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FORUM CITOYEN AU GABON: Le Gabon aux portes de l’émergence

Le pays fait aujourd’hui partie des plus développés d’Afrique. Le gouvernement gabonais veut passer à la vitesse supérieure pour le faire entrer dans la sphère des « émergents » malgré un contexte économique actuellement défavorable au développement de cet Etat d’Afrique centrale.

Tribune. Le Gabon se veut en route directe vers l’émergence, le maitre mot de son plan de développement à long terme. Mais émerger vers où exactement? Le pays affiche un niveau de revenu par habitant parmi les plus élevés du continent africain, proche de $10.000 en 2014. Cette moyenne confortable cache toutefois d’importantes inégalités : plus du tiers des 1,8 million d’habitants vit dans la pauvreté.

En termes d’infrastructures, beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire. Le plan « Gabon Emergent » prévoit des centaines de kilomètres de nouvelles routes goudronnées d’ici 2020. Le réseau électrique actuel, depuis longtemps le maillon faible de l’économie gabonaise, a plus que doublé ces cinq dernières années, son extension devrait s’accélérer dans les années à venir. Cependant, malgré ces progrès, il n’existe pas encore de route directe reliant la capitale, Libreville, et le pôle pétrolier, Port-Gentil, où les délestages restent assez fréquents avec une offre énergétique peinant à rattraper la demande.

Les services, autre secteur ciblé par le plan « Gabon Emergent », ont un fort potentiel grâce à la paix sociale qui règne dans le pays depuis des décennies -un contraste fort avec plusieurs autres pays de la région. Mais aussi grâce à son appartenance au marché régional et à la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), qui donnent aux investisseurs accès à un nombre de consommateurs beaucoup plus important qu’à ceux du Gabon uniquement. En dépit de ses atouts, l’environnement des affaires du pays reste pourtant relativement difficile.

L’économie gabonaise doit désormais affronter un nouveau défi : la chute brutale des cours du pétrole et des matières premières en général depuis la fin 2014. Malgré les efforts des autorités pour diversifier l’économie, le pétrole reste de loin le secteur le plus important, comptant pour 20-30% du PIB, plus de la moitié des recettes de l’Etat, et plus de 80% des exportations. Le fléchissement des prix du pétrole représente un choc dur pour le Gabon, ce qui nous a menés à abaisser sa note souveraine d’un cran de « BB- » à « B+ » le 13 février 2015.

Avec un prix du baril actuel autour de $60 (contre plus de $110 à mi-2014), le gouvernement a déjà fait des économies importantes en coupant drastiquement son budget d’investissement. Certes, la prudence justifie de telles mesures pour maintenir l’équilibre budgétaire. Mais l’investissement public est le moteur principal de la croissance non-pétrolière ces dernières années. Sous-développé, le secteur privé n’est pas en mesure de prendre le relais de l’Etat pour financer les grands investissements qui soutiennent le plan « Gabon Emergent ».

Cette conjoncture difficile ne place pas le cap de « l’émergence » hors de portée. Mais les choix à court terme du gouvernement et des investisseurs privés seront déterminants pour la prochaine génération.

Par Jean-Marc Six, chef économiste Europe, Moyen-orient et Afrique chez Standard & Poor’s

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