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Malversations financières autour de la PIP : Luc Oyoubi doit s’expliquer

Oyoubi640Un mois après l’incarcération du secrétaire général du ministère de l’Agriculture, et quelques jours après le limogeage de celui-ci et des directeurs généraux cités dans l’affaire, le ministre de l’Agriculture gagnerait à éclairer l’opinion sur l’affaire qui alimente tant les conversations dans les bureaux, les couloirs et les salons feutrés de Libreville et d’ailleurs. L’affaire porte tout de même sur plus de 50 millions CFA !

Luc Oyoubi, 60 ans, ministre de l’Agriculture depuis janvier 2014, fait face actuellement à une affaire de détournement de fonds au sein de son département ministériel. 50.200.000 francs CFA – reliquat de la Prime d’incitation à la performance (PIP) des premier et deuxième trimestres 2014 – se sont volatilisés ! Si le secrétaire général du ministère, Sylvestre Makanga, est considéré comme le cerveau de l’affaire, et si les directeurs généraux (Calixte Mbeng, Franck Mihindou, Jean-René Nzamba Mombo, Yves Armand Emane et Denis Nzoghé) impliqués dans cette «opération» ont obtenu la libération provisoire après le paiement par chacun d’une caution de 3 millions francs CFA, il reste que l’opinion aimerait entendre Luc Oyoubi sur cette affaire, son chef de cabinet ayant reçu la somme de 10 millions sur les 50 millions de francs CFA dont il est question.

Sylvestre Makanga, «cerveau de l’opération» ?

Selon diverses sources, sur les 50,2 millions de francs CFA, le secrétaire général du ministère a en effet remis 10 millions au cabinet du ministre (Aurélie Blanche Louma, qui vient d’être nommée directeur financier à l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire, a perçu cette somme le 10 juillet 2014, comme l’atteste un fac-similé publié par La Doc’) ; 15 millions sont revenus aux cinq directeurs généraux, et le secrétaire général lui-même se serait attribué la somme de 25,2 millions. Selon les proches de celui-ci, cet argent devait servir, entre autres, à assurer le transport des agents par une alimentation en carburant et par l’entretien des bus, car le ministère de l’Agriculture ne disposerait pas de ligne budgétaire dédiée à de telles dépenses. L’argent devait également servir à acheter des fournitures de bureau, parce que, pour l’instant, le secrétariat du secrétaire général n’en disposerait pas, le budget de l’Etat n’ayant pas encore été mis en place ! En tout cas, quelles que seraient les motivations de cette opération, il s’agit d’un détournement de fonds. Des proches du ministre rétorquent que Luc Oyoubi avait donné au secrétaire général des instructions qui n’auraient pas été suivies, celles d’aller rendre les 50 millions de francs CFA au Trésor Public. «Le secrétaire général n’en a fait qu’à sa tête ; il s’est mis à distribuer l’argent à qui il voulait, se réservant lui-même la part du lion», affirme l’un d’entre eux. Toutefois, lorsque le ministre s’est rendu compte que son chef de cabinet avait, au nom de son cabinet, perçu 10 millions de francs CFA, qu’en a-t-il fait ?

Les 10 millions pour le cabinet du ministre ont-ils été reversés au Trésor Public ?

La question n’est pas de savoir si, comme le dit notre confrère La Doc’, c’est le ministre qui a donné «des instructions au secrétaire général en présence de l’Inspecteur Général des services». La question n’est pas de savoir, comme on peut le lire dans certaines publications, si le ministre s’acharne sur le secrétaire général. La question, ici, est de savoir ce qu’il advient des 10 millions reçus par le chef de cabinet du ministre. Quelle destination cet argent a-t-il pris ? Le ministre de l’Agriculture l’a-t-il reversé au Trésor Public ? Parce que si Luc Oyoubi n’a pas reversé ces 10 millions de francs CFA dans les services du Trésor, l’affaire prendra alors une tout autre tournure. Cela voudrait dire que, directement ou indirectement, Luc Oyoubi a laissé faire, et que, par conséquent, il s’est rendu «coupable» de malversations.

La Prime d’incitation à la performance a été créée en février 2014 par le chef de l’Etat à la suite d’un rapport du cabinet McKinsey sur l’état de la pauvreté au Gabon. Sous le couvert de l’incitation à la performance, cette prime permettait en réalité à relever le pouvoir d’achat des agents publics. Agir sur cette prime comme l’ont fait les responsables du ministère de l’Agriculture est grave et condamnable. Pourquoi n’avoir pas simplement procédé à une augmentation de la PIP à chaque agent dans un ministère où l’on se plaint de la modicité de la prime versée ? Luc Oyoubi devrait s’expliquer. Il ne peut pas se contenter, du haut de ses relations avec le Secrétaire général du gouvernement, de «relever de leurs fonctions» à un rythme aussi rapide le secrétaire général, le directeur central des Affaires juridiques et les directeurs généraux, comme il l’a fait, et ne pas dire à l’opinion ce qu’il sait de l’affaire et pourquoi son cabinet a accepté de recevoir 10 millions de francs.

Si ces 10 millions n’ont pas été reversés au Trésor public au moment des faits, Luc Oyoubi doit pouvoir s’expliquer et dire quelles sanctions ont été prises contre Aurélie Blanche Louma, son ancien chef de cabinet devenue depuis peu directeur financier de l’Agasa. D’ailleurs, cet éclairage de l’opinion pourrait l’aider à «blanchir» son image, tant des «accusations» sont portées contre lui.

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