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François Hollande : «Les Africains sont attachés à la démocratie»

François Hollande et Macky Sall, président du Sénégal, vendredi 12 octobre 2012, à Dakar. Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/AFP
François Hollande et Macky Sall, président du Sénégal, vendredi 12 octobre 2012, à Dakar. Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/AFP
François Hollande, invité spécial de RFI, France 24 et TV5 Monde [jeudi soir]… Sur nos antennes, le président français a livré son analyse sur les questions africaines du moment. Il a évoqué les relations entre l’Afrique et la France à la veille du sommet de la Francophonie à Dakar au Sénégal, sommet auquel il participera. Ecoutons un extrait de cette interview réalisée par Christophe Boisbouvier de RFI, Roselyne Febvre de France 24 et Xavier Lambrechts de TV5.

RFI : Dans deux jours à Dakar c’est le Sommet de la Francophonie. Vous y serez et c’est quand même une étape, parce qu’après douze ans de mandat, Abdou Diouf a cessé ses fonctions de secrétaire général. Et la succession est très importante ; 5 candidats – une femme, quatre hommes – le forcing du Canada pour Michaëlle Jean, le forcing du Congo Brazzaville pour Henri Lopes. Pour qui va votre préférence ?

François Hollande : D’abord, un mot sur Abdou Diouf ; il a été particulièrement utile dans un certain nombre de situations délicates, de conflits, parfois de coups d’Etat. Et il a fait en sorte que la Francophonie puisse porter les valeurs de démocratie et de liberté et donc des droits de l’Homme. Car la langue française, c’est une langue qui n’est pas simplement une langue pour nous parler. C’est une langue pour changer un certain nombre de réalités. Sur la succession, elle n’est pas facile puisqu’il y a plusieurs candidats. Nous allons travailler à ce qu’il y ait une solution consensuelle. Parce que je pense qu’il ne faut pas diviser. Et il ne faut surtout pas qu’il y ait d’un côté les candidats de l’Afrique et de l’autre les candidats qui ne seraient pas de l’Afrique.

Cette année l’un des plus grands événements, évidemment c’est la chute du régime de Blaise Compaoré au Burkina Faso après vingt-sept ans de pouvoir. Certains vous ont trouvé silencieux jusqu’au 31 octobre. Depuis, vous vous êtes réjoui publiquement. Est-ce que ce qui s’est passé à Ouagadougou est le signe d’un printemps des peuples africains ?

C’est le signe que les Africains sont attachés à la démocratie et attachés à l’ordre constitutionnel. Quand on fait voter des peuples pour des constitutions à travers des référendums, on ne peut pas les modifier impunément. Quand un chef d’Etat reste plusieurs mandats de suite, alors même qu’à un moment, il est fixé une limite d’âge ou il est fixé un nombre de mandats qui ne peut pas être dépassé, il ne peut pas être décidé autrement. C’est ce qui s’est passé au Burkina Faso. Et aujourd’hui, Blaise Compaoré et sa famille sont au Maroc. Et je pense que ça peut servir de leçon, ce qui s’est produit à beaucoup de chefs d’Etat, d’ailleurs pas simplement en Afrique. On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel.

Alors il y a ceux qui en effet sont tentés de changer la Constitution ; le Congo Kinshasa, le Congo Brazzaville, le Rwanda. Et puis il y a ceux où la Constitution leur permet de se représenter autant de fois qu’ils veulent : le Tchad, le Cameroun, le Gabon, le Togo. Qu’est-ce que vous pensez de ces situations-là ? Est-ce vous leur avez écrit, peut-être d’ailleurs, comme vous avez écrit à Blaise Compaoré ?

Non, parce que la France n’est pas en tutelle des pays africains ! Moi je n’ai jamais conçu le rapport avec les chefs d’Etat africains, dans le cadre d’une espèce d’influence, de domination ou de soumission. C’est totalement contraire à ma conception des rapports entre la France et l’Afrique. En France pendant très longtemps on pouvait se représenter plusieurs fois ! On ne peut pas interdire à des chefs d’Etat de se représenter plusieurs fois au scrutin ! Ce que je n’accepte pas, comme d’ailleurs les populations concernées, c’est qu’on puisse au dernier moment, alors qu’il y a une règle constitutionnelle, la modifier. Surtout quand la règle constitutionnelle a été approuvée par référendum. Je suis également attentif au Burkina Faso pour qu’il y ait aussi le respect d’un ordre constitutionnel, même si on est dans une phase de transition.

Et alors ces pays où la Constitution leur permet de rester au pouvoir et de se représenter aussi longtemps qu’ils le veulent, qu’est-ce que vous pensez de cette situation ?

Dans ces cas-là c’est la garantie que les élections seront libres, seront plurielles au sens des candidatures, et seront démocratiques. A cet égard, s’il y a un pays qui doit être cité en exemple c’est la Tunisie.

Et dans le cadre du Burkina Faso la France veillera à ce que les échéances électorales, c’est-à-dire des élections présidentielles libres en novembre 2015 soient garanties ?

Oui. Et je souhaite que nous puissions le dire aussi lors du sommet de Dakar.

Mais par exemple en ce qui concerne le Tchad, est-ce qu’on peut demander au président tchadien Idriss Deby, à la fois d’ouvrir le jeu démocratique et lui demander l’hospitalité pour l’opération Barkhane ?

Il n’y a pas d’incompatibilité entre la démocratie et la présence de soldats français ! Ce serait d’ailleurs un comble …

Vous n’êtes pas redevable ?

Mais si, je suis redevable à l’égard du Tchad ! Il y a eu des soldats tchadiens qui sont morts au Mali ! Et qui ont fait le sacrifice de leur vie ! Et je remercie le président Deby, parce que nous avions à lutter contre le terrorisme. Je suis redevable également à l’égard du Tchad pour ce qu’il fait par rapport à Boko Haram ! Après, Idriss Deby le sait, nous avons la volonté, comme partout ailleurs, de souhaiter que les élections soient pluralistes et démocraties. Et ça vaut partout.

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