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Au Bénin, le gouvernement du nouveau président Patrice Talon déçoit déjà

Patrice Talon, le nouveau président du Bénin, lors de son investiture, le 6 avril à Porto-Novo.
Certains parlent déjà d’un « gouvernement de remerciement » ou encore d’une « rupture dans la continuité ». Annoncée quelques heures après l’investiture de Patrice Talon à la présidence du Bénin, mercredi 6 avril, dans la capitale politique Porto Novo, la composition de l’équipe ministérielle du chef de l’Etat élu le 20 mars suscite déjà la controverse. L’entourage de Patrice Talon avait annoncé « un gouvernement de combat » resserré à 15 membres. Il en comprend 21 quand le gouvernement du désormais ex-président Thomas Boni Yayi était composé de 28 ministres.

Comme pressenti, Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki, arrivés quatrième et cinquième lors du premier tour de l’élection présidentielle, occupent respectivement les postes de ministre d’Etat chargé du plan et du développement et de ministre d’Etat secrétaire général de la présidence. Seulement, comme le mentionne le quotidien La Nouvelle Tribune, pourtant réputé proche du nouveau président, ce gouvernement donne une impression de « déjà-vu », avec cinq ministres ayant servi Thomas Boni Yayi lors de ses deux mandats entre 2011 et 2016 et deux autres Mathieu Kérékou lors de sa présidence entre 1996 et 2006. « Avoir 33 % de personnalités de l’ancien système dans ce gouvernement n’est pas de nature à rassurer ceux qui se sont engagés avec force pour donner un nouveau visage à la politique béninoise », déplore La Nouvelle Tribune.

Cafouillages

Un observateur averti du paysage politique s’interroge sur la compétence de certains promus. Selon lui, ce gouvernement s’est limité à contenter les écuries des principaux candidats qui ont soutenu Patrice Talon lors de son duel face à Lionel Zinsou, son adversaire malheureux du second tour. La nouvelle équipe met aussi en avant nombre de proches du nouveau président comme son ami et avocat Joseph Djogbènou, qui occupe le portefeuille de la justice, son bras droit Candide Azanaï promu à la défense, un soutien de la première heure, Sacca Lafia, nommé à l’intérieur, ou encore son jeune poulain Oswald Homeky propulsé au ministère des sports.

Tous étaient présents jeudi matin au stade Charles-de-Gaulle de Porto Novo pour la cérémonie d’investiture de Patrice Talon, élu avec 65 % des suffrages. Une cérémonie aux allures de kermesse à laquelle ont pris part plusieurs milliers de Béninois. Patrice Talon, accompagné de son épouse Claudine Gbènagnon, fait son entrée dans le stade à bord de sa Jaguar personnelle. Ola sur les gradins, d’où fusent des « président Talon ! », et applaudissements nourris dans les tribunes officielles où sont installés les corps constitués, le premier ministre sortant Lionel Zinsou et des membres du corps diplomatique. Mais aucun chef d’Etat étranger. « Nous voulions une cérémonie sobre », justifie un proche du nouveau président du Bénin.

Accolade entre le président Patrice Talon et son épouse Claudine Gbènagon, après la prestation de serment du nouveau chef de l’Etat, le 6 avril 2016, à Porto-Novo, Bénin.
Lentement, Patrice Talon se dirige vers l’estrade, salue la foule. De temps à autre, les services du protocole d’Etat lui viennent en aide pour rattraper ses gestes parfois hésitants. « Etre président ne s’apprend nulle part. C’est une fonction que l’on découvre une fois qu’on y accède. Il va s’y habituer », affirme un observateur de la vie politique pour excuser ces cafouillages.

Réconciliation ?

Le nouveau président réussit à prêter serment d’une voix claire avant de rappeler les priorités de son mandat dans un discours d’une dizaine de minutes : réforme institutionnelle, renforcement des institutions de contre-pouvoir et aussi réorganisation du système partisan. « Je m’engage pour un nouveau départ, j’y crois fermement (…), la tâche paraît immense ! Ce n’est pas impossible si les actions à entreprendre s’appuient sur une vision claire ainsi que sur les compétences et les atouts dont nous disposons », a-t-il affirmé dans son allocution.

A l’extérieur du stade, ceux qui n’ont pas pu se faufiler les dernières minutes se délectent de discussions passionnées à la fin de la cérémonie. « Qu’il fasse bien ! Et qu’il mette son expérience d’opérateur économique au service de la nation. Nous sommes derrière lui », s’enthousiasme un zémidjan, conducteur de moto-taxi.

Un peu plus tôt dans la matinée, une passation de pouvoir s’était déroulée à la présidence entre Thomas Boni Yayi, le président sortant, et Patrice Talon. Une image qui a surpris au vu des relations tumultueuses que les deux hommes ont entretenues ces quatre dernières années. Mais difficile pour autant de dire s’il agit d’une véritable réconciliation et d’un nouveau départ.

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