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Gabon : le virus Ebola au microscope

EbolaSpécialisé dans les maladies virales, le Centre international de recherches médicales de Franceville joue un rôle central dans le dépistage d’Ebola.

Ebola ou pas Ebola ? Concentré sur ses pipettes, le docteur Nicolas Berthet, chercheur au Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF), tente d’établir un diagnostic à partir d’échantillons arrivés la veille par la route du Congo, tout proche. Les prélèvements proviennent de carcasses de gorilles, d’éléphants et de porcs-épics dont la mort suspecte a tout de suite alerté les autorités.

L’analyse est extrêmement rapide. En moins de quarante minutes, les résultats se révèlent négatifs pour Ebola. Des tests de ce type, le CIRMF, fondé en 1979 dans l’est du Gabon, en pratique quasiment chaque semaine depuis que le continent doit faire face à une épidémie sans précédent.

« Le niveau d’alerte est évidemment beaucoup plus important que d’habitude. Tout événement qui n’est pas totalement normal, quand des animaux meurent, devient un prétexte. Nous sommes très sollicités », explique le directeur général du CIRMF, Éric Leroy, l’un des grands spécialistes des maladies virales émergentes comme Ebola, auxquelles il a consacré la plupart de ses travaux depuis vingt ans.

Guinée équatoriale, Congo ou encore RD Congo… Ces derniers mois, les échantillons arrivent de toute l’Afrique centrale, où le virus est apparu en 1976, et qui reste régulièrement touchée par de nouveaux foyers épidémiques, peu médiatisés car de faible ampleur.

La plupart du temps, ce sont de fausses alertes : « Il y a eu des cas prétendument suspects dans certains hôpitaux de Libreville, simplement parce que des malades avaient un peu de diarrhée et de fièvre. Ils se sont révélés à chaque fois négatifs, mais nous devons pouvoir réagir vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour vérifier », affirme Éric Leroy.

Pluridisciplinarité

Le CIRMF, loin de se limiter aux maladies virales, accueille de nombreuses disciplines comme la parasitologie (notamment le paludisme) ou la primatologie, avec près de 300 primates hébergés sur place, tandis que de nombreux étudiants et jeunes chercheurs viennent y suivre des formations. Mais « dès que des échantillons liés à Ebola arrivent, la priorité leur est accordée et on libère les laboratoires pour travailler dessus », ajoute le directeur.

Aussi, fin juillet, lorsqu’une nouvelle épidémie – distincte de celle qui frappe l’Afrique de l’Ouest – est apparue dans la province de l’Équateur, en RD Congo, le CIRMF est aussitôt intervenu pour confirmer le diagnostic positif à Ebola.

En tant que centre « collaborateur de l’OMS [Organisation mondiale de la santé] », le CIRMF, équipé de technologies extrêmement pointues, peut réaliser toute une batterie de tests que les centres nationaux de la région ne sont pas habilités à effectuer. Grâce aux efforts du Dr Leroy, le centre dispose depuis la fin des années 1990 d’un laboratoire de haute sécurité de type P4, unique en Afrique francophone, qui permet de manipuler les agents les plus virulents. Si quatre chercheurs (sur une vingtaine au total) travaillent en permanence sur Ebola, Éric Leroy est le seul à pouvoir pénétrer dans le P4 – où sont conservés une cinquantaine d’échantillons actifs – vêtu d’une combinaison spéciale et sous assistance respiratoire.

Matériel chauffé à 120 °C

Une fois le virus « caractérisé », « les protéines porteuses du virus sont détruites, rien de vivant ne sort du P4 », rappelle le Dr Berthet. Quant au matériel utilisé lors de la manipulation, il sera chauffé à 120 °C afin de tuer les éventuelles traces de virus qui pourraient subsister.

L’équipe de scientifiques peut alors se pencher sur l’ADN du virus débarrassé de toute dangerosité, grâce à une machine de séquençage génétique – l’une des rares sur le continent – qui révélera une multitude d’informations précieuses pour adapter le dispositif de lutte contre Ebola. Ainsi, lors du déclenchement de l’épidémie en RD Congo, le CIRMF a découvert qu’il s’agissait d’une souche locale du virus. « C’est très important, car si la souche avait été la même qu’en Afrique de l’Ouest, cela aurait signifié que l’épidémie s’était propagée partout sur le chemin jusqu’en RD Congo », souligne le Dr Leroy.

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