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Banque mondiale : l’extrême pauvreté passe sous la barre des 10 % de la population

Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté passerait de 902 millions en 2012 à 702 millions cette année.

A l’heure où les Nations unies viennent de réitérer leur engagement d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes partout dans le monde (« Les Echos » du 28 septembre), la Banque mondiale a annoncé dimanche s’attendre à ce que le taux d’extrême pauvreté passe sous la barre des 10 % de la population mondiale cette année. Elle a, par ailleurs, relevé son seuil d’extrême pauvreté. Il passe de 1,25 dollar par jour et par personne à 1,90 dollar. « Une décision nécessaire compte tenu de l’évolution de l’inflation, du prix des matières premières et des taux de change » entre 2005 et 2011 a indiqué, lors d’un briefing, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. De ce fait, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté passerait de 902 millions en 2012 (12,8 % d e la population) à 702 millions (9,6 %) cette année en fonction de ce nouveau calcul.

Réfléchir à d’autres dimensions

Techniquement, comme le révèle Kaushik Basu, chef économiste de la Banque mondiale, la méthodologie date de 1990. Les économistes de la Banque « ont pris les seuils de pauvreté nationaux d’un groupe de pays parmi les plus pauvres à cette époque-là, les ont convertis en dollars des États-Unis à l’aide du taux de change en parité de pouvoir d’achat (PPA), calculé la moyenne et obtenu un seuil de pauvreté qui avoisinait 1 dollar par jour et par personne ». En 2005, un nouvel exercice auprès des 15 pays les plus pauvres de la planète avait abouti à rehausser, en 2008, le seuil à 1,25 dollar. En 2011, à partir des indices de PPA collectés « nous avons décidé de prendre l’inflation moyenne des pays les plus pauvres et de relever le seuil de pauvreté nominal afin qu’il reste constant en termes réels », indique Kaushik Basu pour expliquer ce nouveau chiffre de 1,90 dollar. Reste que ce seuil de pauvreté monétaire ne concerne que les pays les plus pauvres du monde et ne correspond à rien pour les pays riches. Dans les pays développés, la barre est bien plus élevée. « D’une part, le seuil absolu de pauvreté retenu par les autorités d’un pays augmente avec le développement du pays. D’autre part, la pauvreté n’est pas abordée de la même manière selon les nations. L’Europe, par exemple, mesure la pauvreté en termes relatifs, en retenant un seuil équivalent à 60 % du revenu médian de la population. Ce qui situe le seuil actuel à un peu moins de 1.000 euros par mois et par adulte en France », explique François Bourguignon, Professeur à Paris School of Economics et ancien chef économiste de la Banque mondiale. L’institution multilatérale pointe aussi que l’exercice consistant à calculer un seuil de pauvreté est de portée assez étroite et s’appuie sur une simple valeur monétaire. Or, la pauvreté revêt bien d’autres dimensions, lesquelles ne correspondent pas toujours parfaitement aux calculs effectués sur la base du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

C’est pourquoi en juin dernier, l’institution multilatérale a mis en place une commission sur la pauvreté au sein de laquelle huit économistes spécialisés, dont François Bourguignon, épaulés par une quinzaine de conseillers internationaux ont pour charge de réfléchir à d’autres dimensions de la pauvreté. L’accès à l’éducation, la santé, l’assainissement, l’eau, l’électricité et même, désormais, la connectivité doivent être pris en considération. « Nous devrions rendre les résultats de nos travaux au printemps prochain à l’occasion des réunions de la Banque », indique François Bourguignon.

Richard Hiault

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