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Coût de la route au kilomètre : Les éclaircissements de l’ANGTI

En vue d’apporter des précisions quant à l’article de Gabonreview, «Coût de la route au kilomètre : Le Gabon affole les statistiques», publié le 14 janvier dernier, l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures nous a fait parvenir la mise au point ci-après publiée in extenso. Instructif !

Le projet de réaménagement et d’élargissement en 2 x 2 voies de la Route Nationale 1 (RN1) entre PK5 et PK12 est un projet emblématique qui permettra de résoudre de façon durable la situation d’embouteillage chronique observée quotidiennement sur cet axe routier stratégique.

Au-delà d’un trafic routier plus fluide, les conditions de sécurité des riverains et des piétons seront considérablement améliorées. Des trottoirs pavés seront aménagés et 5 passerelles piétonnes sont prévues le long de la route. Le tronçon PK5-PK12, élargi et réaménagé, permettra, dans sa nouvelle configuration, d’apporter une solution définitive aux problèmes récurrents d’inondations et de stagnations d’eau (notamment au droit de la section PK6‐PK7) et des phénomènes d’éboulements et d’effondrements des talus (particulièrement au PK6). L’installation de canaux pour l’acheminement des eaux de drainage jusqu’aux exutoires naturels va également participer à la protection des quartiers limitrophes contre les inondations.

Après la phase des études techniques et l’indemnisation de l’ensemble des bâtiments et habitations démolis pour libérer la zone du projet, les travaux de construction ont effectivement démarré.

C’est l’entreprise routière Colas Gabon qui a été sélectionnée pour réaliser ces travaux, parmi une douzaine d’entreprises de construction sollicitées pour répondre à la consultation lancée par l’ANGTI et le Ministère en charge des Infrastructures.

La durée des travaux est fixée à 21 mois pour un coût d’environ 54,9 milliards FCFA , financés à hauteur de 45 milliards FCFA par une convention de prêt avec la BDEAC , les 9,9 milliards FCFA restant correspondant à la contrepartie apportée par l’Etat Gabonais. Le soutien financier de la BDEAC permet de sécuriser le financement du projet et ainsi d’assurer le respect des délais d’achèvement du projet.

La durée relativement longue du projet s’explique avant tout par sa complexité. En effet, une partie des réseaux d’eau, d’électricité et télécom installées sous la chaussée ou le long de la route devra être déplacée pour laisser place à la nouvelle route. La question des réseaux d’eau est particulièrement critique, dans un environnement urbain densément peuplé tel que la zone PK5-PK12. En effet, les conduites d’eau potable situées dans cette zone, notamment dans la première phase du projet, entre le PK5 et le PK7, constituent la colonne vertébrale de l’alimentation en eau de Libreville. La continuité et le bon fonctionnement de ce service pendant toute la durée du projet sont des impératifs imposés à l’entreprise. Cela nécessite une planification et une coordination très précises des différents corps de métiers et la mobilisation de nombreux ingénieurs et techniciens.

Afin de limiter les défauts de coordination sur site, l’ensemble des travaux a été confié au groupement Colas Gabon/Bouygues Energies et Services/SPAC, agissant comme entreprise générale pour l’aménagement de la route et le déplacement des réseaux publics.

Sur les 54,9 milliards FCFA du projet, 5,3 milliards FCFA sont ainsi consacrés au déplacement des conduites de transport d’eau, ainsi qu’à la création de nouveaux réseaux de distribution sur l’ensemble du linéaire, 1,1 milliard FCFA pour le déplacement des réseaux Haute et Basse Tensions et 2,0 milliards FCFA pour le déplacement des réseaux télécom et fibre optique.

Le tronçon PK5-PK12, unique point d’entrée terrestre de la Capitale, constitue également un challenge du point de vue esthétique. Une partie du financement a donc été dédiée aux aménagements piétons/bus et paysagers pour un montant de 2,0 milliards FCFA. A cela s’ajoutent 2,0 milliards FCFA pour la réalisation complète de l’éclairage public et de la signalisation lumineuse, aujourd’hui inexistante, qui comprendront par exemple plus de 200 candélabres et 450 luminaires implantés le long de la route.

Conformément à la règlementation en matière environnementale, des mesures environnementales et sociales sont également prévues pendant les 21 mois de chantier. Ces mesures incluent notamment des campagnes de sensibilisation trimestrielles, des équipements pour la préservation de l’environnement pendant les travaux et la construction d’aménagements connexes (bâtiments et un parking), pour un montant global d’1,0 milliard FCFA.

Ainsi le coût de la route proprement dite, hors aménagements paysager et connexe, déplacements des réseaux et mesures environnementales et sociales, s’élève à environ 41,3 milliards FCFA, soit 5,9 milliards FCFA/km. Ce coût est 23% plus élevé que le coût kilométrique de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio (34 km), récemment publié par Gabonreview , à savoir 4,8 milliards FCFA/km.

Outre les effets d’échelle, qui font que le coût du km diminue lorsque la longueur de la route augmente, il est important de prendre en compte le relief très accidenté de la zone PK5-PK12, qui nécessite la réalisation de murs de soutènement, et l’hydrographie de la zone, exigeant la construction de plus de 3 km de dalots de diamètre variable et de plus de 650 m de buses en béton armé.

La main d’œuvre mobilisée est un autre facteur important expliquant le coût de ce projet. De ce point de vue, la Banque Africaine de Développement indiquait, dans son rapport Stratégie Pays pour le Gabon , que le coût de la main d’œuvre au Gabon était comparativement plus élevé que dans la plupart des pays de la CEMAC. Rappelons qu’au Gabon, le SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) est officiellement passé de 80 000 FCFA en 2006 à 150 000 FCFA en 2010, soit une hausse de 87,5%, au bénéfice des travailleurs.

Enfin, une grande majorité des équipements routiers (éclairage, glissières, panneaux de signalisation, lampadaires, conduites, équipements électriques, etc.) ainsi que le bitume (dont la production nationale a cessé depuis 2001), sont importés. Le coût de ces intrants contribue encore à augmenter la facture des travaux routiers au Gabon.

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