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Ndémedzo’Obiang, désormais sur la ligne de Front

René Ndémezo’Obiang, le 28 février 2015 à Libreville. © Gabonreview
René Ndémezo’Obiang, le 28 février 2015 à Libreville. © Gabonreview
L’ancien secrétaire général adjoint et porte-parole du PDG a annoncé son départ de cette formation politique. Il rejoint le Front de l’opposition pour l’alternance.

Le suspense a finalement pris fin le 28 février dernier. Au cours d’une déclaration faite à sa résidence d’Agondjé, l’ancien ministre et ancien secrétaire général adjoint du PDG a décidé de quitter définitivement le Parti démocratique gabonais (PDG) dans lequel il a milité pendant 30 ans. En présence de la totalité des membres du Front de l’opposition pour l’alternance, de l’Union des forces du changement (UFC), des acteurs de la société civile et de ses partisans, René Ndemezo’Obiang a porté «un coup dur au PDG», selon l’expression d’un membre de l’opposition.

«Après une longue et profonde réflexion, j’ai donc pris, ce samedi 28 Février 2015, la décision historique de quitter définitivement le Parti démocratique gabonais. Ma lettre de démission, adressée au secrétaire général de ce parti, a été déposée ce matin même (…) En démissionnant du PDG, parti auquel j’ai appartenu pendant plus de trente ans, je redeviens, naturellement un citoyen gabonais totalement libre, dans sa pensée comme dans son action», a-t-il déclaré, avant d’annoncer qu’il intègre le Front de l’opposition pour l’alternance. «En quittant définitivement le Parti démocratique gabonais, j’ai pris la décision (…) de rejoindre toutes celles et tous ceux qui, dans notre pays, se battent déjà courageusement pour la libération du Gabon au sein du Front de l’opposition pour l’alternance», a-t-il lancé.

René Ndemezo’Obiang ?

Auparavant, l’homme fort de Bitam a tenu à dire quelques mots sur lui-même. «Sans verser dans la xénophobie ou dans une quelconque chasse aux sorcières, il est bon, à mon avis, que chaque citoyen gabonais se soumette à l’obligation de vérité sur cette question. Pour salir, combattre et tenter d’éliminer politiquement, voire physiquement (…) René Ndemezo’Obiang, diverses forces rétrogrades et obscurantistes n’ont cessé de recourir aux procédés crapuleux consistant à débiter et colporter les plus gros mensonges à mon sujet, en misant sur l’adage qui dit que plus un mensonge est gros, plus l’opinion le gobe facilement. Il me paraît donc utile et nécessaire de mettre à profit la présente cérémonie pour réfuter au passage certains ragots et mensonges sur ma personnalité», a-t-il justifié. On a ainsi appris que l’homme est né le 1er novembre 1947 au village Mengang, qu’il a fréquenté à Bitam et Mékambo avant de rejoindre le lycée national Léon Mba où il a obtenu son baccalauréat, avant de s’envoler pour la France pour ses études supérieures. Il rencontre des amis tels que Jean Paul Ngoupandé. A Rennes où il était installé, rappelle-t-il, «en compagnie d’autres frères et amis, dont les regrettés Serge Mba Békalé et Georges Inguelessani, et avec l’appui de certains aînés comme Pierre André Kombila, (il prit) une part active à la redynamisation des sections locales de l’Association générale des étudiants du Gabon (AGEG) et de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf)». «J’ai ainsi participé, en tant que délégué venu de Rennes, à mon premier Congrès de l’Ageg en décembre 1969 à Paris. A cette occasion, j’ai été positivement remarqué par les intellectuels patriotes gabonais les plus influents de l’époque, en particulier Joseph Rendjambe Issani qui me prit aussitôt sous sa coupe», a-t-il souligné. Pendant cette période, René Ndémézo’Obiang aura brillé parmi de nombreux autres jeunes africains de l’époque qui combattaient pour la vraie libération du continent. On citera parmi ses camarades des années d’université, l’actuel président de Guinée Conakry, Alpha Condé.

Le retour au pays

Fort du bagage théorique et politique accumulé de ses expériences en tant qu’étudiant et activiste en Europe, en 1979, il décide de rentrer au pays. «Sur la base de cette appréciation, j’estimais juste et nécessaire, au moment de mon retour au Gabon en 1979, d’accepter de coopérer avec le Chef de l’Etat (Omar Bongo Ondimba) pour faire avancer la démocratie et le développement du Gabon, tout en maintenant intactes mes convictions idéologiques et ma vision sur l’avenir de notre cher pays», a-t-il expliqué, passant en revue les différentes fonctions et postes de responsabilité qu’il a occupés au sein de divers gouvernements jusqu’en 2009.

Le choix du candidat PDG en 2009 et les six ans d’Ali Bongo au pouvoir.

Revenant sur la présidentielle anticipée de 2009, René Ndemezo’Obiang a expliqué que «la candidature proposée par la majorité des membres du comité permanent était celle d’Ali Bongo». «Au-delà des tractations, secrètes, voire occultes qui ont entouré cette proposition et auxquelles je n’ai personnellement pas été associé, de près ou de loin, j’ai néanmoins pris la décision de soutenir l’investiture d’Ali Bongo comme candidat en prenant en considération le fait que cette proposition était soutenue, par la majorité des membres du comité permanent et du comité de concertation. Dans le souci de sauvegarder la paix et l’unité du parti dans une période historique particulièrement délicate, j’ai pensé qu’il était sage de ne pas engager une bataille dont l’effet immédiat aurait été la division», a-t-il plaidé, indiquant ensuite qu’au bout de six ans d’exercice du pouvoir «aucune des nombreuses promesses faites par Ali Bongo n’a été véritablement réalisée». «Tout au contraire, la situation du pays n’a cessé de se dégrader au plan économique, social et culturel en même temps que les tensions politiques se sont exacerbées jusqu’à un point extrême», a-t-il jugé, soulignant que «l’actuel chef de l’Etat a été proclamé élu pour 7 ans et non pour 14 ans ou 21». «Il lui revient d’honorer les engagements pris devant le peuple gabonais pour cette période précise. Se projeter en permanence au-delà de cette période de 7 ans, en prétextant faire du Gabon un pays émergent en 2025, c’est dénier la souveraineté au peuple, caractéristique principale de toute démocratie digne de ce nom», a analysé l’ancien secrétaire général adjoint du PDG, dénonçant le pilotage à vue, l’improvisation, l’incohérence et l’amateurisme qui sont «des marques de fabrique du nouveau pouvoir dans le mesure où il n’y a par exemple aucune articulation entre le «Plan stratégique Gabon émergent et des projets tels que celui de la zone économique spéciale de Nkok ou la «Marina» pour ne citer que ces deux exemples qui laissent dubitatifs bien d’observateurs de la vie politique et économique gabonaise».

Le New York forum Africa, les différentes courses organisées au Gabon, le carnaval ont été la cible de l’ancien hiérarque du PDG, qui ne voit pas en quoi cela a amélioré les conditions de vie des Gabonais. Il a également fustigé le fait que depuis 2009, toutes les libertés fondamentales sont bafouées. «Certaines personnalités, en raison de leur positionnement politique, sont interdites de sortie du territoire national, d’autres sont arbitrairement arrêtées, torturées et jetées en prison, sans autre forme de procès, les délais de détention préventive ne sont pas respectées, les manifestations publiques, après demande d’autorisation, sont interdites. Une répression aveugle, avec mort d’homme, s’abat sur tous ceux qui osent manifester. Le cas de Bruno Mboulou Beka est encore de mémoire fraîche», a lâché René Ndémezo’Obiang, qui se demande où en sont les enquêtes sur les tentatives d’assassinat de Jean Ping, Pierre Amoughé Mba et du Pr Albert Ondo Ossa.

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