Depuis plusieurs années, la question suscite de vives critiques des populations, écœurées par les agissements des membres des parentèles de certains pontes du pays. Pourtant, profitant de la plénière du 13 octobre dernier à l’Assemblée nationale, le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et de l’Intégration régionale est revenu sur le dossier relatif à l’octroi de passeports diplomatiques aux familles des députés. Sûr de son bon droit, Emmanuel Issoze Ngondet s’est d’ailleurs plaint de la difficulté qu’éprouvent, depuis quelques temps, les membres des familles des élus pour entrer en possession du précieux document de voyage. Selon la commission chargée d’étudier les moyens permettant de faciliter l’accès des demandeurs audit document, les services censés le délivrer feraient un peu de zèle pour peu qu’une pièce vienne à manquer.
Par ailleurs, si la requête du chef de la diplomatie nationale reste conforme à la loi qui prévoit l’octroi de passeports diplomatiques aux familles des parlementaires, il n’en demeure pas moins que le sujet nécessite que l’on s’y attarde. Et pas qu’un peu. Tant de nombreuses histoires, toutes plus cocasses les unes que les autres, l’entourent. Initialement, un passeport diplomatique est délivré par un Etat à ses diplomates pour leurs différents déplacements professionnels. Si celui-ci est également détenu par les membres de l’équipe accompagnant «le diplomate», et dans une moindre mesure par les membres de sa famille restreinte, le passeport diplomatique est réservé aux diplomates en «activité officielle», pour ainsi dire.
Pourtant, au Gabon, l’utilisation que l’on en fait n’est pas loin d’être abusive. Une spécialité reconnue chez «les fils de». Dès lors, l’on s’interroge sur l’utilité de ce document. A quoi sert-il à un fils de député, par exemple ? Sans nul doute à se gargariser auprès de ses amis. D’ailleurs, en juillet dernier, le journal français «Le Parisien» rapportait qu’un fils supposé d’Omar Bongo Ondimba, pour tenter de se sortir d’une mauvaise passe, après qu’une de ses amies eut été interpelée pour conduite en état d’ivresse, aurait exhibé son passeport diplomatique. Comme pour tenter d’influencer l’agent de police français ? Faut-il laisser impunis de tels agissements ? Plus que les modalités d’accès, il apparait urgent que les conditions d’utilisation de ce document soient étudiées.
