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Gabon-Louis Gaston Mayila : « Si Ali Bongo m’appelle j’irai l’écouter, mais… « 

Louis Gaston Mayila, avocat de formation, leader de l’union des forces du changement, président de l’union pour la nouvelle république (UPNR, opposition), ex-ministre et ancien président du Conseil économique et social (CES), sous l’ère d’Omar Bongo Ondimba s’est prêté à nos questions dans cette interview.

A Libreville,

Dans cet entretien, Louis Gaston Mayila revient sur les raisons de son alliance avec Jean Ping et ses relations avec Ali Bongo Ondimba.

AFRIK.COM : Pourquoi avez-vous décidé de soutenir Jean Ping et non un autre candidat déclaré à la future Présidentielle ?

Louis Gaston Mayila : Aujourd’hui, nous avons dépassé les idéologies et les intérêts personnels. Jean Ping apparait comme quelqu’un qui présente le minimum commun pour nous sortir de l’ornière. J’ai dit que Jean Ping n’est pas le meilleur, mais c’est le premier parmi les égaux. Je le soutiens et l’assume. Nous sommes tous les deux d’Omboué et nous avons été adoptés par le feu Président Omar Bongo. Nous avons travaillé auprès de lui en qualité de directeur de Cabinet et avons été tous les deux Vice-premier ministre. Je connais l’homme. Nous avons aujourd’hui besoin d’un Président capable d’écouter, de comprendre, de discuter, de partager. Jean Ping peut l’être. C’est quelqu’un qui a le respect des convenances. Je peux travailler avec lui.

Certaines langues disent que la candidature de Jean Ping à la future Présidentielle pourrait être invalidée par la Cour constitutionnelle en raison des origines chinoises de son père. Croyez-vous un seul instant à une telle hypothèse ?

Les journaux du gouvernement l’affirment. Mais elles font une interprétation erronée de l’article 10 de la Constitution gabonaise, qui interdit, pendant une certaine durée, aux Gabonais ayant acquis la nationalité de se porter candidat aux élections présidentielles. Jean Ping ne tombe pas sous le coup de cet article. Il est né au Gabon et sa mère est Gabonaise. Il a fait ses études au pays et a grandi au milieu de nous tous. Jean Ping n’a pas acquis la nationalité. Il est Gabonais de naissance et n’a jamais été adopté. Le problème se pose avec Ali Bongo Omdimba parce qu’il a été adopté même s’il refuse de l’avouer.

Selon certaines indiscrétions, vous êtes déjà prêts à faire un retournement de veste, afin de rallier la majorité présidentielle moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. On dit que Louis Gaston Mayila est très versatile. Vous confirmez ?

Jean Ping n’a pas assez d’argent pour m’acheter. Ali Bongo Ondimba non plus. J’ai soutenu Omar Bongo jusqu’à sa mort et je savais lui dire non quand je n’étais pas d’accord. J’avais un pacte avec lui. Je n’ai jamais été versatile. Je n’ai eu qu’un seul maître dans ma vie : Omar Bongo Ondimba. Quelqu’un de versatile peut-il collaborer pendant plus de 30 ans avec une seule personne ? Je ne crois pas. Je sais changer de position quand cela est nécessaire. Je dis ce que je pense et je le dis à haute voix. Je n’ai pas de tractation avec le président de la République. Quand il a pris le pouvoir en 2009, il m’a invité et nous avons discuté. Quand il s’agissait de mettre la biométrie en place, il m’a convoqué et nous avons discuté. Cela fait longtemps que je ne l’ai plus rencontré. S’il m’appelle, j’irai l’écouter mais j’avertirais d’avance mes pairs de l’opposition. Il y a très peu de chance que je travaille avec lui car, travailler pour Ali Bongo Ondimba, c’est travailler pour Accrombessi. Ce qui est impossible. Je ne peux pas accepter que quelqu’un vienne faire au Gabon ce qu’on ne peut pas faire au Bénin. Moi j’aime ma mère le Gabon et je n’accepterai jamais qu’elle soit insultée ou humiliée. Monsieur Accrombessi et Ali Bongo Ondimba m’ont envoyé en prison pour une histoire fabriquée de toute pièce. J’ai bénéficié d’un non-lieu lors du procès. Je ne suis pas prêt à rallier le camp du pouvoir.

Croyez-vous à l’union de l’opposition à quelques mois de la tenue de la Présidentielle ?

Dans aucun pays du monde je n’ai connu une opposition unie. Le Gabon ne fera pas l’exception. L’unité de l’opposition n’est pas une panacée pour l’alternance. Le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) n’a gagné aucune élection présidentielle depuis plus de 20 ans. Les précédentes Présidentielles ont été gagnées par Mba Abessolo et Pierre Mamboundou, mais à chaque fois, le candidat du parti au pouvoir a été proclamé élu en raison de la manipulation des résultats. Tous les Gabonais le savent. Nous n’avons donc pas besoin d’une opposition unie, mais de la transparence électorale et d’un scrutin crédible et libre.

Pensez-vous que 2016 est l’année de l’opposition ?

Si je suis allé au Conseil national de la démocratie (CND) c’est par ce que j’estime qu’avec cette institution les négociations peuvent aboutir à l’organisation d’un dialogue national. La commission ad ’hoc à laquelle j’ai participé demande qu’on ouvre les négociations et le dialogue national. Elle réclame la limitation du mandat présidentiel et une élection présidentielle à deux tours. Ce dialogue national doit avoir lieu. L’organisation de la Présidentielle n’est pas une priorité. Si on ouvre le dialogue national, les gens de raison verront qu’il est sage de repousser le scrutin, afin que tous les partis aillent aux élections avec une égalité de chance. J’ai foi en mon pays, j’ai foi en l’alternance. Le bon sens commande qu’on organise le dialogue national. Les résultats de cette concertation seront au-dessus de la compétition électorale.

Vous étiez aux affaires pendant plus de 30 ans avec le régime PDG, que vous dénoncez aujourd’hui. N’êtes-vous pas comptable également des problèmes du pays ?

J’ai dit haut et fort que j’ai ma part de responsabilité dans tout ce que nous avons fait en bien ou mal avec Omar Bongo Ondimba.

La plupart des opposants actuels étaient aux affaires avec Omar Bongo. Ne pensez-vous pas qu’il faut une nouvelle génération d’hommes politiques au Gabon ?

Vous voulez qu’on aille acheter des hommes politiques au Congo ou au Cameroun ? Même si nous sommes de mauvais hommes politiques, c’est avec nous qu’il faut faire. La plupart des leaders politiques de la sous-région d’Afrique Centrale sont mes collègues. Nous n’avons pas un problème de conflit de génération dans notre pays. Le Gabon est géré aujourd’hui par de jeunes « Emergents » qui ne sont pas des hommes de métier. Le Gabon a juste besoin d’un homme qui aime le pays et qui veut servir le peuple. L’âge n’est pas un critère d’efficacité. C’est la mauvaise gestion des affaires publiques que nous critiquons. Les jeunes émergeant ne pensent qu’à leurs intérêts et, en quelques années, ils ont mis le pays à genoux.

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