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Rejet de candidature Fang : «Une escroquerie politique sur le capital politique de Mba Obame», dixit Minlama Mintogo

Les raisons de son nouveau positionnement politique, son ambition pour 2016, l’appel au rejet de toute candidature fang et le fameux courrier au président de la Guinée équatoriale… Le président de la Convention nationale de l’interposition et candidat déclaré à la présidence de la République livre sa part de vérité.

Vous prenant en exemple notre confrère Échos du Nord indique que vous avez été l’objet d’attaques de certains hommes politiques pour avoir affirmé, alors que vous êtes ressortissant du Woleu-Ntem, vos ambitions pour 2016. Pouvez-vous le confirmer?

Dieudonné Minlama Mintogo : Oui je le confirme. C’est très visible. Le 20 juin j’ai lancé le mouvement citoyen dénommé «Convention nationale de l’interposition». Vous avez vu la mobilisation que ce rendez-vous citoyen a drainée. Je crois qu’entre 3 000 et 5 000 personnes sont venues m’écouter. Et ce jour-là j’avais dit que 2016 ne se fera pas sans moi. Le lendemain j’ai été surpris, déjà, par un journaliste de TV+. Ceux qui connaissent les relations de longue date que j’ai entretenues avec cette chaine de télévision savent que j’ai toujours travaillé avec ce média dans la défense des intérêts des populations, dans l’intérêt de la démocratie, de la bonne gouvernance au Gabon. Nous avons été surpris par la réaction d’un journaliste de cette chaine qui très rapidement, pendant cinq jours, a mené des pseudo-sondages, des reportages à charge juste pour me discréditer. La cabale était bien lancée. Et quelque temps après j’ai reçu ici des agents des services spéciaux qui m’ont dit qu’une réunion avait été organisée quelque part où on avait dit qu’un Fang ne doit pas être un candidat. Les organisateurs de cette réunion, qui veulent un candidat non fang porté par la communauté Fang sur la base d’un deal dont nous ne connaissons ni les tenants, ni les aboutissants, ont jugé qu’ils ont terminé avec le cas Minlama. Une campagne avait été organisée pour me présenter comme un traitre ou pire, comme une personne qui défendait les intérêts du PDG. Cette campagne est allée partout aussi bien à Libreville qu’à l’intérieur du pays. Cette manipulation était très claire. Il ne fallait pas de candidat fang pour gêner un certain candidat qui aurait signé un deal avec un groupuscule de Fangs.

Le maire d’Oyem a fait une déclaration argumentée, indiquant les raisons pour lesquelles il ne devait pas y avoir de candidat Fang…

Essono Mengué a fait sa déclaration bien après qu’une campagne eut été lancée contre moi. Mais ce n’était que la suite du processus mis en place. Je suis un Gabonais, je suis républicain et je pense que les Fangs sont des Gabonais et la Constitution leur donne aussi le droit de se présenter à n’importe quelle élection. Quand je regarde la Constitution, je ne vois pas de critère ethnique. Depuis 1990, les candidats aux élections présidentielles n’ont pas été que des Fangs : en 2005 Mamboundou avait revendiqué une victoire, il n’était pas Fang. Avant lui, nous avons eu des candidatures de personnes d’ethnies différentes. Moi je ne crois pas que le problème soit une question d’ethnie. Il y a quelques temps encore, ceux qui ont inventé cette histoire étaient les premiers à dire : quand Amo (André Mba Obame, secrétaire exécutif de l’Union nationale, décédé le 12 avril 2015, ndlr) va rentrer nous nous mettrons derrière lui et ces mêmes personnes sont aujourd’hui les chantres de la non-candidature fang. La question que je me pose est de savoir : si Amo était Fang ou pas, ou s’il était un Fang à part. Mais je sais qu’Amo était Fang. À partir de là c’est simplement, à mon avis, une escroquerie politique ou une moquerie juste pour faire main basse sur le capital politique d’André Mba Obame. C’est juste une ruse pour pouvoir tromper les gens. La véritable face de ces personnes est actuellement visible.

Concernant les arguments d’Essono Mengue, je dirai, si tel est qu’il est interdit aux Fangs de devenir président du Gabon, l’histoire de l’humanité nous enseigne qu’aucun peuple devant une injustice pareille, devant le refus du droit, n’a croisé les bras. Je prends, pour exemple, les Noirs Sud-africains : nous savons que la Constitution ne leur permettait même pas de voter, mais ils ont engagé une lutte qui a abouti à l’élection de Mandela à la tête de ce pays. Les Sud-africains n’ont pas reculé. Je prends pour exemple, les Etats-Unis avec les Noirs Américains qui sont sortis de la ségrégation raciale et qui ont engagé des luttes pour arriver au pouvoir. Aujourd’hui Obama est là après la grande déclaration de 1968 de Martin Luther King. Je pense qu’aucun peuple ne recule devant le refus du droit. Et je ne pense pas qu’au Gabon, il est interdit aux Fangs d’être candidat, d’être président. Nous avons eu un premier président Fang et nous aurons un autre président Fang.

Quelle aurait été l’attitude des acteurs auxquels vous faites allusion, si Amo était revenu en pleine forme?

Je pense que c’est la question qu’il faut leur poser, parce qu’ils ont déclaré haut et fort. Il ne faut pas oublier l’inconstance de certains de ces acteurs politiques. Parmi eux, il y a en qui, en 2009, avait déclaré qu’Ali Bongo avait gagné les élections ; en 2011, ils ont confirmé qu’Ali Bongo avait gagné les élections. Ces mêmes personnes disent aujourd’hui qu’Ali Bongo n’a pas gagné les mêmes élections. C’est au peuple gabonais de regarder quel type d’homme politique nous avons en face. Sont-ils sérieux ? Sont-ils simplement mus par leurs intérêts du moment?

Auriez-vous eu les ambitions que vous défendez aujourd’hui si Amo était revenu en forme ?

J’avais été clair lors de ma déclaration. J’ai dit à ce moment là que s’il n’y avait pas eu le 12 avril, il n’y aurait jamais eu le 20 juin. J’avais expliqué qu’au-delà du fait que je sois président de l’Observatoire national de la démocratie, j’ai développé un certain nombre de discussions avec le président André Mba Obame qui font que nous avons réussi à avoir une convergence de vues et d’idées sur un certain nombre de choses. Ceux qui savent le connaissent. J’étais sûr et certain qu’avec Amo président de la République, les réformes nécessaires allaient être réalisées dans un climat de stabilité, dans un climat de responsabilité, de non-exclusion. Il est clair que si Amo était revenu en forme, je ne me serais jamais présenté à la candidature à la présidence de la République et je ne serai allé jamais faire de la politique. Je serai resté à l’Observatoire national de la démocratie. D’ailleurs, je crois que si le président Ali Bongo avait réussi son mandat, en terme de réformes, de renforcement de l’Etat de droit, de renforcement de la démocratie, je ne me serais sûrement pas porté candidat. Ma candidature découle du fait que, actuellement la situation du Gabon est suffisamment grave, aux points de vue économique, social et politique. Je crois que le président Ali Bongo lui-même avait déclaré que les pesanteurs que son père Omar Bongo avait décriées en 2007 sont toujours bel et bien là. Et ce sont ces pesanteurs, qui font que si on démarre une reforme, on rencontre un mur. Il est difficile au président Ali Bongo d’amorcer un mouvement de réformes au risque de fragiliser sa majorité. Je pense que nous avons besoin d’une nouvelle gouvernance, qui ne soit pas empêtrée dans les dossiers du passé.

Que dites-vous de ce fameux courrier adressé au président de la Guinée équatoriale ?

Je suis vraiment déçu de constater que ceux qui ont fait cette démarche nient cela. J’ai reçu, ici dans mon bureau, des personnes qui sont venus me voir dans le cadre de cette démarche. Il y en a qui m’ont dit qu’une lettre a été envoyée en Guinée-équatoriale, une autre au Cameroun. Une liste comportant des noms de personnalités devant aller rencontrer le président Obiang-Nguema dans le cadre de cette démarche a été dressée au début de cette année. Il y a certaines personnes qui sont dans cette liste et qui sont venues ici pour m’en parler. Ils ont utilisé cela comme un argument de mobilisation en pays fang. Je ne dis pas que toutes les personnes dont les noms figurent sur cette liste le savaient, parce que nous avons en face de nous des grands manipulateurs. On m’a dit ici, qu’Obiang-Nguema a reçu des cadres fang, on m’a dit ici qu’Obiang-Nguéma leur aurait dit un certain nombre de choses. On m’a dit que des lettres étaient déjà envoyées à Obiang-Nguéma et à Paul Biya. On m’a même dit qu’un accord sera signé sous l’autorité du président équato-guinéen. Pourquoi ces gens-là reculent aujourd’hui ?

Moi je dis qu’on ne peut pas voir le problème du Gabon en termes d’ethnie. En tant qu’expert et développeur, j’ai fait le tour du Gabon. Je sais qu’il existe la pauvreté dans le Haut-Ogooué, chez moi à Bitam, à Mouila, partout et dans les quartiers de Libreville, la pauvreté que nous vivons n’est pas ethnique. Il y a une classe de Gabonais pauvres dans laquelle on retrouve Obamba, Fang, Punu et autres. Il y a également une classe de Gabonais qui a détruit ce pays en le pillant, dans laquelle on retrouve tout le monde. Donc je ne pense pas qu’il s’agit là d’une question d’ethnie pour qu’on veuille jouer avec cette question sensible qui a endeuillé plusieurs pays. Et je sais que dans le Woleu-Ntem et partout en pays fang, les gens ne marcheront pas dans cette escroquerie politique.

Vous parlez d’escroquerie politique, est-ce à dire que vous ne croyez-pas aux démentis diffusés çà et là ?

Il faut que les gens assument leur démarche. Je vous dis qu’il y a eu des démarches. Des gens sont venus me voir ici. Et ceux qui font des démentis aujourd’hui, dans leur for intérieur savent qu’ils ont utilisé cet argument pour appâter certains cadres. C’est à eux de nous dire à quel niveau ils ont menti. Parce qu’il y a beaucoup de personnes qu’ils ont rencontrées dans la communauté fang qui vous diront qu’elles ont été approchées avec cet argument. Et on leur a clairement dit qu’il y a des lettres qui ont été envoyées. Dire aujourd’hui qu’il n’y a pas eu de lettre, est un manque de courage.

Vu que vous aviez été approché, que recherchait-on auprès d’Obiang-Nguema ?

Ce sont des stratégies de ruse : c’était pour eux une façon de chercher à avoir une légitimité et pouvoir tromper les autres, parce que je ne pense pas que l’élection du Gabon se joue en Guinée équatoriale.

Cette légitimité recherchée auprès d’Obiang-Nguema prouve quelque part que c’est un sage fang, une autorité en pays fang…

Je pense qu’Obiang-Nguéma, de par son âge, son expérience, ses relations, est un grand notable fang. Mais je ne pense pas qu’on va faire une démarche politique qui exclut la communauté fang en s’appuyant sur Obiang-Nguéma. Cela explique sûrement le fait que cette démarche n’a pas toujours prospéré.

Aviez-vous quelque chose à dire que nous n’avons pas abordée ?

J’avais dit que la politique ne doit pas être mensonge, invective, calomnie ainsi que le disent aujourd’hui certains acteurs politiques qui ne pratiquent véritablement pas ce qu’ils prêchent. Je dis qu’aujourd’hui ceux qui ont véhiculé des mensonges sur ma personne, savent que depuis l’université, j’ai toujours milité pour les droits des Gabonais, pour un Gabon meilleur et je n’ai jamais adhéré au PDG. J’ai toujours considéré que le PDG a échoué et le président Bongo l’a d’ailleurs reconnu en 2007. Ceux qui me connaissent savent que durant toute ma carrière dans les mouvements étudiants, les jeunesses politiques et la société civile, je n’ai jamais été et je ne serai pas le genre de personne à me cacher sous les cagoules. Mes états de service parlent pour moi. J’ai toujours affirmé, défendu et assumé mes prises de position. J’avance à visage découvert, mais ils ont essayé de me salir, ceux-là qui hier frappaient l’opposition, qui en 2009 quand le président Ali Bongo a été battu dans le Woleu-Ntem ont dressé des listes noires de cadres de la province pour qu’ils soient licenciés des grandes entreprises et de la Fonction publique. Je dis aux Gabonais que la pire des dictatures est en hibernation dans ce camp-là. Ce qu’ils ont fait hier – tricher aux élections, exclure tous ceux qui ne pensaient pas comme eux-, ils vont le reproduire avec plus d’acuité s’ils arrivent au pouvoir. Je crois qu’il n’y aura plus de presse, plus de parti politique, plus d’élection et c’est ça le danger actuel. Chez nous on dit ce n’est pas parce qu’on a jeté un bois dans l’eau qu’il devient poisson. Ce n’est pas parce que des dictateurs, des pseudo-démocrates, qui ont torpillé la démocratie, ont quitté le PDG et se retrouvent maintenant dans un autre camp, qu’ils deviennent des démocrates.

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