Les gabonais qui étaient à la quête d’un homme capable de faire face au futur candidat du PDG, semblent désormais être fixés sur l’identité de l’opposant sur lequel porter tous leurs espoirs. Jean Ping, ancien influent collaborateur d’Omar Bongo Ondimba, tient aujourd’hui, le flambeau de l’alternance.
Début 2014, lorsque Jean Ping déclare sa démission du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968), il aurait été difficile de l’imaginer en tête d’affiche de l’opposition gabonaise. L’espoir du retour au pays et en bonne santé d’André Mba Obame était encore très vivant. Et le nouvel opposant semblait en être bien conscient. Il dit alors être disponible pour aider l’opposition à parvenir à l’alternance au sommet de l’État. André Mba Obame ou « Moise » n’ayant pas laissé un véritable rassembleur derrière lui, le vide devait être vite comblé et jean Ping semble l’avoir compris en premier, ou alors les autres opposants étaient conscients de leurs propres faiblesses. Pendant que les tergiversations s’accentuaient à propos d’une candidature unique de l’opposition, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine entama un tour du Gabon qui lui a permis de constater le niveau des misères des Gabonais des autres provinces et surtout, de gagner l’estime de plusieurs de ses compatriotes. Les assises du week-end dernier, peuvent apparaître comme la dernière étape de cette tournée à travers le pays. Les Librevillois venus à cette grande rencontre qui a commencé à 9h du matin, ont attendu jusqu’à 18h pour écouter le discours de leur nouveau leader. Discours de près de 50 minutes. A la veille de l’élection présidentielle, Jean Ping apparait désormais comme l’homme que le Parti Démocratique Gabonais(PDG) devrait politiquement abattre.
Jean Ping au-delà des clans ?
Une grande partie des supporters de Jean Ping provient de l’Union Nationale. C’est un secret de polichinelle. Des Gabonais, avides d’alternance au sommet de l’État, sentant ce parti de l’opposition radicale perdre davantage du terrain, ont démontré samedi dernier qu’ils sont prêts à sacrifier leur famille politique pour l’intérêt de la Nation gabonaise. Leur volteface pourrait fermer la muse, une fois pour toute, des théoriciens du repli identitaire mis en exergue durant la présidentielle de 2009. Jean Ping est issu de l’ethnie Miénè de l’Ogooué-Maritime. L’Union Nationale(UN) tire sa principale force des Fang du Woleu-Ntem. Le siège du parti de Zacharie Myboto et du Défunt André Mba Obame, où se tenait le 6è anniversaire de cette organisation en même temps que les assises de la Convention Citoyenne autour de Ping, à l’ancienne Sobraga, n’a pas pu avoir la ferveur qu’on lui connait. Un an à peine après le décès de leur leader, on attendait plus de monde pour ce premier anniversaire post André Mba Obame. Le disparu semble alors avoir réussi à inculquer son idéologie à ses sympathisants, celle d’un Gabon au-dessus des intérêts individuels, claniques, ethniques, politiques, où primerait l’intérêt national. Ils ont choisi de soutenir Jean Ping, sans que leur parti ne le leur ait demandé…sans aucune consigne. Tout comme la présence des militants de l’UFC ( Union des Forces pour le Changement) a été remarquable. Une unité dépassant les égo, pour mettre le Gabon « à l’abri de la peur et du besoin », slogan de campagne du nouveau leader.
Jean Ping ne nie pas ses origines
« Avec la tête que j’ai et le nom que j’ai, j’aurais du mal à dissimuler mes origines chinoises…j’assume mon métissage… » Lança-t-il sous les applaudissements nourris de la foule. Son père, un Chinois, a vécu et est décédé au Gabon. Sa mère est Gabonaise, native de la province de l’Ogooué-Maritime. « Le président du Gabon n’a pas vocation à défendre les intérêts d’un pays étranger…mais de les protéger » Pour répondre à ceux qui l’accusent de prévoir une invasion chinoise au Gabon en cas de victoire à la présidentielle de cette année. Par ailleurs, il estime qu’Ali Bongo Ondimba devrait présenter un acte de naissance authentique pour briguer une fois encore la fonction de Président de la République
Georges-Maixent Ntoutuoume
