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Gabon : Élections truquées depuis 1990 ?

Ali Bongo, le 16 octobre 2014, lors de la célébration par le PDG de ses 5 ans de pouvoir. © DCP Gabon
Ali Bongo, le 16 octobre 2014, lors de la célébration par le PDG de ses 5 ans de pouvoir. © DCP Gabon
Révélation après révélation, affirmation après affirmation, insinuation après insinuation, l’opinion semble se faire à l’idée que les scrutins électoraux organisés au Gabon depuis 24 ans ont tous été l’objet de fraudes. Va-t-on parvenir un jour à rendre des résultats honnêtes et crédibles après une élection dans le pays ?

En dehors des élections législatives de décembre 2011 boycottées par une partie de l’opposition, les résultats des autres scrutins ont toujours été remis en question. Les résultats de l’élection présidentielle du 5 décembre 1993, la première de l’ère démocratique au Gabon, sont, en la matière, les plus décriés. Alors que la totalité des résultats de l’ensemble du Gabon n’était pas encore parvenue au ministère de l’Intérieur, Antoine Mboumbou Miyakou, à qui la presse finira par attribuer le qualificatif de «tripatouilleur», avait alors précipitamment annoncé les résultats. Pauline Nyingone, alors gouverneur de l’Estuaire et, à ce titre, président de la Commission provinciale de dépouillement des résultats, s’était alors publiquement étonné des résultats de la province de l’Estuaire que le ministre de l’Administration du Territoire venait de rendre publics. «D’où sortent les résultats que le ministre vient de donner ? Nous étions encore en train de dépouiller les votes de l’Estuaire quand nous avons appris que le ministre donnait les résultats». Malgré cette protestation, on sait que la Cour Constitutionnelle dans laquelle siégeait Séraphin Ndaot Rembogo avait validé ces résultats.

Quelques années plus tard, en 2005, on apprit par le livre («J’assume», édition Publisud, 2005) d’un grand témoin de l’histoire politique du Gabon, Zacharie Myboto, que Paul Mba Abessole, alors leader du Rassemblement national des bûcherons (RNB), avait remporté la présidentielle de 1993, et que Pierre Mamboundou, le leader de l’Union du peuple gabonais (UPG) avait remporté celle de décembre 1998. Récemment, dans une interview à l’hebdomadaire La Loupe, le Pr. Pierre- André Kombila, autre grand témoin de l’histoire politique du pays depuis près d’un demi-siècle, dont particulièrement celles des années post-1990, a déclaré que, la stratégie d’occupation du terrain mise en place par le RNB et la présence des représentants de l’opposition dans les bureaux de vote, avaient conduit à la victoire du Père Paul Mba Abessole en 1993. C’est un témoignage qu’on ne peut que prendre en compte, d’autant plus qu’il semble faire preuve d’honnêteté, le professeur de médecine ayant, on le sait, rompu les ponts avec le prélat, leurs rapports sont, on le sait, à peu près nuls aujourd’hui.

Dans le même ordre d’idées, se basant sur le rapport des observateurs de l’Union Africaine (UA) établi en septembre 2009, l’ancien président de la Commission de cette organisation, Jean Ping, avait laissé entendre, lors de sa déclaration de rupture de ban, le 1er février dernier à Libreville, qu’Ali Bongo n’avait pas gagné l’élection présidentielle de cette année-là. Economie sera faite du contenu du documentaire de Patrick Benquet diffusé sur la chaîne publique française France 2 en décembre 2010.

Les scrutins électoraux ont-ils donc toujours été faussés ? Tout porte à le croire. Il faudrait donc, «puisque ce qui est fait est fait», revoir toute l’organisation du processus électoral, afin d’assurer à notre pays des jours paisibles. Il est vrai que l’arrivée d’un nouveau «Mboumbou Miyakou» à l’Intérieur, ainsi que la présence discontinue du secrétaire général de ce département ministériel, ne militent pas pour un réel apaisement de l’opinion. La classe politique devrait s’entendre sur de nouvelles modalités relatives à l’organisation des scrutins électoraux.

«Beaucoup de nos compatriotes sont en train de planquer femmes et enfants à l’extérieur parce que, affirment-ils, 2016 peut être l’année de tous les dangers, surtout avec celui qui dirige actuellement l’avenue-de-Cointet», indique un fonctionnaire, ancien journaliste de L’Union. 2016 va-t-elle être l’année de toutes les incertitudes ? Le scrutin présidentiel se tiendra-t-il avec toutes les garanties de transparence ?

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