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Etat gabonais contre Pierre Péan : une plainte décevante ou réaliste ?

«Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon». © D.R./Assemblage Gabonreview
«Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon». © D.R./Assemblage Gabonreview
Les motifs de la plainte du Gabon contre Pierre Péan, qui ne comportent pas la naissance présumée d’Ali Bongo au Biafra, laisse quelque peu sur sa faim.

Des trois motifs au centre de la plainte du Gabon contre le journaliste d’investigation français, il ne figure rien sur les affirmations de Pierre Péan concernant la prétendue nationalité d’origine d’Ali Bongo. Pourtant, le porte-parole de la présidence de la République avait promis un grand déballage au cours duquel il allait «détruire» page par page et aussi bien intellectuellement que professionnellement le dernier livre de Pierre Péan, «Nouvelles Affaires africaines – Mensonges et Pillage au Gabon», en faisant en sorte que la crédibilité du journaliste-écrivain soit démontée, preuves à l’appui. Les communicants parisiens du chef de l’Etat devaient, eux aussi, «démolir» le célèbre journaliste d’investigation et faire en sorte que ce livre soit le dernier de sa vie qu’il ait pu écrire. Mais au vu de la plainte et des motifs qui s’y rattachent, on peut rester sur sa faim.

Finalement, selon la radio internationale RFI qui a pu joindre un des avocats d’Ali Bongo, la plainte dont on a tant parlé depuis quelques jours ne reposera que sur les passages du livre relatifs aux affirmations de Pierre Péan sur la fraude électorale orchestrée en 2009 par les institutions en faveur d’Ali Bongo, candidat du Parti démocratique gabonais (PDG), sur la supposée implication d’Ali Bongo aux attentats dont avait été victime Jean-Pierre Lemboumba Lepandou en janvier 1992 – celui-ci était alors le secrétaire général du Parti Gabonais du Centre indépendant (PGCI), un des principaux partis de l’opposition d’alors, et enfin sur le rôle qu’aurait joué celui qui n’était alors que ministre de la Défense nationale dans la mort de Georges Rawiri -qualifiée à l’époque de «suspecte» par les proches de l’illustre disparu.

Tout ça pour ça !

«Tout ça pour ça !», a-t-on envie de dire. Si la plainte déposée au nom de l’Etat Gabonais ne concerne que la fraude électorale qu’il y aurait eue en 2009, les attentats perpétrés sur la personne de l’ancien grand argentier, et les causes inconnues du décès de l’ancien président du Sénat en avril 2006, c’est un peu léger par rapport à toutes les déclarations entendues ces derniers jours, notamment celle du Gouvernement et celles des familles (ou partie de familles) Léon Mba et Richard Nguéma Békalé. Après avoir appris le dépôt de plainte par les avocats du Gabon, Pierre Péan s’est dit serein, et il attend d’être convoqué au Tribunal pour aller apporter des preuves dans ces trois aspects de son livre. Dans sa livraison d’hier, l’hebdomadaire Echos du Nord affirmait que «s’ils étaient convaincus de la nationalité gabonaise (d’origine) de sa petite majesté Ali Bongo, ils se seraient déjà, à l’heure actuelle, répandus aux quatre coins de la planète avec des preuves». Cela est-il donc vrai ?

Cette plainte peut donc apparaître décevante aux yeux de certains. Il apparaît en effet tout de même bizarre que ce soient seulement pour des passages aussi peu portés à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, en dehors de la fraude électorale, que le Gabon porte plainte contre «l’homme qu’on devait démolir, et dont on devait détruire l’oeuvre». Toutes ces personnalités appelées à agir dans le dossier -Alain-Claude Billie-by-Nzé, Germain Ngoyo Moussavou, Georges Arama, Patrick Maisonneuve- n’ont donc été sollicitées que pour ça ? Toutes ces familles qui ont pris des initiatives personnelles pour démontrer que les allégations portées par l’écrivain sur la naissance et le parcours scolaire d’Ali Bongo sont fausses, que dire d’elles ? En tout cas, la plainte ne contient rien sur les origines supposées «douteuses» du chef de l’Etat, ni rien sur la «stérilité avérée» de Marie-Joséphine Kama Dabany. Il a bien de la chance, Pierre Péan ! A moins que ce soit sur les trois aspects évoqués plus haut que les conseils d’Ali Bongo sont convaincus que le journaliste d’investigation dispose de moins de preuves concrètes. A ce stade, on peut dire que c’est une plainte réaliste.

Quid de la menace de plainte de Patience Dabany ?

L’on ose croire que la menace de plainte de Marie-Joséphine Kama Dabany va se matérialiser. Sinon, sur l’aspect relatif aux origines du plaignant, une bonne frange de l’opinion se dirait confortée dans ses certitudes sur le chef de l’Etat actuel du Gabon. Est-il nécessaire de dire ici combien la communauté nationale a été déçue des motifs de la plainte contre Pierre Péan. Beaucoup pensent que si les passages relatifs aux origines du chef de l’Etat gabonais n’y sont pas mentionnés, c’est qu’il y a anguille sous roche. Est-ce que les recherches effectuées à Brazzaville et à Nantes ont révélé des choses indicibles ?

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