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Mapangou autorise une marche contre France 24 devant l’ambassade de France

manifs_gabon_ambassade_franceLe ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de l’Immigration et de la Décentralisation vient encore de démontrer son esprit de partialité : il a autorisé, vendredi dernier, une manifestation anti-France 24 devant l’ambassade de France à Libreville. Une manifestation d’une association proche du pouvoir encadrée par les forces de police. Des hommes de médias ont désapprouvé cette autorisation du ministre de l’Intérieur.

La manifestation organisée par une centaine de personnes environ devant l’ambassade de France, vendredi dernier, a reçu l’imprimatur du ministre de l’Intérieur, comme l’a confirmé à Gabonreview un des organisateurs de la manifestation. Et, comme en pareil cas, les manifestants étaient encadrés par la Police. Mais la période s’y prêtait-elle après le meeting non autorisé de l’opposition, le 20 décembre dernier, qui a endeuillé au moins une famille et fait coulé tant d’encre et de salive dans l’opinion ces tout derniers jours ? En tout cas, se réclamant d’une association proche du pouvoir, les manifestants ont déployé pancartes et banderoles devant l’ambassade de France pour exprimer leur désaccord avec France 24 «qui s’occupe trop de ce qui se passe au Gabon au lieu de s’occuper de la France».

Droit de réponse ou protestation

Pourtant, pour condamner une pratique journalistique d’un média étranger, une «déviation» médiatique, un Gouvernement a deux options. La première est de convoquer le plénipotentiaire du pays de ce média, en l’occurrence ici l’ambassadeur de France, et de faire une protestation. Ce qui est, en effet, une pratique régulière dans les us et coutumes diplomatiques ; surtout que France 24 est une chaîne publique de télévision.

La seconde option est de demander un droit de réponse. Cette pratique permet de donner son point de vue, d’apporter sa part de vérité, sur le même sujet. C’est ce qu’a toujours fait, semble-t-il, le porte-parole de la présidence de la République lorsque, par exemple, Jean Ping, un des principaux leaders de l’opposition gabonaise, passe sur cette chaîne. Généralement, dès le lendemain, le porte-parole du Palais du bord de mer vient porter sa contradiction, soit au téléphone, soit en direct sur le plateau.

Donc, puisque France 24 s’est toujours montrée ouverte à l’expression d’un droit de réponse de la part de la «partie qui se dit offensée», cette chaîne restait disposée, on ose ne pas en douter, à recevoir une réaction de la part des autorités gabonaises après la diffusion du reportage sur «l’impressionnant» parc automobile d’Ali Bongo dont certains spécimen ont coûté entre 172 et 304 millions CFA. «Il n’était donc pas nécessaire d’autoriser une telle manifestation, qui plus est, face à la mission diplomatique d’un Etat qui a toujours entretenu les meilleures relations avec le Gabon», comme l’a souligné Arnaud Tchombo, un journaliste de La Nouvelle République qui a couvert la manifestation.

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique donc péché par «excès de partialité», selon l’expression d’un journaliste de l’Agence gabonaise de presse ayant requis l’anonymat. Excès de partialité manifesté par des autorisations accordées aux proches du pouvoir et par des interdictions aux partisans de l’opposition. En fait, plusieurs hommes de média n’ont pas bien compris les attaques exprimées par Franck Ibouili, l’organisateur de cette marche, contre un pays et contre un média qui a toujours ouvert ses studios et ses micros aux hommes politiques gabonais qui veulent réagir à un reportage ou à des propos d’un adversaire politique. Aller demander que «France 24 s’occupe de la France», c’est ne rien comprendre au fonctionnement et au rôle de la presse. Rappeler à la France que «le Gabon est un pays indépendant» ou «un pays souverain» n’était, à l’évidence, pas nécessaire.

«Les médias français doivent-ils couvrir l’actualité gabonaise comme la RTPDG ?»

«A quoi sert toute cette envie d’en découdre avec la France et ses médias ?», s’est demandé le journaliste de l’AGP cité plus haut qui rappelle qu’il y a quelques mois, «le porte-parole de la présidence de la République s’en était vertement pris au correspondant de RFI à Libreville à la suite d’une question posée par celui-ci sur l’amende infligée par le fisc gabonais à Total. La réaction d’Alain-Claude Billie-By-Nzé était disproportionnée par rapport à la lettre et à l’esprit de la question». Il est vrai que, depuis lors, les choses semblent être rentrées dans l’ordre, Yves Laurent Goma fréquente toujours le palais de la présidence lors des conférences de presse du porte-parole, et «tout va bien désormais avec RFI». Mais «tout semble être prétexte pour montrer que les médias français ne doivent pas aller trop loin, sinon…»

«Je parie que Guy-Bertrand Mapangou n’autoriserait pas, s’il en recevait la demande, une manifestation de protestation contre Gabon Télévision dont les journaux d’information ne couvrent que les activités du PDG», souligne Anne Patricia Manevy, également journaliste à La Nouvelle République, avant de poursuivre : «Peut-être que, au fond, les dirigeants gabonais veulent que France 24 couvre l’actualité gabonaise comme la RTPDG ; en tout cas, cet esprit de partialité, ce parti-pris, n’est pas compréhensible de la part de quelqu’un qui a exercé dans le journalisme ; voulait-il ainsi encourager des gens qui s’expriment contre la liberté de la presse ?».

Avec RFI et TV5, France 24 fait partie du groupe public de médias français France-Médias Monde. 450 journalistes composent ce groupe.

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