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Révision de la liste électorale : Le réquisitoire de l’Union nationale

Doublons reconnus par Gemalto, non-délivrance de la carte nationale d’identité, recensement de la population sujet à caution, boum démographique douteux de certaines villes et provinces, délestage du rôle de la Cenap, etc. L’Union nationale tenait à fixer sa position et lever les équivoques quant à la révision des listes électorales. Ci-après l’intégralité de la déclaration diffusée, le 31 octobre 2015, par son secrétaire exécutif adjoint en charge des élections et des libertés publiques.

DECLARATION SUR LA REVISION DES LISTES ELECTORALES

A la suite de l’annonce par le ministère de l’intérieur de l’ouverture de la période de révision des listes électorales et des échanges entre le ministre et les partis politiques de l’Opposition, l’Union Nationale tient à apporter les précisions suivantes pour fixer sa position et lever des équivoques organisés et entretenus par une presse orientée et des personnalités politiques agissant en électron libre et prenant des positions incompréhensibles et contraires au combat que l’opposition gabonaise mène pour la transparence et l’alternance.

La révision des listes électorales, conformément aux dispositions de l’article 37 de la loi 7/96 relative aux élections politiques en République gabonaise, est une opération annuelle obligatoire qui consiste à : intégrer dans le fichier électoral les citoyens gabonais qui ont eu 18 ans après la dernière révision, supprimer du fichier les personnes décédées, et permettre le changement du lieu de vote à des personnes qui auraient changé de résidence entre deux révisions. Ce n’est donc pas une opération consistant à l’enrôlement de tous les Gabonais sauf ceux qui ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales.

En 2013 lors de la mise en place de l’enrôlement biométrique, tous les Gabonais avaient été appelés à s’inscrire sur les listes électorales par la prise d’empreintes digitales et de la photo de l’électeur. Ils sont nombreux les compatriotes qui ont éprouvé des difficultés à se faire inscrire lors de la prise d’empreintes et de la photo alors que le ministère de l’intérieur avait assuré que les problèmes seraient corrigés par l’opérateur GEMALTO qui avait reçu pour cette opération plus de 20 milliards de francs CFA.

La concertation politique de 2013 qui avait précédé l’introduction de la biométrie dans le fichier électoral, avait recommandé la mise en place d’une authentification locale de l’électeur qui serait, avec ce procédé, identifié par la reconnaissance de ses empreintes digitales à l’entrée du bureau de vote. D’autres points d’accord de cette concertation ont fait l’objet de recommandations qui n’ont jamais été appliquées par le gouvernement occasionnant de fait un climat de méfiance sur la qualité du fichier électoral et les intentions du pouvoir.

En refusant l’authentification des électeurs à l’entrée du bureau de vote le gouvernement a favorisé les transferts massifs d’électeurs et les votes multiples sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, en modifiant l’article 37 du code électoral, le gouvernement a écarté la CENAP du contrôle de la qualité du fichier électoral la confinant comme les représentants des partis politiques à un simple rôle d’observateurs.

Ces problèmes qui sont la traduction d’un manque de transparence dans la confection des listes électorales ne peuvent être éludés comme pour laisser croire qu’en allant s’inscrire sur la liste électorale cela suffirait pour aller en confiance dans les prochaines consultations électorales.

Il est urgent à ce stade de comprendre la position de l’Union Nationale qui est aussi celle d’une grande majorité de l’opposition. L’inscription est libre, volontaire, et personnel ; jamais l’Union Nationale n’a demandé aux gabonais de ne pas aller s’inscrire sur les listes électorales. C’est parce qu’elle agit en responsabilité qu’elle attire l’attention du gouvernement sur les préalables à une bonne tenue du fichier électoral.

La biométrie a été obtenue de haute lutte par l’opposition pour améliorer la gouvernance électorale au Gabon. L’Union Nationale qui est la principale force politique de l’opposition ne peut aujourd’hui renoncer à ce qui est aussi son combat débuté dans la résistance alors qu’elle était dissoute. L’Union Nationale qui fait de l’alternance démocratique son cheval de bataille ne peut refuser de participer au jeu démocratique s’il existe.

C’est fort de ce qui précède que l’Union Nationale avec les autres forces politiques de l’opposition appelle le peuple gabonais à la vigilance et à met en garde le pouvoir sur les manœuvres dilatoires qu’il prépare pour les futures élections.

Ne perdons jamais de vue qu’en 2009 pour l’élection présidentielle anticipée le collège électoral comportait plus de 807 000 électeurs pour une population totale estimée à 1.500.000 habitants. Après l’introduction de la biométrie en 2013, le nombre d’électeurs est bizarrement passé à 578 832 électeurs. Comment explique-t-on une réduction aussi importante du collège électoral ? Que sont devenus les 230 000 électeurs en moins ?

Malgré l’introduction de la biométrie, GEMALTO a reconnu qu’il existait encore plusieurs milliers de doublons dans le fichier électoral. Doit-t-on faire naïvement la révision des listes sans tenir compte de ce problème ?

Alors que tous les gabonais n’ont pas d’acte de naissance et de carte d’identité doit-on continuer à laisser de côté des compatriotes qui voudraient aussi voter alors que l’Etat organise de vaste campagne d’établissement de cartes de séjour pour les étrangers et que plus de 200 000 cartes nationales d’identité sont en souffrance dans les services de police.

Par ailleurs le gouvernement a organisé conformément à la constitution un recensement général de la population en 2013. Il a fallu attendre plus d’un an pour en connaître les résultats globaux par la cour constitutionnelle. Celle-ci en se substituant aux services compétents de l’administration en charge du recensement en a corrigé les résultats pour le situer officiellement à 1.802.728 alors que les chiffres des services spécialisés de la Banque Mondiale donnaient pour 2013-2014 une population de 1.627.000 habitants.

Aujourd’hui nous sommes en droit de nous questionner sur ce que cache le recensement national corrigé par la cour constitutionnelle. Les chiffres octroyés à certaines localités, départements ou province sont simplement fantaisistes. Qui peut croire que la commune de Ndindi d’une superficie de 1km2 puisse avoir 1325 habitants ?

Que dire d’Onga 6Km2 avec une population de 2500 habitants ? Bongoville 2Km2 2856 habitants. La liste est encore longue de ces incohérences rencontrées dans ce recensement pour des localités éloignées des capitales provinciales et où il n’existe que peu ou pas d’activités économiques à même de justifier une telle concentration de population dans d’aussi petits périmètres urbains.

Comment comprendre qu’aujourd’hui le Haut-Ogooué devienne après l’Estuaire la province la plus peuplée du Gabon avec plus de 250 548 habitants ?

Voila ce que dit le rapport du ministère de l’économie sur le recensement général de la population et des logements : « au cours de la période 1960-2013, la population de l’Estuaire a été multipliée par plus de 13, celle du Haut-Ogooué par 5 et celle de l’Ogooué Maritime par 2.5. Quant au Moyen-Ogooué et au Woleu-Ntem, ils ont doublé leurs effectifs au cours de la période. Par contre, les populations de la Ngounié et de la Nyanga n’ont accru que de moitié en 53 ans, tandis que celles de l’Ogooué-Ivindo et de l’Ogooué-Lolo ont augmenté respectivement de 86% et 85%.

Au cours de la période des 20 dernières années, la situation est différente. La population du Haut-Ogooué s’est accrue de 140% tandis que celles des autres provinces ont moins que doublé. » Fin de citation

Ces chiffres Mesdames, Messieurs ne sont pas anodins car sans vouloir stigmatiser une province du pays, il convient cependant d’être sérieux dans les chiffres officiels de la République Gabonaise quand ceux-ci touchent à notre devenir et à notre appartenance nationale.

C’est la Cour Constitutionnelle qui avait validé en 2003, 2 ans avant la présidentielle de 2005, le recensement contesté par l’administration gabonaise et la Banque Mondiale en décidant de porter la population du Gabon à 1.520.911 au lieu de 1.269.732 qui était le chiffre avancé par le ministère de la planification en charge du recensement. C’est aujourd’hui cette même Cour qui revient à la charge avant les prochaines élections pour donner des chiffres contestables qui ne peuvent résister à l’analyse simple d’une confrontation au taux normal de croissance de la population gabonaise qui est en moyenne de 2,4% par an.

Tout cela ne peut et ne doit nous laisser indifférent si nous ne prenons pas les précautions nécessaires pour contrôler l’établissement des listes électorales et les révisions qui l’accompagnent.

La résistance têtue du pouvoir à créer les conditions de la transparence ne peut qu’accroître la méfiance et les tensions politiques.

L’élection présidentielle et l’élection législative ne sont pas des élections comme toutes les autres pour ce qu’elles aiguisent d’appétit et parce qu’elles ouvrent un nouveau cycle politique dans la gestion du pays par le renouvellement des grandes institutions républicaine qui sont sensées reflétées la volonté du peuple.

Le refus de la transparence est le refus de faire droit à la volonté du peuple. Nous ne pouvons demander au peuple de s’inscrire sur les listes électorales pour voter et se faire voler son vote comme en 1993 – 1998 – 2005 – et 2009.

Qui est assez naïf pour croire qu’en gonflant les chiffres de la population générale nationale le pouvoir n’en fera pas de même pour les listes électorales si un contrôle rigoureux n’est pas exercé sur cette opération ?

L’Union Nationale refuse que la tricherie soit encore plus longtemps érigée en méthode d’accession aux hautes charges de l’Etat car il en va de la dignité de la République, il en va de l’avenir du Gabon.

L’Union Nationale réitère la demande de l’opposition faite dans le courrier adressé au ministre de l’Intérieur sur les points d’accord de la concertation de 2013 ainsi que la séance de travail avec la Société GEMALTO l’opérateur désigné par le gouvernement pour cette révision afin que la lumière soit faite sur les problèmes rencontrés lors de la campagne d’enrôlement de 2013, sur les doublons restés dans le fichier et sur d’autres aspects techniques de l’enrôlement biométrique.

L’Union Nationale demande que le rôle de la Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP) et des représentants des partis politiques ne se confine juste à l’observation des enrôlements mais s’étend à un contrôle plus rigoureux que nous souhaitons définir avec le Ministre de l’Intérieur.

Cela est possible car l’arrêté 4231/PM/MISPID du 8 juin 2012 portant création, attributions, composition et fonctionnement du projet Etat-civil biométrique, fichier électoral et documents d’identité est toujours en vigueur et c’est dans ce cadre qu’une bonne collaboration peut se faire.

Ceux sont là des exigences de transparence que le Ministre de l’Intérieur ne peut refuser. Toute démarche contraire susciterait bien entendu des soupçons de fraude qu’il est urgent d’éviter dans la période actuelle.

C’est à ces conditions raisonnables et compréhensives de transparence que nous pourrions donner les noms de nos représentants.

L’Union Nationale demande enfin que soit remis à chaque gabonais qui s’enrôle sa Carte Nationale d’Identité et que le Ministère de l’Intérieur communique comme il l’a fait pour les cartes de séjour les noms de tous les gabonais dont les cartes ont été établis mais qui n’ont pas encore été récupérés par leurs destinataires.

Je vous remercie.

Paul-Marie GONDJOUT
Secrétaire exécutif adjoint chargé des élections et des libertés publiques
Libreville le 31 octobre 2015

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