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Petit mot du Dr. Daniel Mengara aux électoralistes qui compromettent les chances du changement au Gabon


PETIT MOT DU DR. DANIEL MENGARA AUX ELECTORALISTES QUI COMPROMETTENT LES CHANCES DU CHANGEMENT AU GABON


Suite à la réélection de Denis Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville, j’ai décidé de m’adresser directement, frontalement, et sans langue de bois, aux électoralistes gabonais qui compromettent les chances d’un changement immédiat au Gabon.

Chers compatriotes :

En politique, surtout pour les peuples confrontés à la dictature et obligés de lutter pour leur libération, le silence devant tout ce qui est de nature à prolonger l’agonie des peuples peut devenir un acte de complicité, voire de trahison, surtout de la part de ceux qui ont de la voix. Une opposition sans débats démocratiques en son sein, sous prétexte de l’unité, est une opposition vouée à l’échec car prédisposée et assujettie à la pensée unique imposée par les supposés hommes providentiels qui leur vendent le fantasme. Et quand nous laissons une telle opposition, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, organiser sous nos yeux et devant nos silences la réélection sans faille d’un dictateur de la trempe d’Ali Bongo Ondimba, nous sommes complices. Moi, Daniel Mengara, j’ai décidé de parler et de dire ce que j’ai à dire, pour ne pas être complice.

Et voici ce que j’ai à dire aux électoralistes de tous bords, et partant, à la portion du Peuple gabonais qui embrasse leurs dangereux fantasmes.

La politique est une science, voilà pourquoi les blancs ont appelé « science politique » le principe scientifique qui en découle. Ce qui distingue la science de toute autre forme de supputation pseudo-scientifique est le principe de la prédictibilité et de la reproductivité. Un résultat est jugé scientifique s’il est prédictible et s’il est reproductible. D’où la notion largement répandue selon laquelle « les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ». Cette notion traduit le principe le plus basique de toute approche scientifique dans le contexte de la science moderne. La science politique fait donc sienne l’étude des comportements humains au sein de la cité avec comme but ultime de les mathématiser, donc de rendre ces comportements prédictibles (on peut les anticiper), mais aussi reproductibles (on sait ce qui mène à tel ou tel résultat quand telles ou telles conditions sont réunies).

Ce que l’analyse scientifique nous a permis dans le cadre de notre réflexion intellectuelle sur le Gabon, et ce principalement au sein du mouvement « Bongo Doit Partir », est la délimitation de certaines idées maîtresses, dont celles qui disent que :

– Le Gabon ne changera pas par la bonne volonté des Bongo. Ce principe scientifique n’a jamais été démenti et ne peut l’être. C’est un principe inviolable.

– Le Gabon ne changera pas par le miracle de Jésus-Christ. Ce principe scientifique n’a jamais été démenti et ne peut l’être. C’est un principe inviolable.

– Le Gabon ne changera pas par les urnes. Ce principe scientifique n’a jamais été démenti et ne peut l’être. C’est aussi un principe inviolable.

Ce que la réélection, sans doute frauduleuse, du dictateur Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville vient de montrer est que ces principes, qui trouvent leur inspiration, consolidation et réaffirmation dans l’histoire même de l’humanité, sont restés immuables tout au long des siècles : les dictateurs ne quittent jamais le pouvoir sans y être forcés d’une manière ou d’une autre et les meilleures démocraties sont souvent celles qui résultent de soulèvements populaires. Autrement dit, quand on veut la chute d’un dictateur, on le force à la chute. On ne s’amuse pas à aller à une élection perdue d’avance avec lui.

Au Gabon, il existe actuellement deux axes de réflexion : l’axe électoraliste et l’axe DTE (Destitution/Transition/Elections). L’axe DTE est un axe insurrectionniste qui découle de ma pensée politique. C’est un axe, donc, qui prône l’insurrection comme le passage obligé vers le changement au Gabon. Tout le monde sait que je propose depuis des années à l’opposition une démarche d’Assemblée constituante du Peuple qui soit à même d’amener, dans un contexte d’insurrection, à une destitution d’Ali Bongo, puis à une transition qui préparerait le pays à des élections transparentes. C’est de ces idées qu’est né le principe DTE que je crois est partagé aujourd’hui par la majorité des Gabonais, mais aussi une bonne partie de l’opposition qui compte vraiment au Gabon.

Analysons ces deux axes sans passion.

L’axe électoraliste est un axe incohérent qui va dans tous les sens depuis près de deux ans au Gabon. Tantôt les tenants de cette approche présentent comme argument qu’il faut, pour une insurrection, un élément déclencheur, et cet élément, selon eux, est le RÉSULTAT de l’élection, tantôt ils avancent le principe de la « concomitance » comme une démarche possible. Autrement dit, les partisans de cette approche comptent sur un hypothétique sursaut insurrectionnel des Gabonais au lendemain de la proclamation des résultats du vote d’août 2016.

A ces arguments, il est facile de répondre : 1993, 1998, 2005, 2009, n’étaient-ce pas là des événements électoraux du même type que celui de 2016? Ces événements ont déclenché quoi ? Il est également facile de dire à nos amis électoralistes que leurs arguments reposent non seulement sur de faux-semblants, mais aussi sur la langue de bois car ce ne sont pas les événements déclencheurs qui ont manqué au Gabon : Mboulou Beka, les obsèques de Mba Obame, l’expulsion de Barro Chambrier du PDG, l’investiture anachronique d’Ali Bongo par son parti, les divers rejets par la Cour constitutionnelle et autres juridictions des recours de l’opposition, l’acte de naissance d’Ali Bongo, etc. Chacun de ces événements aurait pu et peut encore, à tout moment, être transformé en élément déclencheur par une opposition qui sait ce qu’elle fait, ce qu’elle veut et comment s’y préparer. Sans oublier qu’une opposition organisée doit pouvoir fomenter des événements déclencheurs sans besoin d’attendre les élections.

En d’autres termes, la politique ne se fait pas dans un vacuum. Les électoralistes parlent du Gabon comme s’il n’y avait pas déjà eu élections présidentielles en 1993, 1998, 2005 et 2009 et comme si ce sont les événements déclencheurs qui manquent ou ont manqué. Ils parlent également du Gabon comme si, à chaque élection, la même phrase selon laquelle « cette fois-ci est la bonne » n’est jamais sortie de nos bouches. Il me semble que chaque élection étant naturellement, pour un peuple traumatisé, celle de l’espoir, le Peuple croira toujours, à chaque élection, que les conditions sont bonnes pour la chute de son dictateur. Mais cela n’en fait pas moins un fantasme car entre croire les apparences et agir pour rendre ces apparences vraies, il y a un gouffre. Aujourd’hui, on répète les mêmes erreurs : tout le monde dit Ali Bongo affaibli, mais sans jamais offrir la preuve de cet affaiblissement. Or, les mêmes causes menant toujours aux mêmes effets, nous n’avons pas encore entendu un seul argument, je dis bien un seul, par lequel les électoralistes démontrent comment ils vont faire pour que, en 2016, ce qui a fait que l’opposition perde en 1993, 1998, 2005 et 2009 ne se reproduise plus. Tout ce qu’on a entendu jusqu’à maintenant, ce sont des fantasmes basés sur l’argent et les carnets d’adresse.

L’approche électoraliste, en plus, ne se donne qu’une SEULE et UNIQUE chance de réussir et mise tout sur la post-élection, d’où son encouragement aux populations à s’inscrire sur les lites électorales et à aller voter. Une attitude qui, comme on vient de le voir au Congo-Brazzaville, est un suicide politique car sans plan B. Autrement dit, si les Gabonais ne se soulèvent pas après l’élection, nos amis électoralistes, comme en 2009, n’auraient plus qu’à se satisfaire d’un autre titre de « Président élu du PNUD » ou « Président élu d’Etimboué ». Et pendant que nos opposants pleurnicheront une fois de plus avec leurs fameux titres de « présidents élus » de ceci et « présidents élu » de cela, Ali Bongo se vautrera de nouveau au pouvoir pendant 7 ans, mais avec comme arguments bêtes et simples que, quand les opposants ont participé, fraude ou pas fraude, article 10 ou pas, acte de naissance falsifié ou pas, ils avaient accepté les règles du jeu telles qu’elles existaient avant l’élection. Cela ne sert donc à rien de pleurnicher après coup ou de parler encore d’article 10 ou d’acte de naissance falsifié. La communauté internationale, après avoir exprimé ses quelques « inquiétudes » et « préoccupations » comme à son habitude, se rendra à la même évidence et conclura que, malgré les « quelques manquements », tout va bien au Bongoland.

Dans ce contexte, l’argument paradoxal selon lequel il y aurait possibilité de « concomitance » entre l’approche électoraliste et l’approche insurrectionniste est un non-sens politique, une hérésie. C’est un argument incohérent. C’est comme si nos amis électoralistes ne savaient pas l’adage selon lequel il n’est jamais bon de poursuivre deux lièvres à la fois, de peur de n’en attraper aucun ! En d’autres termes, pour réussir en politique, il faut faire des choix clairs et simples : si c’est l’élection qu’on pense est la bonne solution, il faut s’y investir à 100%. Et si c’est la voie de la DTE qu’on choisit comme approche, on doit s’y investir à 100%. On ne peut pas avoir un pied dedans, un pied dehors, ou un pied dans l’un et dans l’autre à la fois. Toute approche voulant concilier ces deux positions de manière concomitante est vouée à l’échec car ce serait comme dire aux Gabonais d’aller voter et de ne pas aller voter en même temps, d’aller dans la rue et de ne pas aller dans la rue pour attendre l’élection. Cette approche écartèle et désarticule le potentiel insurrectionnel en faisant faussement croire à une portion importante de Gabonais que la victoire par les urnes est possible et ces Gabonais qui y croient deviennent, dès lors, impossibles à mobiliser pour le combat de rue qui, pourtant, reste leur seule option, la seule option. Conclusion : C’est soit on mobilise à 100% pour le combat de rue et on le mène jusqu’au bout de sa logique, soit on mobilise pour l’élection à 100%, et on accepte le résultat.

Mais il y a aussi le mensonge des gens qui nous disent qu’ils ne feront qu’un seul mandat s’ils gagnent. Comprenons-nous bien sur cet argument loufoque et décryptons les mensonges derrière cet argument.

Commençons par dire que ce que les gens qui affirment cette bêtise ne disent pas aux Gabonais : ce qu’ils n’avouent pas est qu’ils acceptent, en réalité, le principe d’un mandat de sept (7) ans là où la majorité des Gabonais veulent le retour au mandat de cinq (5) ans. Pis : ce mandat de 7 ans qu’ils acceptent se déroulerait, je suppose, avec les pleins pouvoirs présidentiels que nous voulons enlever à Ali Bongo ! A quoi servirait-il alors d’enlever Ali Bongo du pouvoir pour le remplacer par quelqu’un qui jouirait exactement des mêmes pouvoirs d’arbitraire et de dictature que nous combattons sous Ali Bongo ? Là se trouve le premier problème. Nous n’irons pas ici dans les autres problèmes, tels l’idée qui consiste maintenant à interdire à certaines ethnies de présenter des candidats à l’élection présidentielle. On peut alors se demander ce que la personne qui demande de telles choses ferait une fois au pouvoir avec tous les pouvoirs de dictature dont jouissait Ali Bongo ? Quelle sera la prochaine ethnie à être victime d’une telle interdiction ? Les Punus ? Les Ndzebis ? Les Tékés ? Les Pygmées ? A quel moment s’arrêterait une telle dérive tribaliste de quelqu’un jouissant, pendant 7 ans, des pouvoirs de dictature d’Ali Bongo? Mais il faut ensuite à ceux qui vantent déjà leur unique mandat démontrer comment ils vont accéder au pouvoir par les urnes ! On a presque l’impression que ces gens naviguent dans le hors-sujet politique et confondent le Gabon avec une démocratie ! Dans un pays révolté qui a besoin de chefs de guerre, ils nous présentent des chefs politiques avec des carnets d’adresse comme solution !!!???? Il y a là, je crois, comme un boulon qui manque dans le cervelet !

Mais il y a plus : Il faut, ensuite, aux électoralistes, nous dire l’autre vérité, celle-là même qu’ils veulent nous cacher. Autrement dit, puisque cet argument vient principalement du camp PING, imaginons un seul instant que le miracle d’une victoire PING se produise, les pinguistes ou pingouins (comme d’aucuns les appellent de nos jours) veulent nous faire croire que PING, en vrai démocrate, sera alors à même de démocratiser les institutions selon les desiderata actuels de l’opposition. Mais le citoyen prudent que je suis pose la question suivante : qu’est-ce qui empêcherait un PING assoiffé de pouvoir et ayant déjà démontré sa capacité à tricher et FRAUDER pour gagner la candidature unique au sein de l’opposition de dire, « Beh, écoutez, puisque j’ai gagné sous la constitution actuelle, cela montre que la constitution n’est pas le problème, donc laissons les choses comme elles sont… », puis de vouloir se succéder à lui-même, puis de faire comme les Bongo en positionnant par la suite un de ses propres enfants, dont certains sont déjà des petits Bongo. Nous savons comment ça se passe en politique. On promet un mandat, puis après qu’on a pris goût au pouvoir, on organise des comités de soutien « spontanés » qui vont réclamer la candidature et dire que le Gabon ne peut plus survivre sans Jean Ping et, paf ! On a un référendum à la Sassou et le début du règne de Ping-Bongo. Non. Seule la plus grosse des naïvetés laisserait les Gabonais se risquer à croire sur parole un homme ayant déjà démontré sa capacité à utiliser les méthodes d’Omar Bongo au sein de l’opposition pour s’imposer comme candidat unique. Une telle obsession pour le pouvoir est dangereuse pour le Gabon car elle met en avant les hommes forts, les hommes providentiels au lieu de mettre en avant les principes devant doter notre pays d’institutions fortes à même de bloquer les velléités de dictature et de fraude des hommes forts.

Pour ma part, ma conclusion est claire : Jean Ping se veut l’homme FORT du Gabon et, selon cette même logique, ne peut se battre pour des institutions FORTES. Un homme FORT a besoin d’institutions FAIBLES pour s’imposer. Ce type de personnes ne survit politiquement que dans des contextes où le flou et l’absence de règles prime. Dès lors, l’argument d’une hypothétique réforme par Jean Ping après le vote est un argument qu’il faut balayer. Surtout qu’Ali Bongo a déjà plus ou moins dit la même chose, mais les Gabonais savent d’avance que c’est un autre mensonge. En ce qui concerne Jean Ping, on voit qu’il a tellement voulu être candidat unique de l’opposition, il a tellement été si pressé de s’imposer candidat unique qu’il a, paradoxalement, et peut-être à dessein, brûlé tous les ponts qui auraient pu unifier l’opposition autour de lui et l’amener à ce statut pourtant si outrancièrement recherché. Son impatience, sa précipitation, son incapacité à se plier aux règles du jeu que le Front s’était fixées, son arrogance (Ping est Monsieur « j’ai l’argent, toi tu as quoi ?»), son attitude du MOI, MOI, MOI là où tout le monde voulait parler GABON D’ABORD, et enfin son mépris de ceux qu’il a déclarés comme ses ennemis jurés, à l’instar des Myboto et des Jocktane, parmi d’autres, toutes ces choses lui ont valu de diviser, incompréhensiblement, cette même opposition dont il avait pourtant besoin pour conquérir le fameux statut de candidat unique tant convoité.

Aujourd’hui, Jean Ping est tellement isolé qu’il est devenu un pétard mouillé. Ayant trop divisé autour de lui, il ne peut plus être un candidat viable. Il ne peut plus non plus être le candidat du consensus et du rassemblement vu qu’il n’a pas pu rassembler. Parti trop tôt et dans la précipitation avec la croyance de pouvoir devancer, puis détruire les autres, il s’est essoufflé au fil du temps et se fera inévitablement coiffer au poteau par ceux qui se sont montrés plus patients. Si élection il y a en 2016, il est clair que les seuls candidats qui pourront se prévaloir non seulement du consensus, mais aussi des principes pour lesquels les Gabonais se battent, ne peuvent être que Luc Bengono Nsi, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou et Alexandre Barro Chambrier, parmi d’autres. Une candidature unique de l’opposition autour de l’un de ces trois, et peut-être d’un certain nombre d’autres que je ne peux tous citer ici, a plus de chance de garantir aux Gabonais, non pas une victoire par les urnes, mais un discours à même de garder l’espoir d’un changement radical vivant pour les sept ans qui suivront le vote de 2016, s’il se tient.

Il est clair aujourd’hui que ce que les Gabonais veulent, c’est la clarté des institutions AVANT le vote. Ils savent que c’est là la seule garantie de transparence, mais aussi de victoire, dont dispose l’opposition. Voilà pourquoi, de tous les anciens pédégistes de poids, seuls, entre autres, Zacharie Myboto et Barro Chambrier sont crédibles puisque, eux au moins, ne sont pas aussi obsédés par le pouvoir, les élections et la candidature unique. Il savent qu’être candidat dans une élection perdue d’avance est une hérésie et posent, au moins pour le moment, le préalable de réformes AVANT le vote. Même si, à la fin, ils se lancent dans le processus électoral parce qu’obligés par leurs partis ou leurs bases, il y aura au moins eu, de leur part, un minimum de préoccupation pour les principes qui auraient garanti aux Gabonais une élection crédible. Ils auront, certes, échoué, mais ce ne sera pas faute d’avoir essayé. A ce titre, ils méritent mon respect et le respect des Gabonais car ils demandent la même chose que la majorité des Gabonais demandent : un contexte et des garanties de transparence avant l’élection.

L’axe DTE, du coup, se présente non seulement comme le plus pragmatique, mais aussi le plus obligatoire pour tous ceux qui aspirent au changement immédiat. Faisant sienne la vérité selon laquelle l’opposition ne peut gagner par les urnes, le partisan de cette démarche sait que la seule manière pour un opposant d’accéder au pouvoir au Gabon aujourd’hui passe, inviolablement, par le blocage de toute possibilité de candidature d’Ali Bongo, donc sa destitution en bonne et due forme ou, à tout le moins, une disqualification le privant du droit de se présenter à sa propre succession. Cette approche ne dit pas de boycotter car le boycott serait une autre manière de laisser simplement le pouvoir à Ali Bongo. Ce que cette approche dit est qu’il faut tout bloquer et empêcher, par le pouvoir démocratique de la rue, la tenue de l’élection d’août 2016, ce qui suppose une transition politique sans Ali Bongo.

L’axe DTE, dès lors, tient mordicus à trois idées inséparables qui se doivent, aujourd’hui, de devenir la charpente idéologique de tout projet d’UNION SACRÉE de l’opposition au Gabon :

– l’élection de 2016 ne peut se tenir avec Ali Bongo toujours au pouvoir ;

– l’élection de 2016 ne peut se tenir avec Ali Bongo comme candidat ;

– l’élection de 2016 ne peut se tenir sans une réforme préalable des institutions qui fût conforme aux idéaux de démocratie des Gabonais, dont le retour au principe des élections à deux tours, le retour au mandat de 5 ans, la limitation des mandats à deux maximum, la réforme de la Cour constitutionnelle et de la CENAP pour en faire des organes indépendants, la réforme, modernisation et crédibilisation du fichier électoral et de tout le système électoral, la réduction des pouvoirs du président de la République, etc.

A la question, donc, de savoir pourquoi est-ce le nom de Jean PING qui revient souvent quand on critique les électoralistes au Gabon, la réponse est simple : Jean Ping est le plus forcené des électoralistes, c’est-à-dire l’homme le plus obsédé par l’impératif électoraliste, le plus obsédé par le pouvoir, celui qui est prêt à tout : tricher, frauder, manipuler, corrompre et demain, emprisonner ou même tuer, pour accéder au pouvoir ou s’y maintenir. A ce titre, il n’y a aucune différence entre lui et Omar Bongo, et aucune différence entre lui et Ali Bongo. Ils viennent du même moule, du même sérail et, donc, ne peuvent que fonctionner de la même manière. Il y a certes, d’autres candidats déclarés au Gabon, mais être candidat ne fait pas forcément de quelqu’un un électoraliste au même sens que Jean Ping et ses partisans. L’électoraliste est, primordialement, quelqu’un qui, contre toute logique, croit en la possibilité d’une alternance au Gabon par les urnes, allant même jusqu’à croire qu’il peut gagner. L’électoraliste est donc prêt à prendre le risque d’accompagner Ali Bongo à la victoire puisque, quelque part, il pense que le système politique gabonais est suffisamment libre et suffisamment démocratique pour lui assurer une victoire par les urnes, ce qui suppose qu’il est aussi prêt à accepter le résultat des urnes. L’électoraliste est donc, essentiellement, un MYTHOMANE qui croit en une solution par les urnes là où on lui a dit que c’est impossible de gagner par les urnes. C’est quelqu’un qui se concocte des films mégalomaniaques en tous genres dans son esprit et finit par croire en sa capacité à gagner par les urnes. Or, la mythomanie est une maladie mentale. Ping est le seul candidat déclaré au Gabon à croire mordicus à sa victoire par les urnes, ce qui le distingue fortement des autres candidats. Les autres candidats déclarés sont juste dans le « on va encore faire comment », mais ne croient pas réellement en leur capacité de gagner par les urnes. Ils le font plus par effet d’entraînement (parce que tout le monde le fait), pour se donner une tribune politique ou se positionner pour le partage du gâteau dans le cadre d’un éventuel gouvernement d’union nationale, mais la majorité de ces candidats « on va encore faire comment » n’exclut pas de se lancer dans la voie DTE si cette dernière venait à s’affirmer. Ces candidats « on-va-encore-faire-comment » continuent ainsi à rechercher, ENSEMBLE, la manière de court-circuiter Ali Bongo avant l’élection, donnant ainsi une chance, aussi infime soit-elle, au combat pour la DTE.

Chez Ping, par contre, il existe une obsession tellement forte pour le pouvoir que son cerveau n’arrive pas à absorber les vérités les plus élémentaires qui lui disent, d’une part, qu’il ne peut pas gagner par les urnes et, d’autre part, que son argument de « concomitance » est une hérésie politique. Techniquement, si on dit à quelqu’un que le chemin qu’il est en train d’emprunter mène inéluctablement à un gouffre et la personne s’entête quand-même à y aller, il n’y a que deux conclusions possibles : soit la personne est folle, soit elle veut se suicider. Et le suicide, dans ce cas, serait l’équivalent de travailler pour donner une victoire cash à Ali Bongo. Puisque j’ai des raisons de croire que Ping n’est pas fou, je laisse le soin de la conclusion aux Gabonais eux-mêmes.

Et pourquoi puis-je me permettre de parler de PING ainsi ? Simplement parce que toute la campagne de PING dans le Woleu-Ntem et ailleurs fut basée sur le dénigrement des autres opposants qui restaient à Libreville pendant que lui, soi-disant, travaillait et mobilisait des foules dans tout le pays, lui le seul, le vrai, l’unique opposant capable de mobiliser les foules. Cette méthodologie insultante, qui a fait du dénigrement des autres et des injures son objet de promotion personnelle, l’a éloigné des principes pour lesquels le reste de l’opposition continue à se battre. J’en veux pour preuve le fait que le candidat à la candidature unique de l’opposition se soit même permis, dans une vidéo disponible sur Internet, de traiter le Révérend Mike Jocktane de lunatique qui penserait que c’est Dieu qui lui a dit de se présenter parce qu’il serait le candidat choisi par Dieu. Cette manière de manquer de respect aux autres, de prendre les autres pour des fous parce qu’ils auraient osé se présenter en rivaux de PING qui aurait ainsi, SEUL, le droit d’être candidat, est dégoûtante. Cette manière, au final, obligerait ceux qui, comme moi, se battent pour les principes, à classer Jean Ping parmi les ennemis du Peuple gabonais au même titre qu’Ali Bongo. Jean Ping, comme Ali Bongo, se bat pour lui-même et pas pour le peuple gabonais. Lui-même l’a d’ailleurs dit au moment de sa sortie du PDG : il est devenu opposant parce qu’Ali Bongo ne donnait pas de contrat à sa firme de consulting. Conclusion : Si Ali Bongo lui avait donné les contrats, il ne serait pas opposant. Il est donc logique que sa campagne n’offre aux Gabonais aucune vision du Gabon de demain qu’il envisage. Et aucune explication sur comment il compte gagner une élection perdue d’avance dans un système formaté pour maintenir les Bongo au pouvoir.

Les « pingouins » diront que c’est de bonne guerre en démocratie que Ping se vende aux Gabonais au détriment de ses adversaires potentiels, même au sein de l’opposition. Je dirais à ces compatriotes qu’ils ont, quelque part, raison car je pense, moi aussi, que l’opposition n’est pas un parti unique et les candidats doivent pouvoir faire leur promotion en dénigrant les défauts des autres. Mais qu’ils arrêtent alors de geindre, de s’offusquer, puis de pleurnicher à chaque fois que quelqu’un s’attaquera à Ping. L’opposition n’étant pas un parti unique, Ping et ses partisans ne peuvent pas passer tout leur temps à dénigrer les autres et, de l’autre côté, s’offusquer qu’on dénigre Ping. La démocratie n’est pas un droit de parole à sens unique. Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse, nous dit la justice divine. Le camp Ping est donc un camp de contradictions, mais aussi un camp politiquement suicidaire et incompétent. Pis : c’est aussi un camp dangereux car semant l’obscurantisme et les fantasmes qui garantissent le maintien au pouvoir d’Ali Bongo. Au passage, entre le désir de détruire l’Union Nationale et les Myboto, puis de faire du Front Uni de l’Opposition sa serpillère, Jean Ping a fait reculer l’unité de l’opposition de dix ans : cette opposition est aujourd’hui plus divisée que jamais, tout cela à cause de la soif de pouvoir d’un homme qui n’a jamais voulu jouer le jeu de la démocratie avec les autres et qui, par caprice, ne sait travailler avec les autres que si c’est lui qu’on doit adouber leader unique de l’opposition (buts inavoués du Congrès de Paris et de la mise en place du Front). C’est, au final, un homme qui sait que dans un jeu véritablement démocratique, transparent et ouvert, il n’aurait jamais gagné la candidature unique de l’opposition au sein du Front vu qu’il n’a ni message ni vision ni capacité de rassembler sans corrompre. Le carnet d’adresse et l’argent ne constituent pas un message, encore moins une vision.

Pourtant :

Personne n’empêche Jean Ping d’être candidat et la voie de la DTE ne le priverait pas de ce droit. Tout ce qui lui est reproché est son obsession à aller sans conditions aux élections, obsession qui disperse l’énergie des Gabonais et, donc, compromet les chances d’amener toute la nation à agir sur le levier DTE, le seul à même de donner à tout le monde, y compris à Ping lui-même, les meilleures garanties de victoire électorale.

L’équation, à ce niveau, est, elle aussi, très simple parce que mathématique. Clarifions-la :

– Sans passer par la DTE, les 10 candidats (ou plus) de l’opposition qui se présenteront n’ont aucune chance de l’empoter si Ali Bongo est candidat. Dès lors, une certitude mathématique se profile automatiquement : aucun de ces dix candidats (ou plus) de l’opposition ne sera président du Gabon en 2016. Dans cette configuration des choses, avec ou sans candidat unique, l’opposition perd et sa participation, comme au Congo-Brazzaville et au Togo, ne sert alors que de validation de la réélection du dictateur.

– En passant par la procédure DTE, donc, l’élimination politique d’Ali Bongo de toute prétention à la candidature, chacun des dix candidats (ou plus) de l’opposition se retrouve avec une chance de gagner. Dès lors, une certitude mathématique se dégage automatiquement : le prochain président du Gabon sera, OBLIGATOIREMENT, l’un des dix candidats (ou plus) de l’opposition, que ce dernier soit Jean Ping, Maganga Moussavou, Moussavou King, Mike Jocktane, Dieudonné Minlama, Barro Chambrier ou tout autre. Nous savons au moins, dans ce cas, que ce sera le peuple qui l’aura choisi puisque la formule DTE aura permis de mettre à plat et, donc, de démocratiser les institutions AVANT le vote. Le président ainsi choisi serait non seulement le président du consensus national, mais aussi un président légitime.

Le choix à faire est donc simple : on ne peut pas être DTE et électoraliste en même temps. L’électoralisme est une mythomanie et la DTE un pragmatisme. Et comme la mathématique politique, pour ne pas dire la science politique, indique que seule la voie DTE garantit l’accès au pouvoir d’un opposant au Gabon, il incombe à tous ceux qui veulent la GARANTIE d’un changement immédiat de se concentrer sur CETTE SEULE VOIE qui repose sur un principe simple : réformes d’abord, élections ensuite. Nous saluons au passage les efforts faits dans ce sens par des patriotes aux idées claires comme notre aîné à tous Luc Bengono Nsi, mais aussi notre frère Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, sans oublier tous ceux qui, candidats ou non candidats, dans l’opposition comme au sein même du régime, à l’instar de Barro Chambrier, continuent à amplifier le besoin d’une remise à plat de TOUT avant toute nouvelle élection au Gabon.

Et qu’on ne nous dise pas que c’est impossible. Si tout le monde s’y met et adopte les mêmes discours, les mêmes slogans visant à l’élimination d’Ali Bongo de la course, il n’y a aucun doute sur le résultat. La voie DTE ne raterait que si l’on continue intentionnellement à écarteler le peuple entre les appels à la destitution et les appels à participer aux élections.

A cinq mois des élections, il y a pleinement le temps de mettre en place une union sacrée de l’opposition basée, non pas sur les principes électoralistes qui mettent l’accent sur les hommes providentiels, avec le lot de divisions et de tiraillements récurrents que ce type d’unités artificielles basées sur les hommes providentiels suppose, mais sur les principes DTE qui garantissent la victoire à l’opposition car donnant à chacun des candidats de l’opposition des chances égales de se présenter, puis de gagner, conformément à la volonté du peuple. Et ceci veut dire jeter à la poubelle le calendrier électoral d’Ali Bongo puisque le but DTE est de mettre en place une transition avant les élections. Ce ne serait donc pas en août que l’élection se tiendrait si une transition est mise en place.

Soyons donc clairs et, surtout, croyons-y : Il a fallu aux Burkinabés deux semaines pour démonter Blaise Compaoré sur des questions de réformes constitutionnelles. Les cinq mois qui nous séparent du mois d’août sont, dans ce contexte, une éternité.

Autrement dit, il n’y a qu’une union sacrée de l’opposition basée sur les principes DTE qui assurera que, à la première seconde du 1er septembre 2016, il n’y ait plus la possibilité d’un Président faussaire au Gabon, et surtout pas un président auto-proclamé qui portât le nom d’Ali Bongo Ondimba.

Dr. Daniel Mengara
Porte Parole, 3e Voie/DTE
Président, Bongo Doit Partir-Modwoam

P.O. Box 321 TCB
West Orange, New Jersey 07052, USA

Tél. : 973-447-9763

https://www.latroisiemevoie.org
https://www.bdpmodwoam.org

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