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Congo : l’opposition attend une présidentielle transparente

Le président congolais Denis Sassou-Nguesso vote pour le référendum sur la constitution le 25 octobre 2015 à Brazzaville.
Le « suspense » est terminé : lundi soir 25 janvier, les soixante-six membres du comité d’investiture du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) ont désigné Denis Sassou-Nguesso, 73 ans cette année, comme leur candidat à la présidentielle organisée de façon anticipée le 20 mars.

Ce choix sans surprise – M. Sassou-Nguesso était seul en lice – a été aussitôt validé par les quelque quatre cents membres (ministres, préfets, députés, sénateurs) du comité central du PCT, réunis au Palais des congrès de Brazzaville où chacun brandissait le drapeau rouge du parti frappé d’une palme et d’un marteau.

« En faisant entièrement confiance au camarade Denis Sassou-Nguesso, nous avons fait le bon choix qui, dans les pays à tradition boursière, ferait envoler les Bourses parce que les citoyens sont confiants, les investisseurs rassurés et l’économie sûre d’être dynamisée », a estimé Pierre Ngolo, secrétaire général du PCT. « A présent, l’heure est à l’occupation du terrain pour créer toutes les conditions afin de réaliser notre projet – la victoire de notre candidat – dans un esprit de camaraderie. »

Ecarter les « moins nantis »

M. Sassou-Nguesso cumule près de trente-deux ans à la tête du Congo et sa candidature ne faisait guère de doute depuis la promulgation de la nouvelle Constitution en novembre 2015. Celle-ci, adoptée lors d’un référendum, boycotté par l’opposition, autorise le chef de l’Etat sortant à postuler à un troisième mandat, ce qui lui était interdit aux termes de la loi fondamentale adoptée en 2002. Elle fait aussi sauter la limite d’âge fixée à 70 ans et avec elle l’autre verrou qui faisait obstacle à M. Sassou-Nguesso, né en 1943.

L’opposition a accueilli froidement l’investiture du candidat du parti au pouvoir. « Nous sommes déçus et triste de voir que M. Sassou-Nguesso veut continuer sans respecter le droit », a déploré Clément Miérassa du Parti social-démocrate congolais (PSDC). « Il va à cette élection sans légitimité. Son message est clair : je suis arrivé au pouvoir par la force et j’y reste. »

« Le président Sassou-Nguesso n’a pas fait un coup d’Etat constitutionnel pour laisser la place à quelqu’un d’autre. Demeurer et mourir au pouvoir, c’est sa seule motivation », commente pour sa part Paul-Marie Mpouelé, président du Parti des républicains (PR).

L’élection présidentielle initialement prévue en juillet 2015 a été ramenée au 20 mars. Les plateformes de l’opposition réservent encore leur participation et n’ont pas choisi le ou leurs candidat(s). « Maintenant qu’il [Sassou-Nguesso] a obtenu par tous les moyens ce qu’il voulait, il faut qu’il crée toutes les conditions afin d’organiser une élection libre, transparente et acceptée par tous. On a besoin d’une élection apaisée dans le pays », réclame M. Mpouelé.

La nouvelle loi électorale qui vient d’être adoptée par le Parlement fixe à 25 millions de francs CFA (38 000 euros) – contre 5 millions de francs CFA lors des scrutins précédents – le montant de la caution à verser par les différents candidats à la présidentielle. L’opposition y voit un moyen d’écarter les « moins nantis » et la jeunesse.

Sans attendre, le PCT a déjà lancé des collectes de fonds à travers le pays afin de soutenir la candidature de son leader. La fédération PCT Brazzaville a réuni à elle seule 46 millions de francs (70 000 euros). Les partis alliés du pouvoir qui disent travailler pour la victoire de leur candidat dès le premier tour lui ont emboîté le pas.

« Ne pas aller à l’aventure »

Les arguments de campagne commencent à être affûtés par les affidés qui se disent convaincus que Sassou-Nguesso reste « l’homme de la situation ».

« Par les temps qui courent avec une conjoncture internationale très délicate, nous ne pouvons pas nous permettre de mettre n’importe quel homme à la tête du navire. Il y a du vent et de la tempête. Le seul homme capable de conduire le bateau à bon port est Sassou-Nguesso », a déclaré Alain Moka, député et président du groupe parlementaire du PCT à l’Assemblée nationale.

« Le monde qui nous entoure est un monde de défis, donc il ne faut pas aller à l’aventure. Ne pas aller à l’aventure, c’est choisir Sassou-Nguesso qui est un homme de paix, de dialogue et qui a fait de la concertation un véritable sacerdoce », enchaîne Jean-Pierre Manoukou Kouba du bureau politique du PCT.

Emilienne Lekoundzou, sénatrice du PCT, ne dit pas moins : « Sassou-Nguesso est l’homme de la situation. On ne peut pas le changer pour le plaisir de le faire. Donc, donnons-lui encore cinq ans. Le jour où il sera fatigué, nous trouverons quelqu’un d’autre. Ainsi va la démocratie. »

Les incertitudes économiques et l’effondrement du prix du pétrole, sur lequel est assis le budget de l’Etat, pourraient donc être, à les écouter, un des alliés du président sortant, rempart contre l’instabilité. A moins que ne soient demandés des comptes sur l’utilisation de cette manne pétrolière au temps des heures fastes ?

En mars, les Congolais se rendront pour la quatrième fois aux urnes pour élire leur président depuis l’ouverture du pays au multipartisme en 1991.

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