distingués magistrats de l’ordre financier, de m’interroger à haute voix : puisque selon les deux arrêts de la Cour des Comptes j’ai reçu des fonds publics du trésor public, dans un État de droit comme le nôtre, quelles sont les procédures officielles à caractère législatif et réglementaire pour obtenir du Trésor public de l’argent ? En d’autres termes, quelle en est la traçabilité» ?

S’appuyant sur les articles 57 et 58 de la loi n°11/94 du 17 septembre 1994 fixant l’organisation, la composition, les compétences, le fonctionnement et les règles de procédure de la Cour des comptes, qui dispose que : «la procédure contradictoire est garantie par la règle du double arrêt qui demande à la Cour des Comptes de statuer par arrêt successivement provisoire, puis définitif et par la faculté qui lui est offerte de communiquer tout ou partie du rapport d’instruction au justiciable et à toute personne intéressée qui doit y répondre», Jean Eyéghé Ndong a sollicité de la haute juridiction les rapports des audits sur les fêtes tournantes 2006 et 2007 réalisés par elle et lui ayant permis de rendre ce jugement à titre provisoire, les quittances ou autres pièces comptables attestant des versements de ces montants à lui ou à une personne morale dont il avait la gestion ainsi que l’identité de la partie versante, les références de ses comptes bancaires ou de ceux de la personne morale ayant reçu ces sommes.

De même, sur le fondement de l’article 57 de cette même loi, le vice-président de l’Union Nationale (UN, opposition) demande à la Cour des comptes d’entendre, à titre de témoins, le ministre en charge du Budget en 2006 et 2007 en sa qualité d’ordonnateur principal du budget de l’État, le directeur général du Budget en 2006 et 2007 en sa qualité d’ordonnateur délégué du budget de l’État et le trésorier-payeur général en 2006 et 2007 en sa qualité de comptable principal du budget de l’État. «Ces personnalités sont en vie. Chacun de ces témoins devra attester de ce que j’ai reçu ou pas la moindre somme d’argent relative à la réalisation des projets dans le cadre des Fêtes Tournantes. Ils devront également déclarer à la Cour de comptes la destination des cent milliards de francs CFA de dotation budgétaire attribuée à la réalisation des projets de développement dans le cadre des fêtes tournantes 2006 et 2007 à l’Estuaire», a-t-il lâché, comme pour mettre au défi la juridiction financière.

Patrimoine personnel et boite de Pandore

Et puisqu’il est question d’enrichissement illicite, Eyéghé Ndong a lancé : «Mon patrimoine depuis le début de ma carrière publique peut être examiné à la loupe et il révèlera que le pédégiste que j’ai été naguère et l’opposant résolu que je suis devenu désormais ne cache aucune fortune ni au Gabon ni à l’étranger. Est-ce le cas de nos donneurs de leçons ? Veut-on ouvrir véritablement la boîte de pandore avec l’espoir de salir les opposants dont certains ont courageusement décidé, et avec raison, de quitter le bateau PDG ou de démissionner du gouvernement en 2009 pour ne pas passer pour complices dans des manœuvres et complots qui se tramaient entre personnalités qui profitaient de leurs positions dans l’appareil de l’Etat…»

«Pour ce qui me concerne, j’ai servi l’Etat à un haut niveau. Par conséquent, je dois en principe retenir ma langue par rapport à des affaires dont j’ai eu connaissance à l’occasion ou par le fait de l’exercice de mes fonctions. Mais si on m’oblige à la délier, attention les dégâts pour tous ceux qui, en quête de légitimité populaire ont choisi malencontreusement de faire exploser la République. Cette République, pour ne pas dire cet Etat, je la connais pour y avoir servi au sommet. Voulez-vous que j’ouvre quelques-uns de ces tiroirs au risque d’éclabousser plus d’un. Attention !», a averti l’ancien Premier ministre qui a abordé certains aspects de la gestion des finances publiques par les dirigeants actuels du Gabon, notamment la destination de l’emprunt obligataire sur le marché international pour un montant de 750 milliards de francs CFA en 2013. Chaud devant !

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